L’EURASIE EN MARCHE (III) : LA POLITIQUE AGRESSIVE DE TRUMP RESSERRE LES RANGS DE L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI AUTOUR DE L’AXE MOSCOU-PEKIN

 

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2018 06 07/

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L’Eurasie en marche s’unifie autour d’un bloc continental géopolitique et géoéconomique, dont je parle souvent, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un bloc politique, économique et sécuritaire, dont Moscou et Pékin sont le cœur …

I – L’ACTUALITE DE L’OCS

Les États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) vont organiser un exercice militaire conjoint en Russie en septembre pour promouvoir la confiance mutuelle et la coopération.

« LA MISSION DE PAIX 2018 » :

EXERCICE MILITAIRE DE L’OCS EN RUSSIE EN SEPTEMBRE PROCHAIN

L’exercice militaire conjoint, baptisé « la Mission de paix 2018 », se concentrera sur la prévention des attaques terroristes et le démantèlement des réseaux terroristes. Il se tiendra entre la fin du mois d’août et la première semaine de septembre dans les montagnes de l’Oural en Russie, rapporte le correspondant de ‘Fars News’ à Bichkek.

Plus de 3 000 soldats et 500 véhicules blindés des armées des pays membres participeront à l’exercice militaire conjoint, auquel l’Inde et le Pakistan prendront part pour la première fois.

New Delhi et Islamabad ont rejoint l’OCS en juillet 2015. Même si l’Inde, travaillée par Israël et la France atlantiste de Macron, reste le maillon faible de l’OCS (1).

L’exercice suivra le 18e sommet de l’OCS, prévu ces 9 et 10 juin dans la ville portuaire de Qingdao, appartenant à la province du Shandong, dans l’est de la Chine.

L’OCS a été créée en 2001 par les membres fondateurs, à savoir la Chine, la Russie, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan.

L’organisation s’est depuis étendue à l’Inde, au Pakistan et à l’Ouzbékistan. La République islamique d’Iran, l’Afghanistan, la Mongolie et la Biélorussie sont maintenant membres observateurs de cette organisation. L’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Népal, le Cambodge, la Turquie et le Sri Lanka sont des États partenaires qui participent aux discussions de l’OCS.

MOSCOU ET PEKIN RESSERRENT LES RANGS DEVANT WASHINGTON

« La stratégie de sécurité nationale de Trump a poussé plus que jamais la Russie vers la Chine dans la mesure où les deux pays sont résolus à impulser un nouvel élan à leurs échanges à tous les niveaux » expliquait un expert chinois à ‘Xinhua’.

‘Associated Press’ a publié ce 6 juin un article dont le sujet principal pivote autour « du fossé significatif qui se creuse de jour en jour entre la Russie et les États-Unis, après l’annonce par Trump de la nouvelle stratégie de sécurité nationale de la Maison Blanche » qui présente « la Russie et la Chine comme les plus grandes menaces contre la sécurité américaine ». Cela a poussé la Russie à se tourner encore une fois vers son allié traditionnel en Asie, depuis la fin de la Guerre froide, au point que seul, un mois après sa reconduction au poste de président de la fédération de Russie, Poutine se prépare pour une visite officielle à Pékin. « Il est évident que la pression croissante des États-Unis attire de plus en plus les deux pays ».

A vrai dire, la Stratégie de sécurité nationale de Trump qui décrit les deux pays comme les adversaires de l’Amérique, a laissé Moscou et Pékin se rapprocher et développer leur coopération économique, politique et militaire. Ils cherchent également à renforcer l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’organisation intergouvernementale et régionale, noyau de l’unification eurasiatique, qu’ils ont créé.

UNE FORTE RELATION PERSONNELLE ENTRE LE PRESIDENT POUTINE ET SON HOMOLOGUE CHINOIS XI JINPING

« Le rapprochement Russie/Chine est motivé par une forte relation personnelle entre le président Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, considéré comme le dirigeant chinois le plus puissant depuis Mao Zedong. Les deux hommes politiques se sont jusque rencontrés 25 fois dont seuls, cinq fois se sont faits en 2017 », a expliqué le conseiller du président russe Iouri Ouchakov. Les deux dirigeants misent sur des contrôles de sécurité très stricts et sur une totale emprise sur le pouvoir: le président chinois restera indéfiniment au pouvoir et Poutine, le plus ancien dirigeant russe depuis Josef Staline, a remporté un nouveau mandat de six ans.

Un expert russe de la politique étrangère à Moscou, Fiodor Loukianov (de tendance libérale), fait allusion aux excellents rapports ente Poutine et Xi, en ajoutant qu’ « ils ont des horizons d’attente similaires et partagent une vision commune ».

POURQUOI LA RUSSIE S’ELOIGNE DE L’OCCIDENT POUR SE RAPPROCHER DE LA CHINE ?

Poutine s’est rapproché de la Chine après une forte baisse des relations avec l’Occident à cause du retour de la Crimée à Moscou en

2014 et le soutien aux séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Il y a par ailleurs une deuxième raison pour expliquer les rapports insécables de ces deux pouvoirs mondiales: Moscou se tourne de plus en plus vers Pékin pour le commerce et l’investissement suite aux vagues de sanctions occidentales ciblant son secteur énergétique vital et ses industries militaires. Des mesures punitives anti-russes visent à limiter l’accès du pays aux marchés financiers mondiaux.

SANCTIONS US: LA RIPOSTE RUSSE ?

En Russie, la Douma adopte le projet de loi sur des contre-sanctions à l’égard des États-Unis.

Les espoirs russes pour embellir les relations avec les États-Unis sous le président Donald Trump se sont tous estompés, en même temps que les frictions entre la Chine et Washington se sont accentuées à cause de la guerre commerciale des États-Unis contre la Chine et les dissensions au sujet de la souveraineté de la mer de Chine méridionale.

Dans une déclaration inhabituelle, le nouveau ministre chinois de la Défense, le général Wei Fenghe, a déclaré en avril qu’il avait choisi la Russie pour son premier voyage à l’étranger, un signal à Washington pour lui signifier les liens militaires de plus en plus étroits entre Moscou et Pékin.

Quoi qu’il en soit, toutes les initiatives entreprises par le clan Trump pour isoler la Russie et freiner la Chine n’a eu pour conséquence que de pousser les parties en lice à montrer leurs muscles.

II – AU CŒUR DE L’EURASIE EN MARCHE :

L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI

Autour de la Russie et de la Chine – toute aussi inquiète des prétentions de Washington en Eurasie – se reconstitue un pôle de puissance, géopolitique, économique et militaire, qui dresse à nouveau sur l’Espace ex-soviétique, additionné de la Chine, une grande puissance capable de rivaliser avec Washington et son bras armé militaire l’OTAN :

– le noyau central c’est Organisation de coopération de Shanghai (OCS

: Russie, Kazakhstan, Kirghizie, Chine, Tadjikistan et Ouzbékistan. Le Pakistan, l’Iran, l’Inde et la Mongolie y ont le statut d’observateur, la Chine et la Russie y jouent des rôles clés),

– une seconde organisation, purement militaire, existe en son sein autour de Moscou, l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC de la Communauté des Etats indépendants, alliance militaire du type de l’Organisation du Traité de Varsovie ou de l’OTAN). L’un des objectifs principaux de l’OTSC est précisément d’assurer la « souveraineté énergétique » des pays membres de cette organisation.

POURQUOI L’OCS FAIT PEUR A WHASHINGTON ?

L’OCS, elle est un bloc qui effraye Washington et l’OTAN. « A l’échelle globale, c’est une association puissante. Les membres de l’organisation occupent les trois cinquièmes du territoire de l’Eurasie, comptent un quart de la population de la planète et ont un PIB total de 2500 milliards de dollars », commentait le ‘Voenno-Promychlenny Kourier’ (dès le 11 octobre 2006). Compte tenu de l’adhésion possible de nouveaux membres, l’OCS disposera de ressources humaines immenses (3 milliards de personnes), de la moitié des réserves mondiales de pétrole et de gaz et de moitié environ du potentiel défensif accumulé sur le globe terrestre.

Outre l’intégration économique (l’organisation projette la libre circulation des marchandises, des capitaux, des technologies et des services d’ici vingt ans), non moins importante s’avère l’intégration militaire (…) Réuni fin septembre 2006 à Pékin, le Conseil de la Structure antiterroriste régionale de l’OCS avait alors confirmé que les six pays initiaux avaient institué leur organisation « non seulement en vue du développement et de la coopération économiques mais aussi pour assurer leur sécurité et accomplir des tâches géopolitiques ».

L’intégration militaire et la géopolitique énergétique des six Etats de l’OCS a déjà “effrayé” les Etats-Unis dès le début du siècle, au point que le sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Asie centrale et l’Asie du Sud sous Bush II, Richard Boucher, avait fin 2005 exhorté l’OCS, au nom de l’administration Bush, « à renoncer aux déclarations géopolitiques pour se concentrer sur l’économie ». L’OCS et les Etats-Unis et aussi, dans un certain sens, l’OTAN sont, de fait, des rivaux géopolitiques.

L’INTEGRATION MILITAIRE DE L’OCS

Ajoutons que l’OCS et l’OTSC mènent une politique d’intégration au niveau militaire. A l’été 2007, ces deux organisations ont procédé à leurs premiers exercices tactiques conjoints. « L’OTSC et l’OCS rassemblent presque la moitié de la population du globe. Par leur influence au sein de l’ONU et d’autres organisations internationales, elles peuvent rivaliser avec les Etats-Unis et les pays de l’OTAN, ce que beaucoup de responsables politiques des pays en question n’apprécient guère, analysait alors ‘Ria Novosti’.

Résultat: Bruxelles a toujours refusé d’accepter la proposition de l’OTSC l’invitant à coopérer dans la lutte contre l’afflux de drogue afghane, même si beaucoup de pays membres de l’OTSC partagent une frontière commune avec l’Afghanistan, et que les efforts conjoints de l’OTAN et de l’OTSC seraient plus utiles que les actions disparates.

Toujours est-il que l’OTAN ne considère pas l’OTSC comme un partenaire égal. Or, Moscou s’en soucie peu ».

LES DEUX BLOCS AU CŒUR DE LA « NOUVELLE GUERRE FROIDE 2.0 »

Entre ces deux blocs, qui sont de facto des rivaux géopolitiques, s’esquisse une confrontation de plus en plus ouverte. Les analystes parlent ouvertement, et avec raison à mon sens, de « nouvelle Guerre froide 2.0 » (2). Une situation perceptible dès les Années 2006-2008.

« Les conflits qui éclatent pour diverses raisons avec les plus proches voisins (les pays baltes et ceux de la CEI), et sur de nombreux problèmes avec les Etats-Unis, les pays et les structures de l’Union européenne sont devenus ces derniers temps une constante de la politique étrangère russe. Ces conflits sont interprétés à l’intérieur du pays comme un témoignage du retour de la puissance d’antan qui semblait être perdue à jamais », commentait le quotidien russe (libéral) ‘Kommersant’ dès 2006.

SPHERES D’INFLUENCE ET CONTRONTATION EST-OUEST

En réponse à cette situation de crise, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov, un proche de Poutine, avait proposé en 2006 de « diviser le monde entre l’Organisation du Traité de sécurité collective

(OTSC) et l’OTAN ». Selon lui, « la mise au point d’un mécanisme de coopération entre l’OTAN et l’OTSC, puis la délimitation nette des sphères de responsabilité, contribueront au renforcement de la sécurité internationale ». « La proposition de Sergueï Ivanov ramène à l’époque de la confrontation entre l’OTAN et les pays du Pacte de Varsovie », ajoutait alors ‘Kommersant’. Prévision qu’a confirmé en tous points la décennie suivante …

NOTES :

(1) Sur les rapports difficile Inde-Pakistan et OCS, Lire sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY :

* L’APPEL DE L’EURASIE EN MARCHE :

L’ADMINISTRATION TRUMP EST-ELLE EN TRAIN DE PERDRE LE PAKISTAN AU PROFIT DE PEKIN (ET DE MOSCOU) ?

sur http://www.lucmichel.net/2018/01/08/luc-michels-geopolitical-daily-lappel-de-leurasie-en-marche-ladministration-trump-est-elle-en-train-de-perdre-le-pakistan-au-profit-de-pekin-et-de-moscou/

* L’APPEL DE L’EURASIE EN MARCHE (II) :

LE PAKISTAN SE TOURNE VERS L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI

sur http://www.lucmichel.net/2018/03/16/luc-michels-geopolitical-daily-lappel-de-leurasie-en-marche-ii-le-pakistan-se-tourne-vers-lorganisation-de-cooperation-de-shanghai/

* CONTRADICTIONS INTERNES AU SEIN DES BRICS ET DE L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI (II): L’ATTRACTION FATALE DE L’INDE POUR WASHINGTON ET TEL-AVIV

Sur http://www.lucmichel.net/2018/02/22/luc-michels-geopolitical-daily-contradictions-internes-au-sein-des-brics-et-de-lorganisation-de-cooperation-de-shanghai-ii-lattraction-fatale-de-linde-pour-was/

* GEOPOLITIQUE DE L’OCEAN INDIEN (II) : EN INDE MACRON POISSON-PILOTE DE LA POLITIQUE ANTI-CHINOISE DES USA DE TRUMP

sur http://www.lucmichel.net/2018/03/13/luc-michels-geopolitical-daily-geopolitique-de-locean-indien-ii-en-inde-macron-poisson-pilote-de-la-politique-anti-chinoise-des-usa-de-trump/

(2) Sur la « nouvelle Guerre froide 2.0 », Voir sur EODE-TV/ LUC MICHEL:

RETOUR A LA GUERRE FROIDE 2.0 SOUS LA PRESIDENCE TRUMP (PARTIE I)

sur https://vimeo.com/209006003 LUC MICHEL:

RETOUR A LA GUERRE FROIDE 2.0 SOUS LA PRESIDENCE TRUMP (PARTIE II) sur https://vimeo.com/209002742

(Sources : Fars News – Kommersant – Xinhua – Associated Press – EODE Think Tank)

Photo:

Les véhicules blindés chinois et russes lors des exercices militaires des pays membres de l’OCS.

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :

Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme (Vu de Moscou et Malabo) :

PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/

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* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :

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L’EURASIE EN MARCHE (III) : LA POLITIQUE AGRESSIVE DE TRUMP RESSERRE LES RANGS DE L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI AUTOUR DE L’AXE MOSCOU-PEKINultima modifica: 2018-06-09T22:28:58+02:00da davi-luciano
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