CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH. L’AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922)

LM pour NNK/ 2018 04 02/

Avec LLB – Site Musée Beaubourg/

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Cette exposition explore un chapitre souvent méconnu – mais que j’ai déjà abordé – de l’histoire de l’avant-garde russe : la rencontre de Marc Chagall avec les protagonistes de l’art abstrait El Lissitzky et Kazimir Malévitch, autour du projet d’une École populaire d’art fondée par Chagall dans sa ville natale, Vitebsk. Chacun des trois artistes élabore à sa façon, aux côtés des étudiants, un art nouveau – un art révolutionnaire.

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* EXPOSITION

CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH

L’AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) Centre Pompidou, Paris

L’année 2018 marque le centième anniversaire de la nomination de Marc Chagall au poste de commissaire des beaux-arts de la ville de Vitebsk, située aujourd’hui en Biélorussie. Cet événement, suivi de peu par l’ouverture de l’École populaire d’art sous l’impulsion de l’artiste, ouvre une période fébrile des activités artistiques en ce lieu. Parmi les artistes invités par Chagall à enseigner dans son établissement figurent des protagonistes majeurs de l’avant-garde russe, tels El Lissitzky et Kasimir Malévitch, fondateur du SUPRÉMATISME.

Si l’exposition que consacre le Centre Pompidou à cette avant-garde russe, de 1918 à 1922, prend pour cœur l’œuvre de ces trois figures emblématiques, elle présente aussi les travaux d’enseignants et d’étudiants de l’école de Vitebsk : Vera Ermolaeva, Nicolaï Souietine, Ilia Tchachnik, ou encore Lazar Khidekel et David Yakerson. À travers un ensemble inédit de deux cent cinquante œuvres et documents, cette manifestation éclaire pour la première fois les années post-révolutionnaires où, loin des métropoles russes, l’histoire de l’art s’écrit à Vitebsk.

Ce chapitre méconnu commence avec Marc Chagall. Peintre vivant à Petrograd, cet ancien résident de la Ruche est témoin de la révolution bolchevique qui bouleverse la Russie au cours de l’année 1917 …

VOIR AUSSI

* Luc MICHEL sur NNK /

UN NOUVEAU FILM AU CŒUR DES AVANT-GARDES RUSSO-SOVIETIQUES : ‘CHAGALL – MALEVITCH’

sur http://www.lucmichel.net/2014/04/04/nnk-un-nouveau-film-au-coeur-des-avant-gardes-russo-sovietiques-chagall-malevitch/

* Luc MICHEL sur NNK /

CHAGALL, LA RUSSIE, LES AVANT-GARDES ET LA REVOLUTION D’OCTOBRE

http://www.facebook.com/notes/nnk-neue-nationaleuropaische-kultur/-nnk-chagall-la-russie-les-avant-gardes-et-la-revolution-doctobre/428725497166696

# REVUE DE PRESSE :

* « LE CENTRE POMPIDOU RACONTE UN GRAND MOMENT DE RÉVOLUTION POLITIQUE ET ARTISTIQUE » (LA LIBRE BELGIQUE)

Extrait :

« C’est un moment exemplaire de l’histoire de l’art. Quand brusquement le ciel se dégage et que les utopies semblent réalisables. Un moment méconnu qui a directement suivi la révolution russe de 1917. C’est une histoire qui reste d’une belle actualité que raconte le Centre Pompidou avec plus de 250 oeuvres et documents dont de magnifiques Chagall, Malévitch et Lissitsky.

1918: les Bolcheviks étaient alors juste au pouvoir et s’employaient dorénavant à transformer en profondeur la société russe. Leur projet émancipateur passait par l’Education et la Culture. Anatoli Lounatcharski, le premier commissaire du peuple à l’instruction publique (de 1917 à 1929), était très ouvert aux artistes de gauche

(…) Il fut séduit par le projet de Marc Chagall (1887-1985) qui voulait créer une première école populaire d’art, gratuite, ouverte à tous, sans restriction d’âge, et de le faire à Vitebsk, sa ville natale. Vitebsk, située dans l’actuelle Biélorussie, était très juive.

Comme Chagall, de nombreux artistes juifs avaient subi l’antisémitisme de l’Empire russe et étaient enfin, grâce à la révolution, reconnus comme citoyens à part entière.

* « L’AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK 1918-1922 » (ANGELA LAMPE IN CODE COULEUR, N°30)

Extrait :

« Le vote d’une loi abrogeant toute discrimination nationale et religieuse lui confère pour la première fois, à lui l’artiste juif, un statut de citoyen russe à part entière. Chagall connaît alors une ivresse créative. Une série de chefs-d’œuvre monumentaux voit le jour.

Chacun de ces grands tableaux semble un hymne au bonheur du couple, comme Double Portrait au verre de vin et Au-dessus de la ville montrant les deux amoureux, Chagall et sa femme Bella, s’envolant vers les nuées, libres comme l’air. Tout respire l’euphorie du moment. Au fil des mois cependant, Chagall se sent dans l’obligation de venir en aide aux jeunes Vitebskois en mal d’un enseignement artistique, de soutenir ceux qui, comme lui, sont d’extraction modeste et d’origine juive. Lui vient alors l’idée de créer dans sa ville une école d’art révolutionnaire, ouverte à tous, sans restriction d’âge et gratuite.

Ce projet, qui inclut aussi la création d’un musée, incarne parfaitement les valeurs bolcheviques ; il est validé en août 1918 par Anatoli Lounatcharski, chef du commissariat du peuple à l’instruction publique. Un mois plus tard, il nomme Chagall commissaire aux beaux-arts, avec pour première mission d’organiser les festivités du premier anniversaire de la révolution d’Octobre. Chagall invite tous les peintres de Vitebsk à fabriquer des panneaux et des drapeaux à partir de dessins préparatoires, dont un certain nombre ont survécu, notamment ceux de Chagall lui-même et ceux du jeune David Yakerson.

Dans son autobiographie, Chagall écrira plus tard : « Par toute la ville, se balançaient mes bêtes multicolores, gonflées de révolution.

Les ouvriers s’avançaient en chantant l’Internationale. À les voir sourire, j’étais certain qu’ils me comprenaient. Les chefs, les communistes, semblaient moins satisfaits. Pourquoi la vache est-elle verte et pourquoi le cheval s’envole-t-il dans le ciel, pourquoi? Quel rapport avec Marx et Lénine ? » Après les célébrations, le commissaire met toute son énergie dans le développement de son école, qu’il veut ouverte à tous les styles et avec un enseignement de haut niveau. Il invite des artistes connus, vivant dans les métropoles russes, tels Ivan Puni et Mstislav Dobuzhinsky, pilier du groupe traditionnel Le Monde de l’art. Le 28 janvier 1919 a lieu l’inauguration officielle de l’école. Chagall, admiré par ses élèves, doit se démener pour assurer le bon fonctionnement de son établissement. Tandis que les premiers professeurs quittent déjà l’école, d’autres font leur arrivée comme Vera Ermolaeva, future directrice, et surtout El Lissitzky qui prend en charge les ateliers d’imprimerie, de graphisme et d’architecture.

Il insiste auprès de son ami Chagall pour inviter le chef de file des mouvements abstraits : Kasimir Malévitch. Très vite après sa venue en novembre 1919, le charisme de ce théoricien hors norme galvanise les jeunes élèves. En peu de temps, ils forment ensemble avec des professeurs adeptes du courant novateur un groupe baptisé Ounovis (les affirmateurs du nouveau en art). Un de leurs mots d’ordre est : « Vive le parti Ounovis, qui affirme les nouvelles formes de l’utilitarisme du suprématisme ». Ce collectif conçoit alors affiches, magazines, banderoles, enseignes et cartes d’alimentation ; le suprématisme infuse dans toutes les sphères de la vie sociale. Ses membres mettent en forme les fêtes et les œuvres scéniques, décorent les tramways, ornent les façades, construisent les tribunes des orateurs. Carrés, cercles et rectangles colorés envahissent les murs et les rues de la cité. L’abstraction suprématiste devient le nouveau paradigme esthétique non seulement à l’école, mais du monde en général.

Lissitzky, de par sa formation d’architecte, y joue un rôle clé. Avec son ensemble extraordinaire des Prouns (projets d’affirmation du nouveau en art), il est le premier qui, dans ses toiles et dessins, étale le volume architectural au plan pictural des suprématistes, le considérant comme « les stations de liaison entre la peinture et l’architecture ».

Durant ses années à Vitebsk, Malévitch, quant à lui, se consacre moins à la réalisation des peintures – une exception étant son magistral Suprématisme de l’esprit – qu’à la rédaction de ses principaux écrits théoriques et à son enseignement. Méthodique et stimulant, celui-ci séduit toujours plus d’étudiants, de sorte que Chagall s’en trouve de plus en plus isolé. Son rêve de faire coexister dans son école un art révolutionnaire indépendamment du style, principe fusionnel qui l’a guidé autant dans la constitution de la collection de son musée que dans l’organisation de la première exposition publique en décembre 1919, où les toiles de Vassily Kandinsky et Mikhaïl Larionov côtoient les œuvres abstraites d’Olga Rozanova, se brise au cours du printemps 1920. Ses classes se vidant peu à peu de leurs étudiants, Chagall décide en juin de quitter Vitebsk pour s’installer à Moscou. Il gardera rancœur à Malévitch qu’il accuse d’avoir intrigué contre lui.

Les œuvres qu’il réalise alors tel son Paysage cubiste se lisent comme un règlement de comptes avec les suprématistes sur un mode moqueur, voire ironique : au centre d’une composition cubo-futuriste, sous un parapluie vert, un tout petit personnage (Chagall lui-même ?), ultime survivant de son humanisme poétique, marche devant le bâtiment blanc de l’école.

Après le départ de Chagall, Malévitch et le collectif Ounovis, seuls maîtres à bord, travaillent à « l’édification d’un monde nouveau ».

Des expositions collectives sont organisées, à Vitebsk et dans les métropoles russes ; des comités locaux sont instaurés à travers le pays, comme le groupe Ounovis à Smolensk autour de Vladislav Strzeminski, et Katarzyna Kobro, à Orenburg avec Ivan Koudriachov, et à Moscou où Gustav Klutsis et Sergei Senkin sont rejoints par Lissitzky qui rallie à l’hiver 1920 le nouveau mouvement constructiviste. Avec la fin de la guerre civile vers 1921/1922, le climat politique change : les autorités soviétiques, cherchant à instaurer l’ordre qui leur est nécessaire dans la sphère idéologique et sociale, amorcent une éviction des courants artistiques qui ne servent pas directement les intérêts du parti bolchevique. En mai 1922, la première et dernière promotion sort de l’école populaire d’art de Vitebsk. Durant l’été, avec plusieurs de ses étudiants, Malévitch part à Petrograd pour y poursuivre ses réflexions sur un suprématisme volumétrique en élaborant les maquettes d’une architecture utopiste, intitulées Architectones ainsi que des ustensiles en porcelaine. L’école populaire d’art de Chagall s’est mue en un laboratoire révolutionnaire pour repenser le monde. »

(Angela Lampe, in Code Couleur, n°30, janvier-avril 2018, pp. 20-25)

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LE NOUVEAU LIVRE-ENQUETE CHOC SUR L’EMPIRE BOLLORE : ‘VINCENT TOUT-PUISSANT’

# EODE-BOOKS /

 

Le livre-choc dont Luc MICHEL vient de parler dans LE DEBAT PANAFRICAIN sur AFRIQUE MEDIA TV …

EODE-BOOKS - Vincent tt-puissant (2018 04 01) FR

EODE-BOOKS – lire – s’informer – se former

Un service du Département EDUCATION & RESEARCH

de l’Ong EODE

# ‘VINCENT TOUT-PUISSANT’.

L’ENQUETE QUE BOLLORE A VOULU EMPECHER …

Auteurs : Nicolas Vescovacci, Jean-Pierre Canet

Editeur : JC Lattès (2018)

Quand un huissier s’est présenté à sa porte, Nicolas Vescovacci a d’abord cru à une erreur. Puis il a compris : Vincent Bolloré lui réclamait 700 000 euros pour avoir simplement cherché à obtenir une interview avec l’homme d’affaires ou ses proches. Cette “anecdote” dit tout : l’art de l’intimidation du tycoon, son goût de la transgression, sa puissance de feu financière, la démesure de son monde mais aussi sa hantise d’être l’objet d’une enquête.

Il était, dès lors, impossible de renoncer. Ce livre est le fruit de deux années d’enquête sur les réseaux et les méthodes d’un des hommes les plus puissants de France.

LES AUTEURS :

Nicolas Vescovacci et Jean-Pierre Canet sont journalistes d’investigation (enquête sur le Crédit Mutuel, Cash Investigation, Envoyé spécial. Ils sont membres fondateurs du ‘collectif Informer n’est pas un délit’.

# REVUE DE PRESSE :

LA CRITIQUE DE TELERAMA (PARIS)

AVEC DES « BONNES PAGES » DU LIVRE :

Renvois d’ascenseur, censure, intimidation, invitations royales… Le livre-enquête signé des journalistes d’investigation Jean-Pierre Canet et Nicolas Vescovacci révèle certaines tactiques et pratiques de “Vincent tout-puissant”… Extraits, en exclusivité pour “Télérama”.

En 2015, Jean-Pierre Canet et Nicolas Vescovacci travaillaient pour Canal+. Leur documentaire sur le Crédit mutuel-CIC avait été déprogrammé par Vincent Bolloré, à la demande du pdg de la banque – et il avait finalement été diffusé sur France 3. Les deux journalistes d’investigation racontent leur mésaventure dans Vincent tout-puissant, un livre-enquête sur l’homme d’affaires breton, dont nous vous proposons de lire quelques extraits choisis ci-dessous (les titres des paragraphes ont été écrits pas nos soins).

* Les vraies raisons de la censure :

« Pendant l’été 2015, Vincent Bolloré a besoin des 3 % de Canal+ détenus par le Crédit Mutuel-CIC qui lui-même gère pour partie l’opération de rachat des actions de la chaîne (par Vivendi…)… Autrement dit, Vincent Bolloré a comme qui dirait “besoin” de Michel Lucas, le patron incontesté de la banque mutualiste pour réussir son opération […] A ce jour, cette opération de rachat des actions de la Société d’édition de Canal+ (SECP) nous semble l’explication la plus plausible à la censure de notre film. Il s’agirait donc d’un simple “renvoi d’ascenseur à son ami Michel Lucas”, comme il l’aurait expliqué à Rodolphe Belmer, l’ex-numéro 2 de Canal+. »

* Diffusion du documentaire sur le Crédit Mutuel-CIC sur France 3 en octobre 2015 : l’étrange échange entre le patron de la banque et Delphine Ernotte, pdg de France Télévisions

« La censure, […] cela peut être aussi simple qu’un coup de fil. […] Quelques jours avant l’émission, Delphine Ernotte décroche son téléphone pour prévenir Michel Lucas, le grand patron du Crédit Mutuel-CIC. La patronne de France Télévisions se souvient de la voix “d’un vieux monsieur embarrassé” qui “osa se mettre personnellement en danger” pour faire retirer notre film de l’antenne en menaçant d’arrêter les contrats publicitaires de sa banque avec les chaînes du groupe France Télévisions. Delphine Ernotte ne cède pas à ces ultimes pressions. »

* Des Guignols à la sauce Bolloré :

« Les “nouveaux” Guignols en préparation auraient reçu quelque temps après une “commande” de l’actionnaire en personne. Vincent Bolloré aurait demandé à ce qu’un sketch, mettant en scène son arrivée tonitruante à Canal+, soit filmé. Le sketch, nous confirme une source, “a effectivement été tourné”. Voici quelques bribes du scénario proposé par… Vincent Bolloré lui-même. Le patron breton aurait été présenté en Clint Eastwood, un cow-boy revêche et rapide comme l’éclair. A Canal+ toute la direction est en train de faire la fête, champagne et cotillons à gogo, “Vincent Clint Eastwood Bolloré”, en redresseur de torts, débarque alors sans prévenir, défouraille dans tous les coins et remet toute la maison au pas. Lee Van Cleef plutôt que Clint Eastwood, la Brute plutôt que le Bon. […] Ce sketch narcissique scénarisant la brutale reprise en main de Canal+ n’a évidemment jamais été diffusé sur les antennes du groupe. »

* Le CSA aux abonnés absents :

« A la fin de la réunion [avec le collectif Informer n’est pas un délit et Reporters sans frontières, ndlr], l’une des rares sages de l’institution à avoir une expérience de journaliste de terrain lâche à la délégation : “Tirez le signal d’alarme ailleurs, ici, malheureusement, il ne se passera rien.” Et, de fait, le CSA ne lèvera pas le petit doigt contre les censures ordonnées par Vincent Bolloré. »

* La “philosophie” de Serge Nedjar, le nouveau boss d’i-Télé :

« Règle numéro un : ne jamais déplaire à Vincent Bolloré.

Règle numéro deux : ne jamais nuire aux clients et partenaires de Vincent Bolloré.

Règle numéro trois : assurer si possible la promotion des produits et services “maison” ainsi que ceux desdits clients et partenaires.

Surnommé le général Tapioca par ses équipes, Serge Nedjar aurait appliqué avec zèle les consignes de son maître.  »

* Les salariés d’i-Télé défendus par… le fils du président de la République :

« Pendant quatre-vingt-dix minutes, Thomas Hollande [avocat, il est spécialisé dans le droit du travail, ndlr] remonte le moral d’une rédaction à la dérive. “La direction aurait dû mettre en place un plan de sauvegarde de l’emploi, explique-t-il à des journalistes médusés. Sinon, les 52 ruptures sont nulles et vous pourrez demander leur réintégration.” […] A la manière d’un leader syndical, il suggère à ses interlocuteurs un moyen de pression : “Dans une négociation, l’arme des salariés, cela ne peut être que la grève. Vous pouvez voter la grève tout de suite. […] Peu d’entreprises ont un tel pouvoir de nuisance, vous ne vous rendez pas compte !” »

* Coup de fil au député qui porte la loi sur… l’indépendance des médias :

Un samedi matin, Patrick Bloche entend sonner son téléphone. “Bonjour, c’est Vincent Bolloré.” Le patron de Vivendi se recommande de Bernard Poignant, le conseiller de François Hollande [ex-maire de Quimper, c’est un ami de trente-cinq ans du milliardaire breton, ndlr]. “Ce qui m’a frappé, c’est le mépris que j’ai senti dans ses propos, nous confie Patrick Bloche. Il a été tellement obséquieux, répétant cent mille fois qu’évidemment il ne voulait en rien m’influencer et qu’il était éminemment respectueux de la représentation nationale et du suffrage universel que j’ai eu le sentiment d’un mépris social. Il ne m’a rien demandé sinon pour me dire sa disponibilité dans la discussion. Il a pensé m’impressionner. […] C’était une manière de me dire : fais gaffe ! »

* Loi Florange : quand Bolloré soutient Montebourg :

« “Vous savez que je suis un défenseur de cette loi, c’est formidable !” aurait alors tonné le patron breton [lors d’un déjeuner à l’Elysée avec Jean-Pierre Jouyet, alors secrétaire général de la présidence, ndlr]. Cette loi recèle effectivement une disposition qui a tout pour plaire à Vincent Bolloré […]. Elle octroie un double droit de vote pour chaque action détenue depuis plus de deux ans par un investisseur. »

* Echange surréaliste avec un responsable de Spécial investigation :

« Costume clair, teint hâlé, détendu, Vincent Bolloré remonte une travée et se fige devant un tableau noir, sur lequel figure la liste des enquêtes diffusées et celles qui le seront bientôt. “Bolloré a bloqué son regard sur deux films, se souvient Jean-Baptiste Rivoire [alors rédacteur en chef adjoint de Special iinvestigation, ndlr]. Le premier portait sur la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan, et l’autre sur Dominique Strauss-Kahn, DSK. Il a bredouillé les deux noms […] en faisant une moue, et là je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai dit : “Vous voulez qu’on ajoute Vincent Bolloré ?” Surpris par tant d’insolence, l’industriel éclate de rire et répond : “Allez-y, je n’ai rien à cacher !” »

* Les relations Bolloré-Sarkozy :

S’ils ont pu « se renifler » dès le milieu des années 80, s’apprécier au début des années 90, « l’épisode Bouygues » [la fameuse tentative d’OPA de Bolloré sur Bouygues fin 1997-début 1998, ndlr], malgré sa violence, semble paradoxalement avoir rapproché Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré [Nicolas Sarkozy est alors l’avocat de Martin Bouygues, dont il est très proche, ndlr].

* L’escapade de Nicolas Sarkozy sur le yacht du milliardaire :

« Départ le lendemain [de son élection, le 6 mai 2007, ndlr] pour l’île de Malte dans le jet privé de Vincent Bolloré : un séjour aller-retour tous frais payés. L’avion, le bateau, le personnel, la pension complète, tout est offert par la « maison Bolloré. » Bienvenue sur le Paloma, 60 mètres de long, 2 ponts, 7 cabines pour une capacité de 12 passagers, plus les hommes d’équipage. Tarif de location à la semaine : 190 000 euros. Le jet privé, un Falcon 900, est habituellement facturé 6 000 euros de l’heure. Sept mois plus tard, à Noël, rebelote, encore un petit tour “gratis” dans le Falcon 900 de Vincent Bolloré pour aller en Egypte. »

* Les relations de Bolloré avec l’abbé Grimaud :

« Nous avons rencontré un prêtre qui observe l’homme d’affaires depuis plus de vingt ans. […] Notre témoin, qui souhaite garder l’anonymat, croit tenir la clé de la relation Grimaud-Bolloré : “Bolloré, c’est un catholique qui se sert de la religion […] Lui et son abbé croient au pouvoir magique du sacrement. C’est simple : quand Bolloré fait une bêtise, il se confesse. Il se blanchit et il repart. C’est une conception très vieille France de la religion, préconciliaire (Vatican II) que l’on inculquait aux enfants avant guerre pour les tenir.” […] Il semble que l’abbé Grimaud soit celui qui réconcilie la vie terrestre de Vincent Bolloré avec ses aspirations spirituelles. »

TELERAMA : ENTRETIEN

JEAN-PIERRE CANET ET NICOLAS VESCOVACCI : “VINCENT BOLLORÉ, C’EST L’IMPUNITÉ TOTALE”

Extraits :

« Les deux auteurs de “Vincent tout puissant”  reviennent sur la génèse de ce livre révélation, qui met à nue les pratiques du patron de Canal+.

Lors de la déprogrammation sur Canal+ du documentaire sur le Crédit Mutuel-CIC, décidée par Vincent Bolloré, vous étiez aux premières loges. Dans les mois qui ont suivi, vous avez même été contraints de quitter KM, le producteur. Vous réglez vos comptes ?

Non. Beaucoup de choses avaient été écrites sur cette histoire, mais jamais par ceux qui l’ont directement vécue ! Cette censure brutale, « à l’ancienne », constitue le premier acte de la révolution éditoriale menée à Canal+ par Vincent Bolloré. Quand un des lanceurs d’alerte du Crédit Mutuel-CIC nous a dit « vous savez, ce n’est pas sûr qu’elle sorte, votre enquête… », on lui a ri au nez. En fait, il était bien informé. Après ce documentaire, on devait faire aussi de l’investigation pour Le grand journal ! Avec ce livre, on voulait comprendre ce qui nous était arrivé.

Et alors ?

On a péché par naïveté. Personne n’avait imaginé que Vincent Bolloré pouvait exercer un tel contrôle. On était sur Canal+, l’antenne qui a révolutionné le PAF dans les années 90 et lancé l’investigation à la télévision, avec 90 minutes et Le vrai journal. Il existait à notre sens un véritable « esprit Canal », une sorte de pacte avec les abonnés qu’on peut résumer comme suit — à part le foot et le cinéma, on peut dire à peu près ce qu’on veut. L’intérêt marketing de la chaîne rencontrait l’intérêt journalistique en interne. Bref, subir la censure était impensable, au risque d’abîmer l’image de la chaîne en profondeur. Vincent Bolloré s’en moque. A i-Télé, il s’est débarrassé sans vergogne d’une centaine de personnes. Les gens ne se rendent pas compte ce qui est arrivé à cette chaîne ! Dès qu’on a compris que notre affaire était grave, on s’est dit qu’on se battrait pour que ce documentaire soit diffusé. Notre affaire pose aussi la question de la concentration des pouvoirs : cet homme-là plus que d’autres utilise ses médias pour servir ses intérêts personnels, sans aucune limite.

Evasion fiscale Crédit mutuel : les dessous d’une enquête censurée

Comment analysez-vous la façon dont Vincent Bolloré mène ses affaires ?

C’est un activiste financier, au sens anglo-saxon du terme : il investit dans des boîtes pour en tirer un maximum de dividendes et de cash le plus rapidement possible. La manière dont il a mis la main sur Canal+ — vendre ses chaînes Direct 8 et Direct Star, pour ensuite monter au capital de Vivendi et prendre le contrôle, on n’est pas loin du coup du siècle ! A chaque fois, les gens en face, comme Martin Bouygues, Alain de Pouzilhac chez Havas ou Bertrand Meheut à Canal+, ne le voient pas venir. Ses méthodes choquent même le monde des affaires, qui admire pourtant ses coups financiers. Le Meccano industriel, comme savoir s’il faut ou non faire des synergies avec Dailymotion, etc., ce n’est pas son sujet (…)

Et la manière dont il exerce le pouvoir ?

Ce qui frappe, c’est son impunité totale. Il n’a aucun rôle opérationnel à Canal+, mais c’est lui qui fait tout. Il y exerce un pouvoir par la peur – il a dit lui-même qu’il faut un peu de « terreur » pour gouverner. Il y a eu une forme de soumission de cette chaîne — alors que i-Télé a fait grève un mois — qui interroge. Vincent Bolloré joue sur l’incapacité des gens à exercer une résistance éclairée. Pourquoi des historiques comme Michel Denisot, Antoine de Caunes, ou même Pierre Lescure, n’ont-ils jamais pris la parole pour défendre Canal+ ? On peut faire le parallèle avec le « shock and awe » (le choc et l’effroi), mis en œuvre par l’armée américaine en Irak en 2003. Tu frappes fort, tu crées la peur et l’effroi, et après plus personne ne bouge. Que ce soit les salariés, les dirigeants mais aussi l’Etat. Très peu de politiques ont réagi à ce qui s’est passé à i-Télé, à l’exception d’Arnaud Montebourg, Marie-Noëlle Lienemann et David Assouline. François Hollande et Manuel Valls n’ont pas dit un mot ! (…)

“Emmanuel Macron a soutenu la montée de Bolloré dans le capital de Vivendi quand il était à Bercy… Et aujourd’hui président de la République, il répond au téléphone à Cyril Hanouna”

Dans le livre, vous évoquez aussi les nombreux relais de Vincent Bolloré dans le monde politique…

Alors qu’il était conseiller de François Hollande à l’Elysée, Bernard Poignant a déclaré à l’un de nous deux que « Vincent Bolloré, c’est un bout de la France ». Il estime qu’un industriel comme lui doit être soutenu et vénéré par le pouvoir car il représente notre pays. François Hollande confirme pour la première fois dans le livre avoir évoqué avec son homologue Paul Biya le sort du port de Kribi, au Cameroun, lors d’un voyage officiel dans ce pays en juillet 2015. Candidat à sa concession, le groupe Bolloré, non retenu dans un premier temps, l’a finalement décrochée quelques semaines après cette visite. De son côté, Emmanuel Macron a soutenu la montée de Bolloré dans le capital de Vivendi quand il était à Bercy… Et aujourd’hui président de la République, il répond au téléphone à Cyril Hanouna quand celui-ci lui souhaite son anniversaire en direct à la télé ! C’est assez dingue.

En janvier 2017, alors en pleine enquête, Nicolas Vescovacci a été assigné en justice, le groupe Bolloré lui réclamant 700 000 euros de dommages et intérêts. Cela vous-a-t-il surpris ?

C’est du jamais-vu. Car cette assignation concernait… de simples demandes d’interview sur des questions précises afin de respecter le principe du contradictoire. Sept en tout, ça nous fait 100 000 euros la question, c’est un peu cher, non ? Plus sérieusement, c’est à notre sens l’exemple type de « poursuite-bâillon », destinée à dissuader les journalistes d’enquêter et à les réduire au silence. Comme de nombreux confrères, collectifs et sociétés de journalistes, nous avons d’ailleurs signé la semaine dernière la tribune publiée dans de nombreux médias (dont Télérama) pour dénoncer ces procédures abusives. »

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FREE BOOK ON IMPERIALISISM IN ENGLISH AND FRENCH AND ITALIAN

THE DECLINE OF CONTEMPORARY IMPERIALISM

   Bibeau.robert@videotron.ca    Éditeur.   http://www.les7duquebec.com

             2.8.2017

THE ARTICLE IS AVAILABLE ON THE WEBMAGAZINE:

http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-declin-de-limperialisme-contemporain-2/

 9782343114743f

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The most recent resurgence of the systemic economic crisis of capitalism dates from 2008. Since then, the crisis has been deepening, becoming widespread, becoming globalized, and spreading its metastasis in all areas of economic, political, ideological, social, cultural, diplomatic and military life, in all spheres and throughout the world. Families, genocidal wars, murderous migrations, popular revolts, quickly repressed, succeed one another and ravage the innocent populations. This is what analysts, economists and politicians call these “neo-liberal globalization” following the “strategy of chaos” supposedly carried out by conspiratorial bankers. This episodic crisis of the system – of the capitalist mode of production – nevertheless has nothing “liberal” , and it is not the fruit of a global conspiracy, but the result of the normal development of this mode of production which must be brought down. This process of ineluctable degeneration, the proletarian class, calls it THE DECLINE OF CONTEMPORARY IMPERIALISM.

What are the underlying sources of this systemic crisis? Who are the protagonists, the dynamic forces, the proponents and the obvious outcomes? Who are pulling the strings behind the scenes to try to escape this drunk boat in perdition? What are the respective roles of bankers, financiers, large multinational corporations, governments, consumers and workers in the midst of this uncontrollable anarchy? How do the markets – the competition – the monopolies and inexorable laws of capitalist political economy act within this cataclysm? The capitalists of the underdeveloped countries, so-called neo-colonized and now called “emerging” and the impoverished populations of these countries have the opportunity to emerge and develop?

Development for which in these countries “emerging” to decadent capitalism?

Development for the proletarianised peasants or development for the bribed nationalist compradores bourgeoisies, associating via the transnational boards of directors to the former liberalized colonizers?

Finally, will the national governments and global governance bodies (IMF, WB, OECD, WTO, UN, NATO, AEI, Shanghai Alliance, etc.) succeed in reforming the laws of imperialist political economy in order to put the world’s flagship back on track and giving it a new lease of life in order to restore the confidence and power of  the rich state of  the bourgeoisie on the road to accelerated pauperization?

These are some of the questions dealt with in the volume THE DECLINE OF CONTEMPORARY IMPERIALISM .

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THE DECLINE OF CONTEMPORARY IMPERIALISM 

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Traduction   by  Claudio Buttinelli.  Roma.

Nobel alla bielorussa Alexievich che subito ricambia il favore “Non amo Putin”

Perché come letterata la prima cosa da dichiarare dovrebbe essere un’invettiva contro un capo di stato eletto per giunta (cosa rara in italia)? Non ci azzecca molto con la letteratura, ma molto in linea con le dichiarazioni di Lukashenko che sta qua sia una spia della Cia. Alla stampa italiota parrebbe tanto strano…..Solo per questa grave accusa infondata dovrebbe essere già incrimata: ““E non mi piace neanche l’84% dei russi che chiede che gli ucraini vengano uccisi”

giovedì, 8, ottobre, 2015

Nobel per la letteratura alla bielorussa Svetlana Alexievich che per ricambiare parte subito con la propaganda: “Non amo Putin”

nobel-Svetlana-Alexievitch

Il premier Nobel 2015 per la Letteratura e’ stato assegnato alla bielorussa Svetlana Alexievitch. La motivazione dell’Accademia Svedese ha segnalando che e’ stata premiata per la “sua polifonica scrittura nel raccontare un monumento alla sofferenza e al coraggio dei nostri tempi”.

“Amo il mondo russo, ma non quello di Stalin e Putin”, una delle prime dichiarazioni pubbliche di Svetlana Alexievich e’ dedicata ai due capi di Stato, a due uomini che per l’autrice di “Preghiera per Cernobyl”, “Ragazzi di zinco” e “Tempo di seconda mano” rappresentano il passato che non passa, quello dell’Unione sovietica attenta a reprimere il dissenso al proprio interno e imperialista in politica estera. “E non mi piace neanche l’84% dei russi che chiede che gli ucraini vengano uccisi”, ha aggiunto nel corso di una conferenza stampa al Pen club di Minsk la scrittrice, convinta che in Siria l’attuale capo del Cremlino stia mettendo in piedi un “secondo Afghanistan”.

Complimenti per le bugie. Cominciamo bene. Veramente ci risulta il contrario

Timoshenko: “Lanciare l’atomica sugli 8 milioni di russi in Ucraina  >>>

 ”Dobbiamo uccidere i russi e farli tornare in patria nei sacchi neri” >>>

http://www.imolaoggi.it/2015/10/08/nobel-alla-bielorussa-alexievich-che-subito-ricambia-il-favore-non-amo-putin/

ERITREA AVANGUARDIA DI UN’AFRICA NUOVA

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STORIA, ATTUALITA ED AVVENIRE DI UNA GIOVANE NAZIONE.

EODE-BOOKS - Bovo. Erythrée (2015 07 23) FR (1)

di Filippo Bovo

Anteo Edizioni

 Dell’Eritrea, di questo giovane e promettente paese, caratterizzato da una storia tanto gloriosa quanto antica, si parla sempre poco, troppo poco. Eritrea – Avanguardia di un’Africa nuova cerca proprio di colmare questa lacuna, raccontandoci le innumerevoli vicissitudini di una terra sorprendente, che con l’Italia vanta un profondo legame.

 EODE-BOOKS - Bovo. Erythrée (2015 07 24) IT 1

Dalla mitica Terra di Punt al leggendario Regno di Axum, dal periodo coloniale al dominio etiopico, dall’epica guerra per l’indipendenza fino alla conquista della libertà, Eritrea – Avanguardia di un’Africa nuova condurrà il lettore attraverso un percorso emozionante ed insospettato, riccamente informandolo sulla storia e la vita di un paese che merita assolutamente d’essere stimato, conosciuto e raccontato.

 EODE-BOOKS - Bovo. Erythrée (2015 07 24) IT 3

INDICE :

 INTRODUZIONE

I. L’ERITREA DALLE ORIGINI PIÙ REMOTE ALLA DOMINAZIONE OTTOMANA

II. LA COLONIA ERITREA

III. L’ERITREA NEL SECONDO DOPOGUERRA: IL DOMINIO ETIOPICO E LA LOTTA PER L’INDIPENDENZA

IV. L’ERITREA INDIPENDENTE

V. CONSIDERAZIONI FINALI

 APPENDICI

1. LE BASI MILITARI FANTASMA

2. LA SOMALIA: CAOS E PIRATERIA. LE PROPOSTE DELL’ERITREA

3. IL SOMALIA AND ERITREA MONITORING GROUP (SMEG)

4. L’INTER-GOVERNMENTAL AUTHORITY FOR DEVELOPMENT (IGAD)

5. L’ERITREA E LA RISOLUZIONE 733 DEL CONSIGLIO DI SICUREZZA ONU DEL 1992

6. IL PUNTO DI VISTA DEL DIRETTORE DELL’UFFICIO DEL PRESIDENTE DELL’ERITREA, YEMANE GEBREMESQEL

7. ULTIME CONSIDERAZIONI SULLO SMEG

8. LA POSIZIONE DELL’ERITREA SUL NILO

9. IL PUNTO DI VISTA ERITREO SUL NEPAD (NEW PARTNERSHIP FOR AFRICA’S DEVELOPMENT)

10. LE BUFALE POLITICHE DEL “GRUPPO DI CRISI INTERNAZIONALE” (ICG)

11. I RAPPORTI CON GIBUTI

12. LA POSIZIONE DELL’ERITREA SUL TRAFFICO DI ESSERI UMANI

13. IL TESTO DELL’ACCORDO PER LA CESSAZIONE DELLE OSTILITÀ DEL 2000

14. IL PROGRAMMA ERITREO DI SMOBILITAZIONE E REINSERIMENTO

15. ERITREA E LA SFIDA DELLA PACE E DELLA SICUREZZA

16. L’ERITREA E I DIRITTI UMANI

17. “È L’OSTILITÀ DEGLI USA, NON LA RIGIDITÀ ERITREA, AD ESSERE RESPONSABILE PER LE ASPRE RELAZIONI”

18. LE SANZIONI DECISE DALLE RISOLUZIONI N. 1907 DEL 2009 E N. 2023 DEL 2011

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FILIPPO BOVO : LA VERITE SUR L’ERYTHREE/ SUR AFRIQUE MEDIA TV (12 JUILLET 2015)

su https://vimeo.com/133695856

 Titolo: Eritrea, avanguardia di un’Africa nuova. Storia, attualità ed avvenire di una giovane nazione

Editore: Anteo

Collana: Popoli

Data di Pubblicazione: 2015

ISBN: 8898444230

ISBN-13: 9788898444236

Pagine: 202

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LE PAYS MECONNU ET DIFFAME : ERYTHREE AVANT-GARDE D’UNE AFRIQUE NOUVELLE

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EODE-BOOKS - Bovo. Erythrée (2015 07 23) FR (1)

 di Filippo Bovo

Anteo Edizioni

(en Italien)

 De l’Erythrée, de ce jeune et prometteur pays, caractérisé par une histoire aussi glorieuse qu’ancienne, on parle toujours peu, trop peu. Le livre “Erythrée, Avant-garde d’une nouvelle Afrique”, est né pour combler cette lacune, racontant les vicissitudes d’une terre surprenante, avec laquelle l’Italie a un lien profond.

EODE-BOOKS - Bovo. Erythrée (2015 07 23) FR (2)

De la mythique “Terre de Punt” au légendaire Royaume de Axum, de l’époque coloniale à la domination éthiopienne, de l’épique guerre pour l’indépendance jusqu’a la conquête de la liberté, “Erythrée, Avant-garde d’une nouvelle Afrique” conduira le lecteur au travers d’un passionnant et inattendu itinéraire, nous informant exhaustivement sur l’histoire et la vie d’un pays qui absolument mérité d’être estimé, connus et conté.

 TABLE DES MATIERES :

 Introduction

1. L’Erythrée des origines les plus éloignées à la domination ottomane

2. La colonie d’Erythrée

3. L’Erythrée dans l’Après-guerre: le domaine éthiopien et la lutte pour l’indépendance

4. L’Erythrée indépendante

5. Réflexions finales

 Annexes

1. Les bases militaires fantômes

2. La Somalie: chaos et piraterie. Les propositions de l’Erythrée

3. Le “Somalia and Eritrea Monitoring Group” (SMEG)

4. L’Inter-Governmental Authority For Development (IGAD)

5. L’Erythrée et la résolution 733/1992 de l’ONU

6. Le point du vue du directeur du bureau du Président de l’Erythrée, Yemane Gebremesqel

7. Dernières considérations sur le SMEG

8. La position de l’Erythrée sur le Nil

9. Le point du vue de l’Erythrée sur le NEPAD (New Partnership for Africa’s Development)

10. Les mensonges politiques de l’“International Crisis Group” (ICG)

11. Les relations avec Djibouti

12. La position de l’Erythrée sur la traite des êtres humains

13. Le texte de la cessation des hostilités de 2000

14. Le programme érythréen de démobilisation et réinsertion

15. L’Erythrée et le défi de la paix et de la sécurité

16. L’Erythrée et les droits de l’homme

17. “C’est l’hostilité des Etats-Unis, non la rigidité érythréenne, qui est responsable des relations accidentées”

18. Les sanctions décidées par les résolutions 1907/2009 et 2023/2011

 

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WATERLOO, UN TOURNANT DE L’HISTOIRE MODERNE: GEOPOLITIQUE – IDEOLOGIE – REVOLUTION. LE POINT DE VUE DU PCN

KH pour PCN-INFO/ 2015 06 18/

Avec PCN-Info / http://www.scoop.it/t/pcn-spo

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PIH - 200 ans Waterloo (2015 06 18) FR

Ecoutons Luc MICHEL parler de Waterloo (dans sa Postface à la 3e édition de son livre LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE) :

“Il y a peu de batailles décisives pour orienter le cours de l’Histoire. Moscou (fin 1941, début 1942), puis Stalingrad scellent la défaite du IIIe Reich et empêchent un XXe siècle dominé par Hitler. Waterloo consacre elle un siècle de domination britannique mondiale, celle de la Finance, suivi d’un siècle de domination américaine, celle de Wall-Street. Le règne géopolitique et économique des cousins néo-carthaginois anglo-saxons ! Idéologiquement c’est la défaite des forces révolutionnaires pour un siècle aussi, celle du Jacobinisme, matrice des révolutions des XIXe et XXe siècles. Le “long XIXe siècle” (dixit Hobsbawm) sera un siècle de révolutions brisées, vaincues, récupérées, celui des combats désespérés de Mazzini et de Marx, de Blanqui et de Engels, des décembristes et des jacobins russes, de la Seconde Commune de Paris en 1871 … Il y a 135 ans entre la Première Commune de Paris de 1792 (celle de Robespierre et de la Montagne jacobine, dans lesquels se reconnaissait Lenine) et la Grande Révolution d’Octobre bolchevique fin 1917. Le 18 juin 1815 la réaction d’Ancien régime triomphe, le temps de s’agglomérer aux dynasties bourgeoises pour former les oligarchies dominantes contemporaines. Waterloo, bien au-delà du destin particulier de Napoléon ou même de la France, est un tournant géopolitique et idéologique.”

WATERLOO LOIN DU FOLKLORE ANESTHESIANT …

 C’est celà Waterloo, loin d’un événement historique lointain, transformé en célébration folklorique par ces oligarchies européennes, que dénonce Luc MICHEL. Voir le grand barnum en Belgique – « un monstre géopolitique artificiel érigé au service des intérêts géopolitiques britanniques en 1830 », dit Luc MICHEL – et le sens faussement “réconciliation européenne” que veulent lui donner les régimes belge, hollandais, britannique, allemand et français, alors que la portée historique de Waterloo est toute autre. Précisément les Windsor, Saxe-Cobourg, Nassau qui paradent ces jours-ci à Waterloo sont les héritiers des vainqueurs réactionnaires de 1815, leur survivance dans les oligarchies européennes et mondiales (le roi belgicain Philippe est un assidu des sommets des Bilderberg).

 * Lire à ce sujet :

“Bicentenaire Waterloo: une cérémonie protocolaire sous le signe de la réconciliation” (in La Libre Belgique)

http://www.lalibre.be/actu/belgique/bicentenaire-waterloo-une-ceremonie-protocolaire-sous-le-signe-de-la-reconciliation-55829b743570172b12205266

 POLITIQUE – REVOLUTIONS – CLASSES – OLIGARCHIES EN FRANCE ET EN EUROPE

 Dans un pamphlet publié en 2014, l’ex trotskiste Lionel Jospin (et ce n’est pas un hasard) dénoncera “l’héritage néfaste laissé par l’Empereur”. À ses yeux, Napoléon est “coupable d’avoir détruit la Révolution par le coup d’État du 18 brumaire et, par ses guerres incessantes et sa soif de conquête, d’avoir fait le lit de l’hégémonie britannique au XIXe siècle”.

 Or, la réalité historique est à l’opposé de cette conviction de l’ancien Premier ministre socialiste. Bonaparte a sauvé la Révolution, menacée de mort par la déliquescence corrompue du Directoire et un coup d’État monarchiste qui aurait ramené Louis XVIII. Il a consolidé ses idéaux d’égalité et de mérite dans le Code civil, que ne pourra plus remettre en cause la Restauration. Comme l’avait compris Karl Marx, il a parachevé l’avènement de la bourgeoisie en garantissant la vente des biens nationaux.

 LA PREDOMINANCE GEOPOLITIQUE DES NEO-CARTHAGINOIS ANGLO-SAXONS ET LE REGNE IDEOLOGIQUE DE LA FINANCE

 L’étoile de l’Angleterre s’était levée un siècle plus tôt, à la fin des guerres de Louis XIV, et celle de la France avait pâli à l’issue du traité de Paris de 1763, lorsque Louis XV, sans aucune vision, abandonna sottement le Canada et l’Inde. « Que perd la France ? demanda Michelet. Rien, sinon le monde. » Les guerres de la Révolution et de l’Empire furent l’ultime effort de la France – qui laissa le pays exsangue – pour reprendre son rang de maître de l’Europe.

 Après avoir financé les guerres contre Louis XIV, la City de Londres avait payé les coalitions qui vinrent à bout de « l’Ogre ». Napoléon fut le seul Français (et européens) qui combattit la finance, les armes à la main. L’affrontement entre la France de Napoléon et l’Angleterre de Pitt est idéologique; ce fut celui des deux conceptions de la modernité qui s’annonçait : le modèle libéral et inégalitaire de l’Angleterre, centré sur le marché et l’initiative privée (devenu celui des USA et de tout le Bloc anglo-saxon) et où domine la Finance et le pouvoir économique, opposé au modèle étatiste et égalitaire de la France, centré sur l’Etat et la puissance publique, où prédomine le Politique.

 Dans cette affaire, « les vieilles monarchies européennes, condamnées par l’Histoire – elles mettront un siècle à mourir –, hésitèrent entre les deux camps, passant de l’un à l’autre, avec des habiletés matoises de chat, avant de se rallier au panache d’Albion ». Pour Stendhal, Napoléon fut coupable de les avoir laissées vivre au lieu de les achever ; d’avoir même essayé vainement d’obtenir d’elles ce « droit de bourgeoisie » que Talleyrand le poussait à solliciter.

 Les politiques français, tous ralliés à l’Atlantisme plus ou moins honteusement, tressent d’unanimes louanges à Talleyrand et rejettent Napoléon avec horreur (et ce n’est pas non plus un hasard, car Tallyrand est le modèle même des politiciens compradore rallié à l’ennemi pour conserver une partie du pouvoir), même lorsqu’ils avouent admirer Bonaparte, établissant un distinguo qu’ils croient subtil, alors qu’il signe leur inculture historique. À la décharge de Lionel Jospin, son vainqueur de la présidentielle de 2002, Jacques Chirac ne pensait pas autrement que lui. Nos  deux champions de la droite et de la gauche étaient bien ces « bourgeois louis-philippards envieux de la puissance économique de l’Angleterre, étrangers à la grandeur de la France ».

 C’est d’ailleurs Louis-Philippe qui fit ramener les cendres de Napoléon aux Invalides. Par récupération politique ! Dans son sublime ‘Choses vues’, Victor Hugo décrivait “le décalage entre la ferveur populaire (les survivants de la Grande Armée dormant aux pieds de son cercueil) et la froideur hautaine des élites du régime”. Déjà.

Cette histoire-là n’est plus enseignée ni en France ni en Europe, et n’est même plus audible par les oreilles contemporaines.

 KH / PCN-SPO

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LES RESEAUX DE LA FRANCAFRIQUE 2 : FOCCART L’HOMME QUI DIRIGEAIT L’AFRIQUE. DOCUMENTAIRE

EODE-TV/ 2015 05 19 / Avec EODE-BOOKS et EODE Press Office/

EODE-TV - les réseaux Foccart 2 (2015 05 19) FR 1

Documentaire de PLANETE et la Chaîne parlementaire PUBLIC SENAT (France) sur les Réseaux Foccart au cœur de la Françafrique, pour comprendre ce qu’a été l’action de Foccart et de ses barbouzes.

La naissance de la Françafrique, avec la première cellule Afrique de l’Elysée : le secrétariat général des Affaires africaines et malgaches, dirigé par Jacques Foccart …

 Video sur : https://vimeo.com/128284224

EODE-TV - les réseaux Foccart 2 (2015 05 19) FR 2

 # ALLER PLUS LOIN :

 Le livre de Jean-Pierre Bat

LA FABRIQUE DES BARBOUZES, HISTOIRE DES RÉSEAUX FOCCART EN AFRIQUE (Editeur: Nouveau Monde)

Recensé par EODE-BOOKS sur 

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LES RESEAUX DE LA FRANCAFRIQUE 1 : FOCCART ET LES ARCHIVES GAULLISTES

EODE-TV/ 2015 05 19 / Avec EODE-BOOKS et EODE Press Office/

 Jean-Pierre Bat, auteur d’un livre important sur les Réseaux Foccart au cœur de la Françafrique, explique l’importance du Fonds des Archives du Gaullisme dans les Archives Nationales Françaises pour comprendre ce qu’a été l’action de Foccart et de ses barbouzes …

 Video sur : https://vimeo.com/128287515

 

EODE-TV - les réseaux Foccart 1 (2015 05 19) FR 1

# Le livre de Jean-Pierre Bat

LA FABRIQUE DES BARBOUZES, HISTOIRE DES RÉSEAUX FOCCART EN AFRIQUE (Editeur: Nouveau Monde)

Recensé par EODE-BOOKS sur :

https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/651138841687204:0

EODE-TV - les réseaux Foccart 1 (2015 05 19) FR 2

# ALLER PLUS LOIN :

COLLOQUE « FOCCART : ARCHIVES OUVERTES (1958-1974). LA POLITIQUE, L’AFRIQUE ET LE MONDE »

 « Les archives répondront à votre question »

– Jacques Foccart dans ses entretiens (Foccart parle).

 « Surnommé « l’homme de l’ombre », Jacques Foccart a été le premier « Monsieur Afrique » de la Ve République en devenant le secrétaire général des Affaires africaines et malgaches des présidents de Gaulle et Pompidou. Il incarnait simultanément la part sombre du gaullisme et le mythe de l’homme sans archive : en somme, le secret absolu de l’exercice du pouvoir au cœur de l’Élysée. Pourtant, dès les années 1980, les Archives nationales ont collecté les archives de son secrétariat général, laboratoire de la politique française en Afrique »

– Le Monde (Paris).

 Paris, 26 et 27 mars 2015.

Ce colloque est le fruit d’une décennie de recherches scientifiques sur la Françafrique, qui a permis d’offrir aux chercheurs l’inventaire de la première cellule Afrique de l’Élysée : le secrétariat général des Affaires africaines et malgaches, dirigé par Jacques Foccart. L’objectif de ces journées d’études est de proposer un regard critique, à la lumière de ces archives, sur les activités de celui qui a longtemps été qualifié « d’homme de l’ombre » ou de « barbouze » de la Ve République. C’est au carrefour de ses quatre domaines d’activité (l’Afrique, l’outre-mer, les services secrets et la politique) que se joue la décolonisation de l’Afrique subsaharienne francophone.

 Les Archives nationales ont organisé, avec le concours de partenaires universitaires, deux journées d’études sur les archives Foccart à la faveur de la publication de l’inventaire du fonds Foccart, les 26 et 27 mars 2015. Ce travail est le fruit d’une décennie de recherches scientifiques sur la Françafrique, qui a permis d’offrir aux chercheurs l’inventaire de la première cellule Afrique de l’Elysée : le secrétariat général des Affaires africaines et malgaches, dirigé par Jacques Foccart.

 L’objectif de ces journées d’études est de proposer un regard critique, à la lumière de ces archives, sur les activités de celui qui a longtemps été qualifié « d’homme de l’ombre » ou de « barbouze » de la Ve République. C’est au carrefour de ses quatre domaines d’activité (l’Afrique, l’outre-mer, les services secrets et la politique) que se joue la décolonisation de l’Afrique subsaharienne francophone.

 Ces journées d’études eurent pour particularité d’offrir un double regard croisé : regard des historiens et regard des archivistes, mais aussi regard des Européens et regard des Africains sur ce patrimoine et cette histoire partagée de la décolonisation de l’Afrique au tournant des années 1960.

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GEOPOLITIQUE ET POLITIQUE AFRICAINE/ FRANCAFRIQUE ET RESEAUX FOCCART : LA FABRIQUE DES BARBOUZES (PARTIE 2)

Luc MICHEL (Coord.) pour EODE Think Tank/

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EODE TT - barbouzes et françafrique PART 2 (2015 05 19) 1

Partie 2

« dans la foulée de son appel à l’ONU, Lumumba fait également appel à l’URSS, considérant que les puissances occidentales couvrent le coup de force belge au Katanga. C’est là sa principale faute aux yeux du camp anticommuniste : par ce geste, il aurait ouvert les portes de l’Afrique centrale à l’est. Dès lors, il est désigné comme l’ennemi, aussi bien par les Belges pro-katangais que par les Américains qui voient l’ouverture d’un nouveau front de la guerre froide. Dulles, directeur de la CIA, aurait qualifié Lumumba de « Castro en pire ». Loin de s’améliorer avec la création de la mission de l’ONU, la situation congolaise se dégrade un peu plus durant l’été (…) La jeune République congolaise, en cours d’implosion, devient l’exutoire de la guerre froide en Afrique »

– Jean-Pierre Bat.

EODE TT - barbouzes et françafrique PART 2 (2015 05 19) 2

IV – COURT EXTRAITS DU LIVRE

LA FABRIQUE DES BARBOUZES, HISTOIRE DES RÉSEAUX FOCCART EN AFRIQUE

Auteur: Jean-Pierre Bat

Editeur: Nouveau Monde

* 1ER EXTRAIT :

« LA FABRIQUE DES BARBOUZES » : MONSIEUR CHARLES, NOUVEAU CITOYEN CONGOLAIS…

« Les personnalités françaises qui se sont rendues à Brazzaville pour le premier anniversaire de la République du Congo, le 28 novembre 1959, ont constaté que l’abbé Youlou était suivi de près par un Européen, seul membre de la suite officielle qui n’ait été présenté à aucune personnalité venue de Paris. Finalement, un délégué français s’enquiert auprès de Youlou de son identité : « Comment, on ne vous l’a donc pas présenté ? Mais c’est Monsieur Delarue, qui veille sur ma sécurité personnelle. »

Au-delà du caractère anecdotique « barbouzard », cet épisode, traité par L’Express sous le titre « Un nouveau citoyen congolais : Charles Delarue », témoigne de la place de l’ancien inspecteur des renseignements généraux (RG) : un peu en retrait protocolaire, mais véritable pilier de la sécurité à Brazzaville.

Représentant du SDECE [Service de documentation extérieure et de contre-espionnage] en charge du dossier congolais depuis 1956, « Monsieur Maurice », sur les conseils de Jean Baylot [ancien préfet de police, à l’intérêt prononcé pour les affaires congolaise], aurait présenté « Monsieur Charles » à l’abbé Youlou lors d’une de ses venues en France au cours du premier semestre 1959.

En juillet 1959, Youlou établit un contrat de travail de deux ans pour l’ancien inspecteur des RG pour y « assurer le fonctionnement d’un Bureau de documentation et d’études », c’est-à-dire le service de renseignement de la République congolaise baptisé le Budes.

Finalement, si aucun lien officiel ne relie Delarue aux institutions françaises, permettant ainsi aux représentants officiels de la République française de se désolidariser de son action si nécessaire, il n’en reste pas moins un pion essentiel, conscient mais inavoué par le pouvoir, du dispositif anticommuniste imaginé par Foccart comme par les services de renseignement français. »

* 2E EXTRAIT :

« LA FABRIQUE DES BARBOUZES » : L’ABBÉ YOULOU ET LE KATANGA

« Depuis l’été 1960 et les complots brazzavillois du mois d’août, Fulbert Youlou s’intéresse très sérieusement au Katanga de Moïse Tshombé, au sein de la nébuleuse d’alliances qu’il noue au Congo ex-belge. L’abbé-président se fait l’intermédiaire entre le Katanga et les Etats africains francophones : dès le mois de septembre 1960, il aide la délégation katangaise, conduite par Salamangue (député national et président régional de la Conakat de Tshombé) à nouer des contacts auprès des chefs d’Etats RDA [Rassemblement démocratique africain, fondé par Félix Houphouët-Boigny].

La première escale à Brazzaville – « aide essentielle » –permet de préparer les étapes à suivre du voyage : Libreville, Fort-Lamy [actuelle Ndjamena], Niamey, Ouagadougou, Abidjan (et même Monrovia). Au terme de ses escales africaines, la délégation débarque à Paris pour une mission politique officieuse. Un premier contact officieux est ainsi établi avec la France. Le RDA se forge une première opinion suffisamment précise sur le projet de Tshombé pour s’engager plus avant en sa faveur. Houphouët-Boigny approuve, soutient officieusement, mais laisse l’abbé assumer cette politique RDA en Afrique centrale. En novembre et décembre 1960, prônant la solution de la « famille africaine », Youlou joue le rôle de fer de lance de cette politique à la tribune de l’ONU comme à la conférence de Brazzaville.

Le 2 février 1961, à Paris, le colonel Fredkens, N’Kay (ministre des finances du gouvernement Iléo) et le sénateur Bamba frappent à la porte de l’hôtel de Noirmoutier, siège du secrétariat général de Foccart. Le colonel se présente comme un ancien officier de l’armée israélienne, au service de Joseph Kasavubu, mais parle avec un fort accent belge. Il demande une audience avec Jacques Foccart, et avec lui seul. Le chargé de mission qui les accueille les oriente poliment vers le Quai d’Orsay, leur précisant que le Congo-Léopoldville n’est pas du ressort du secrétariat général. Fredkens affirme alors que Kasavubu et Youlou seraient sur le point de réaliser la fusion du pays Bacongo ; il serait porteur d’une lettre de l’abbé pour Foccart, mais ne peut pas la fournir, l’ayant laissée à son hôtel. Il ajoute que Kalondji et Tshombé sont sur le point de demander leur adhésion à la Communauté.

Le chargé de mission renouvelant sa réponse qui résonne comme une fin de non-recevoir, se fait alors dire par Fredkens que si Foccart veut donner suite à ces propositions, il suffit de contacter le représentant du Congo-Brazzaville à Paris, Philippe Bikoumou. Lequel, précise le colonel, n’est pas encore au courant de cette affaire, et encore moins de la nature de leur mission ! Véritable démarche officieuse ou provocation ? Foccart, fort prudent, ne traite pas avec la mission du colonel Fredkens, derrière laquelle il devine d’autres intérêts que ceux de Brazzaville. Youlou, de son côté, joue sans doute une carte supplémentaire du côté de Kasavubu pour aboutir à une solution fédérale, sans toutefois tomber son atout majeur : Tshombé et la sécession katangaise. Mais au fond, Youlou ne tranche pas et ménage autant Léopoldville qu’Elisabethville, pour que soit trouvé, sous son égide, un compromis acceptable. Déjà, les tentations balkanisatrices, ou tout au moins fédérales, planent au-dessus des débats que veut organiser l’abbé Fulbert.

Le soutien complet de Brazzaville pour Elisabethville ne fait plus mystère avec la visite de l’abbé au Katanga au mois de février 1961. Youlou entend afficher publiquement son soutien à Tshombé, mais cette visite n’est pas sans poser des problèmes : ce voyage, quoiqu’il s’en dédise protocolairement, prend des allures de séjour officiel les 9, 10 et 11 février 1961. Les rues d’Elisabethville sont pavoisées de drapeaux katangais et congolais ; dans son discours, Youlou fait l’apologie de Tshombé, « chef audacieux, intelligent et digne de guider son peuple », tandis que ce dernier parle du président congolais comme du « plus ancien ami du Katanga indépendant ». L’abbé aurait même conservé initialement l’espoir de venir au Katanga avec un projet de convention économique. Ses conseillers lui auraient fait abandonner cette idée, car établir un accord économique avec le Katanga signifie reconnaître de facto l’existence officielle de cet Etat : or, cette reconnaissance diplomatique est prématurée, même pour le Congo-Brazzaville.

A son retour à Brazzaville toutefois, les conséquences et la portée de son voyage sont analysées. Rencontrant Rossard le 14 février 1961, Youlou s’avoue préoccupé par la coïncidence de sa présence au Katanga et de l’annonce de la mort de Lumumba – comme si Tshombé avait profité de la présence de l’abbé au Katanga (à son insu ?) pour cette macabre déclaration. Le destin de Brazzaville et d’Elisabethville se lie définitivement après cette visite de février.

 * 3E EXTRAIT :

« LA FABRIQUE DES BARBOUZES » : BRAZZAVILLE, BASE ARRIÈRE DE L’ABAKO

 « A l’heure où les positions se font et se défont autour d’une hypothétique formule d’unification entre les quatre Républiques issues de l’Afrique équatoriale française (AEF), l’opinion des représentants français à Brazzaville est sans appel : c’est de l’autre côté du Pool qu’il préfère tourner les yeux pour développer son aire d’influence régionale. Or, l’accélération du calendrier de décolonisation du Congo belge provoque, par ricochet, une accélération des menées de l’abbé dans la colonie belge. Son principe initial d’ingérence est fort simple : adoptant une lecture ethnique des formations politiques, le premier ministre congolais se rapproche très naturellement de Joseph Kasavubu [premier président du Congo-Kinshasa, de 1960 à 1965] et de son mouvement, l’Abako, dès 1958 [L’Alliance des Bakongo (Abako) est une association culturelle interdite par les autorités belges. M.Kasavubu sera arrêté et transféré en Belgique en janvier 1959]. Du reste, l’engagement idéologique du Mouvement national congolais (MNC) de Patrice Lumumba joue comme un facteur supplémentaire pour choisir le parti indépendantiste adverse. En 1959, Youlou décide donc de se faire le parrain politique de l’Abako, et ambitionne par ce biais de jouer un rôle dans l’évolution politique.

L’abbé Fulbert Youlou décide de mettre un peu plus d’ordre dans la gestion de ce dossier, qu’il reprend personnellement en main à la fin de l’année 1959, voyant Lumumba gagner du terrain. Les rapports s’accélèrent tout spécialement entre l’abbé Fulbert et Kasavubu (secondé dans cette mission par André Kanza, vice-président de son mouvement), entre les mois de novembre et décembre 1959 à la suite des élections et de la victoire du MNC de Lumumba. Brazzaville devient une seconde base pour l’Abako et Kasavubu, plus sûre encore que Léopoldville.

À Brazzaville, l’abbé Fulbert garantit la sécurité des rencontres, sa médiation en faveur de l’ABAKO et une aide matérielle pour l’action du mouvement nationaliste. Le Budes [le service de renseignement de la République congolaise établi par des « barbouzes » françaises] prend une part active dans cette affaire. En vue de proclamer unilatéralement l’indépendance du Congo au 1er janvier 1960, l’Abako demande à Youlou l’asile pour un « gouvernement provisoire ». Cette question est l’objet d’une longue palabre, négociée par Kasavubu et Youlou. L’abbé Fulbert devient (enfin) ce médiateur qu’il rêvait d’être dans le conflit congolais. Il finit par convaincre Kasavubu de n’en rien faire, car ce serait abandonner le territoire congolais au seul Lumumba, avant même l’indépendance.

 Brazzaville, capitale d’une grande fédération congolaise ?

Force est de reconnaître que, en 1960, personne (Jacques Foccart au premier chef) ne prend au sérieux les ambitions du Quai d’Orsay de préemption française sur le Congo belge selon les accords de 1884 et 1908. Foccart décide en réalité de mener sa politique depuis Brazzaville. Pour mener à bien une politique de sécurité dans la zone, il convient de s’appuyer sur des conceptions extrêmement pragmatiques.

Avec le coup de filet anticommuniste du 10 mai 1960, l’abbé a montré sa détermination à faire de son territoire le bastion occidental contre le communisme en Afrique. Aux vues bantou qui animent les volontés d’ingérence de l’abbé Fulbert au Congo belge, une dimension supplémentaire vient se superposer : la décolonisation de la plus grande colonie d’Afrique centrale devient le point de fixation de la guerre froide. De manière plus ou moins organisée, les différentes puissances commencent à investir le Congo belge. De sorte que, à tort ou à raison, Lumumba et son MNC sont considérés comme des « portes d’entrée » des forces communistes en Afrique centrale. Dans l’entourage politique de l’abbé, un homme est tout à fait convaincu que se joue entre les deux Congo une manche essentielle de la guerre froide : Charles Delarue [ancien officier français des Renseignements généraux chargé par l’abbé Fulbert de constituer son service de renseignement, le Budes].

Or, avec le coup de filet anticommuniste du 10 mai 1960, l’abbé a montré sa détermination (appréciée tant à Paris qu’au RDA) à faire de son territoire le bastion occidental contre le communisme en Afrique. C’est dans ce contexte général que Youlou développe plus avant ses premières thèses pour le Congo belge. Conseillé par Charles Delarue, alias « Monsieur Charles », l’abbé Fulbert imagine une formule géopolitique pour le bassin du Congo qui mélange ses conceptions bantou et les objectifs de lutte anticommuniste. Lumumba, de son côté, a commencé à faire monter la pression dès le mois de mars 1960, en déclarant que le « grand Congo » serait prêt à accueillir ses frères des Républiques centrafricaine et congolaise. Si l’affaire en reste là, Youlou est pleinement conscient que ses vues politiques dans la zone vont être sérieusement compromises par l’érection du « grand Congo » outre-Pool.

L’abbé Fulbert s’inspire des thèses de la balkanisation d’Houphouët-Boigny et de l’expérience avortée de l’Union des Républiques d’Afrique centrale (l’alliance des quatre Etats issus de l’AEF) pour développer sa stratégie au Congo belge : il s’agit de faire imploser ce grand ensemble, pour promouvoir ensuite une fédération entre des entités plus petites qui en seraient nées. Naturellement, il se réserve le rôle d’arbitre, sinon de président, de cette fédération, dans laquelle le Congo Brazzaville jouerait le rôle de leader.

L’abbé Fulbert s’inspire des thèses de la balkanisation d’Houphouët-Boigny et de l’expérience avortée de l’Union des Républiques d’Afrique centrale pour développer sa stratégie au Congo belge.

Il décide de constituer une alliance la plus large possible contre Lumumba, constitué des forces nationalistes modérées, où qu’elles se trouvent sur l’échiquier politique congolais. Le 21 mai 1960, il invite au palais de Brazzaville Joseph Kasavubu (Abako), Rémy Mwamba, (BalubaKat), Kalondji (MNC Kasaï), Pierre Nyamgwile (Kasaï, sympathisant MNC) et Paul Bolya (président général du Parti national pour le Progrès, PNP). Le champagne est débouché en leur honneur. Ils sont ensuite reçus par Delarue, en sa qualité de conseiller politique de Youlou. Ce dernier propose un projet politique d’union de type fédéral qui se baserait sur six ministères forts, secondés par un certain nombre de secrétariats d’État à déterminer pour constituer un pouvoir fédéral.

L’ensemble des Etats partenaires se regrouperait dans l’Ufac : l’Union fédérale d’Afrique centrale. Si rien n’est décidé à la sortie de la réunion, cette rencontre traduit les possibles alliances entre l’Abako, les nationalistes modérés et les PNP pour faire échec à Lumumba, dont les liens avec Conakry (Sékou Touré) et Accra (Kwame N’Krumah) inquiètent de plus en plus.

Le 30 juin 1960 est proclamée l’indépendance du Congo… sans que les plans de Youlou ne soient plus avancés outre-Pool. Si Kasavubu devient président de la République, c’est Lumumba, en qualité de premier ministre, qui concentre le pouvoir et s’impose comme l’homme fort du pays. Loin d’abandonner sa ligne de conduite, l’abbé entend redoubler d’efforts en travaillant Kasavubu. À Paris, les initiatives politiques de Youlou sont particulièrement appréciées, car Jacques Foccart partage la conviction que la France doit jouer un rôle – certes indirect – dans le Congo Léopoldville. Entre le mois de mai et de juillet 1960, les rapports informels entre Paris et Brazzaville se multiplient : plus exactement, Jean Mauricheau-Beaupré, chargé de mission du secrétariat général de la Communauté et collaborateur de choc de Jacques Foccart, entretient des contacts très serrés avec son « correspondant » désigné par son initiale D.

Derrière cette initiale se cache (si peu) « Monsieur Charles ». La note de Mauricheau à Foccart, datée du 13 mai 1960, est intégralement consacrée à Delarue. Loin d’être un inconnu aux oreilles de Foccart, qui se garde bien de l’admettre, « Monsieur Charles » fréquente depuis la IVe République des personnalités des cercles d’action gaullistes : Michel Debré, le colonel Battesti, Pierre Debizet et un certain Mauricheau connu en Afrique sous le nom de « Monsieur Jean ».

(…) Au début du mois de juillet 1960, revenu à Brazzaville, Delarue adopte dans ses échanges avec Mauricheau un ton plus alarmant, juste après l’indépendance du Congo Léopoldville : la dégradation de la situation politique fait redouter une contagion pour le pré carré français, à commencer par le Congo Brazzaville.

Mauricheau-Beaupré concentre son attention sur le dossier congolais. Dès le 8 juillet 1960, il écrit à Foccart : « Les choses étant ce qu’elles sont aujourd’hui, il semble que nous allons vers des événements sanglants – et que c’est à peu près inévitable. Ce serait le moment d’avoir des moyens sur place, et seulement des moyens (pas des troupes) – parce que je crois que notre ligne de conduite actuelle doit être de trouver des “relais”, afin que ce ne soit pas la France elle-même qui agisse directement. » De fait, le calendrier de la décolonisation du Congo belge s’est rapidement précipité. Une mutinerie de la Force publique éclate la nuit du 5 juillet 1960 à Thysville et Léopoldville. Cette dégradation de la situation est suivie d’une réaction militaire de l’ancien colonisateur belge.

Le 11 juillet 1960, la riche province minière du Katanga (poumon économique du Congo, surnommé le « scandale géologique », qui plonge ses sous-sols dans la Copperbelt africaine) a fait sécession et proclamé unilatéralement son indépendance sous la conduite du docteur Moïse Tshombé, soutenu par des troupes belges, l’Union minière du Haut Katanga (UMHK) et la Société générale belge. Le 12 juillet 1960, le premier ministre Patrice Lumumba en appelle à l’ONU. Les 13 et 14 juillet 1960, à la demande du secrétaire général de l’ONU, Dag Halmmarskjöld, le Conseil de sécurité se réunit pour traiter de la question congolaise : une intervention de l’ONU au Congo est décidée quinze jours à peine après la proclamation de l’indépendance. Le bras de fer commence entre Léopoldville [devenue Kinshasa] et Élisabethville [devenue Lubumbashi], la capitale du Katanga.

Mais dans la foulée de son appel à l’ONU, Lumumba fait également appel à l’URSS, considérant que les puissances occidentales couvrent le coup de force belge au Katanga. C’est là sa principale faute aux yeux du camp anticommuniste : par ce geste, il aurait ouvert les portes de l’Afrique centrale à l’est. Dès lors, il est désigné comme l’ennemi, aussi bien par les Belges pro-katangais que par les Américains qui voient l’ouverture d’un nouveau front de la guerre froide. Dulles, directeur de la CIA, aurait qualifié Lumumba de « Castro en pire ». Loin de s’améliorer avec la création de la mission de l’ONU, la situation congolaise se dégrade un peu plus durant l’été. Le 8 août 1960, c’est l’Etat minier du Sud-Kasaï qui fait à son tour sécession et proclame unilatéralement son indépendance par la voix d’Albert Kalondji, ancien leader du MNC. La jeune République congolaise, en cours d’implosion, devient l’exutoire de la guerre froide en Afrique. »

 * EXTRAIT :

« LA FABRIQUE DES BARBOUZES » : BRAZZAVILLE CONTRE LUMUMBA

 « Officiellement, le mois d’août est celui de l’indépendance pour le Congo-Brazzaville. André Malraux [ministre de la culture français] représente le général de Gaulle aux cérémonies du 15 août 1960. Jacques Foccart est représenté par son conseiller technique, Alain Plantey. Pourtant, derrière les couleurs et les bruits de la fête, une autre pièce se joue en coulisse, bien moins protocolaire : à Brazzaville, les complots en direction de l’ancien Congo belge se multiplient. Avec l’arrivée de Jean Mauricheau-Beaupré, missus dominicus de Foccart en personne, le dossier semble largement entre les mains des « barbouzes » qui s’efforcent de naviguer au mieux des intérêts défendus à Brazzaville dans les méandres de la guerre froide.

André Lahaye, commissaire de la Sûreté belge, et le lieutenant-colonel Louis Marlière, officier belge conseiller du colonel Mobutu, jouent un rôle actif dans les complots anti-Lumumba de part et d’autre du Pool, au mois d’août 1960. Ces hommes sont en contact à Brazzaville avec Charles Delarue et Anthoine Hazoume [conseiller et directeur de cabinet de Youlou, et agent du Sdece]. Une rencontre entre Lahaye et Delarue est attestée dès le 8 août 1960. « Monsieur Charles » et Anthoine Hazoume développent, devant l’agent de la Sûreté belge, leurs thèses pour la lutte anticommuniste au Congo-Léopoldville. Pour eux, Joseph Kasavubu ne peut plus incarner le principal courant d’opposition à Lumumba, car, quoique président de la République, il est politiquement trop faible face à son premier ministre.

Delarue considère le facteur ethnique comme le barrage le plus efficace à Lumumba. Le rapport de Lahaye, rédigé le 9 août 1960 au lendemain de son entretien avec « Monsieur Charles », est sans équivoque : « La seule solution, selon Delarue, est de faire jouer actuellement les particularismes ethniques avec les risques que cela comporte de façon à isoler Lumumba dans son fief de Stan. Avec tous les états qui se sont constitués ainsi, il convient de bâtir une très large fédération (…). Delarue déclare ne pas mener une politique française, mais pro-occidentale, pro-européenne. J’ai eu encore contact avec Hazoume qui m’a fait part de la confiance dans le résultat final, c’est-à-dire l’éviction de Lumumba. »

Dans cette logique, Delarue mise sur le succès d’une sécession Bakongo à la suite de celle de Moïse Tshombé au Katanga. Elle doit trouver en écho celle de Kalondji dans le Sud-Kasaï et celle de Bolikango dans la province de l’Equateur. En effet, depuis le mois de mai 1960 et les rencontres autour de l’Union fédérale d’Afrique centrale (Ufac), « Monsieur Charles » travaille à rallier Kalondji à cette cause.

Dans la zone Bakongo, Delarue, maître en la matière, décide d’agir en s’appuyant sur plusieurs mouvements de jeunesse – notamment celui de l’Abako – et des organisations syndicales. Quant à Bolikango, c’est par l’intermédiaire d’Opangault que Brazzaville établit des contacts. La politique d’ingérence de Youlou à partir de l’été 1960 consiste à assurer la création d’entités territoriales autonomes, dans le cadre d’un Congo fédéraliste.

Le 8 août 1960, parallèlement aux entretiens de Delarue et Lahaye, une délégation katangaise arrive à Brazzaville et y séjourne l’essentiel du mois. Des accords d’alliance sont sans doute établis entre les Etats sécessionnistes du Sud-Kasaï et du Katanga, sous le patronnage de Brazzaville. La délégation katangaise quitte Brazzaville le 20 août, avec les délégués de l’Abako, du Puna de Bolikango, et de la fraction kalondjiste. Déjà se dessine le projet d’alliances sécessionnistes et de confédération congolaise comme axe d’unité anti-Lumumba. L’idée d’une alliance modérée regroupant Tshombé, Kalondji, Iléo, Mobutu, Bomboko et Kasavubu est plus que jamais à l’ordre du jour. L’autorité de l’abbé Fulbert Youlou tend alors à supplanter celle de Joseph Kasavubu, au point que certains voient même la main de Youlou dans le raidissement de Kasavubu à l’égard de son premier ministre Lumumba au début de septembre 1960. Dans un style aussi diplomatique qu’euphémique, Yvon Bourges [haut-commissaire en Afrique équatoriale française] conclut dans ses synthèses politiques : « Brazzaville a offert aux adversaires du régime Lumumba une base fort commode avec l’assentiment du président Youlou et l’aide de son entourage politique. (…) Youlou est un des chefs de la résistance à Lumumba et au communisme et tend sur le plan moral à supplanter Kasavubu accusé de mollesse. (…) Il y a dans son attitude, autour d’un peu de réalité, une part de rêve et une part de jeu. »

« Monsieur Charles », quant à lui, suit personnellement et avec une très grande attention les moindres évolutions de la politique au Congo-Léopoldville. C’est ainsi que le 25 août 1960, il franchit en toute discrétion le fleuve pour aller s’informer par lui-même sur la conférence panafricaine de Léopoldville. Dans sa mission, il trouve le concours de membres de l’Abako et de Fulbert Locko [à la tête du Budes, le service de renseignement créé par « Monsieur Charles » pour l’abbé Youlou]. »

 * 5E EXTRAIT :

« LA FABRIQUE DES BARBOUZES » : LES HORIZONS CONGOLAIS DU COLONEL NASSER

 « « Tard venue dans l’arène congolaise, la RAU [République arabe unie, nom de l’Egypte nassérienne] mène une grande activité dans le pays et soutient, par tous les moyens, Lumumba et ses partisans (…). L’action de la RAU au Congo apparaît enfin de façon incontestable et se découvre particulièrement importante. » Le mouvement n’a pas échappé au Sdece à Brazzaville, ainsi qu’en témoigne cet extrait de note de renseignement. Avec la fermeture des ambassades soviétique et tchécoslovaque, principaux nids d’espions de l’Est, c’est désormais le colonel Gamal Abdel Nasser qui se fait le relais de la politique anti-occidentale. Aux yeux de Paris, l’affaire est d’autant plus grave que Nasser est le principal soutien politique et militaire du FLN dans la guerre d’Algérie.

Par-delà Patrice Lumumba, les Egyptiens parient sur Antoine Gizenga [vice-premier ministre en 1960 et chef du gouvernement de la rébellion en 1961], retranché à Stanleyville [devenue Kisangani]. Ils poussent le premier ministre déchu à fuir Léopoldville [devenue Kinshasa], où il est placé en résidence surveillée, pour rejoindre Stanleyville.

Le Service technique de recherche (STR) du Sdece à Brazzaville met sur écoute l’ambassade égyptienne de Léopoldville, et très rapidement les transcriptions abondent entre les mains des barbouzes « Monsieur Maurice » et de « Monsieur Charles ». La nature de l’assistance égyptienne au gouvernement congolais est très variée. L’ambassadeur de la RAU à Léopoldville résume la mission égyptienne de manière fort claire : « Notre devoir est de donner à Lumumba l’occasion de bouger. [L’Égypte] travaille pour consolider la position de Lumumba afin qu’il puisse montrer ses exigences à n’importe quel moment. »

L’action nassérienne est inscrite dans un calendrier très précis : à l’automne 1960 se tient la XVe session ordinaire de l’assemblée des Nations unies. Le Caire entend se faire le porte-voix de Lumumba à la tribune de l’ONU, au nom du groupe afro-asiatique. A cette même session, une attaque en règle est programmée par le groupe afro-asiatique contre la politique algérienne de la France, elle sera enrayée au mois de décembre avec le concours des alliés africains de la France, suivant les consignes de Félix Houphouët-Boigny. Parallèlement, l’ambassade de RAU à Léopoldville sert de relais principal entre Lumumba et la diplomatie soviétique dans le tiers-monde.

Les représentants égyptiens investissent pleinement le domaine de la diplomatie parallèle. Les conseillers égyptiens cherchent à intégrer le cercle le plus intime de l’entourage de Lumumba aux côtés des conseillers guinéens, tandis que des officiers viennent encadrer des éléments de l’armée nationale congolaise pour la fidéliser à Lumumba, et que les agents des services spéciaux égyptiens infiltrent le Congo sous différentes couvertures. L’ambassade joue même au besoin le rôle de bailleur de fonds pour Lumumba. Fin octobre, Lumumba fait une demande à l’ambassadeur de RAU en vue d’obtenir des cadres militaires et de l’armement. L’idée finale est la suivante : procéder à l’exfiltration de Lumumba sur Stanleyville et faire du fief gizengiste le nouveau bastion de lutte, appuyé par les forces anti-impérialistes.

Dans son action, la RAU collabore avec le Ghana de Kwame N’Krumah, qui est également un grand adversaire de la politique française en Afrique comme en Algérie. Le rôle très actif de Welbecq, l’ambassadeur ghanéen à Léopoldville, est percé à jour par les services occidentaux. Au Congo ex-belge, l’affaire est officiellement dévoilée lorsque plusieurs documents sont saisis sur Lovelac Mensah, troisième secrétaire de l’ambassade du Ghana et agent de liaison entre Welbecq et Lumumba, alors qu’il allait rentrer au domicile de ce dernier.

Au fil des jours, la situation se fait de plus en plus critique , comme en témoigne le télégramme égyptien du 17 novembre 1960 intercepté par Brazzaville : « Considérant situation grave pour Afro-Asiatiques ambassadeur RAU Léo propose plan suivant – Stop – Organiser front combattant unifié englobant nationaux et leaders province orientale Kivu Kasaï Léo – Stop – Donner aide morale et matérielle y compris armement – Stop – Autrement dit diviser Congo en front national et front colonialiste soit faire Congo deuxième Algérie – Stop – Pousser affaire jusqu’au bord d’une guerre mondiale – Stop – Ceci implique – Stop –

(…)  Mais derrière le ton alarmiste de ce télégramme, les « barbouzes » ont une conception réaliste de la situation géopolitique et ils s’efforcent de lire entre les lignes.

Dans le théâtre d’ombres qu’est devenu le Congo en pleine guerre froide, ils ont bien conscience que Nasser ne veut à aucun prix d’un embrasement général du conflit ; le Raïs en vient même à adopter des positions parfois contradictoires dans le dossier congolais. Ils décident de le prendre de vitesse et d’empêcher la constitution d’une « voie sacrée » africaine qui permettrait d’alimenter le fief de Gizenga : « Monsieur Charles », prenant connaissance de ce télégramme, décide d’agir en priorité sur le trafic d’armes égyptien. S’il est impossible d’agir au départ en RAU, ou à l’arrivée, dans le fief gizengiste de la province orientale, il reste toutefois une marge de manœuvre : les armes doivent transiter par le Soudan. C’est sur ce maillon que vont agir les « barbouzes » français pour porter un grave coup à l’assistance égyptienne.

Depuis 1959, le gouvernement général colonial français à Brazzaville a accordé sa protection à des mouvements nationalistes du Sud Soudan, chrétiens, en lutte contre le pouvoir de Khartoum. « Monsieur Charles » va rencontrer « Raphaël », son contact de l’organisation des exilés soudanais au Congo, pour discuter avec lui de la situation (…) La menace est efficace et prise au sérieux : le trafic d’armes à travers les frontières soudanaises cesse à la suite de ce message. Brazzaville mène sa guerre couverte sur les frontières, autant sinon qu’au Congo ex-belge : à Léopoldville « Monsieur Charles » s’efforce, par le biais de son contact abakiste Philémon et avec l’aide des organisations abakistes qui battent le pavé, de maintenir l’option Joseph Kasavubu à côté de Mobutu.

Contrairement aux idées reçues, les « barbouzes » ont tiré les leçons des guerres coloniales et de leur longue lutte anticommuniste : en adeptes de la guerre psychologique, ils savent que la guerre ne se gagne pas que sur le terrain, mais aussi sur la scène internationale. Et qui mieux que le très actif Youlou pour prendre la parole publiquement, comme médiateur de crise ? »

 EODE / LM (Coordination) / 2015 05 19 /

 Carte : crédit Jean-Pierre Bat.

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