DEBAT : Y A-T-IL UN ‘PARTI DE LA GUERRE’ A WASHINGTON ET TEL-AVIV ?

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2018 05 30/

LM.GEOPOL - Débat parti de la guerre (2018 05 30) FR 3

« La Géopolitique, je le dis, et c’est une affirmation personnelle, est la science majeure du XXIe siècle. Au XIXe siècle, la science majeure était l’économie politique. L’économie politique de Marx.

L’économie politique de Friedrich List qui est le père du Nationalisme économique. La science également d’Adam Smith, le père du libéralisme.

A l’époque, l’économie politique expliquait le monde. Aujourd’hui, et vous pouvez faire le tour des laboratoires idéologiques, il n’y a que la Géopolitique qui explique le monde. Mais il faut que cela soit une Géopolitique scientifique. Il faut que cela soit une Géopolitique pragmatique. Actuellement, la Géopolitique est passée du statut de science maudite en 1945, en un ornement du discours de la plupart des commentateurs politiques »

– Luc MICHEL (Colloque d’Abidjan sur le Panafricanisme, avril 2016).

# Ce débat, ouvert avec nos Cdes du Québec, a un intérêt qui va bien au-delà de son point de départ conjoncturel (la crise ouverte entre Trump et l’Iran) parce qu’il aborde des thématiques fondamentales comme : la nature de l’impérialisme, le stade ultime de l’impérialisme américain, la nature de « l’empire américain » (Rome ou Carthage ?), la façon dont son oligarchie WASP le gouverne, la globalisation américaine, la science capable de « lire » et de « prévoir » le Monde actuel (de l’Economie politique à la Géopolitique), le rôle que jouent les hydrocarbures dans l’impérialisme, ce que sera (ou pourra être) la IIIe Guerre mondiale inévitable (c’est la « paix » relative actuelle qui est anormale) …

Extrait de la critique (marxiste classique) des ‘7 du Québec’ (1) :

« Nous reproduisons ci-dessous une série d’entrevues que Luc Michel a donné sur  Press-TV Iran portant sur le retrait de l’administration américaine de l’accord sur le nucléaire iranien. Cependant, nous ne partageons pas l’opinion qu’il y aurait un parti de la guerre américano-israélien.  Une telle vision de l’affrontement entre les différentes puissances économiques mondiales mystifie les sources du conflit qui ne sont pas idéologique, ethnique, religieux, pas même politique mais strictement économique. La différence entre l’administration Obama et l’administration Trump dans l’affrontement au Moyen-Orient est purement tactique. Obama-Clinton pensait pouvoir déstabiliser cette contrée par une guerre limitée contre DAESH,  leur créature maléfique, et contre la Syrie, l’alliée de la Russie, alors que l’administration Trump croit que c’est en s’attaquant à la puissante Iran qu’elle atteindra ses objectifs de faire monter le prix du pétrole. »

MA REPONSE :

DEUX VISIONS DU MONDE NON PAS ANTAGONISTES MAIS SUR DEUX PLANS DIFFERENCIES …

Nous avons ici deux positions diamétralement opposées. Non pas qu’elles s’opposent mais parce que qu’elles s’expriment sur deux plans différenciés, deux univers qui correspondent à deux époques …

LA GEOPOLITIQUE SCIENCE MAJEURE DU XXIe SIECLE

Les guerres pour le pétrole ou les matières premières, ou encore la conquête des marchés, sont la marque des deux siècles passés. V. I.

Lenine et son « Impérialisme stade suprême du capitalisme » a eu raison pendant tout le XXe siècle (2) (3).  Mais aujourd’hui l’économie n’explique plus tout. On notera que l’éditorialiste québecquois évoque des « sources du conflit (…) idéologique, ethnique, religieuse, politique, strictement économique ». Mais que la Géopolitique en est absente (science naissante au XIXe siècle, qui connaît une nouvelle vie depuis la fin des Années ’70).

L’Economie politique a été la Science du long XIXe siècle (de 1815 à 1918), celle de Marx, mais aussi de Adam Smith ou de Friedrich List (théoricien du « Nationalisme économique). Et elle explique encore largement le court XXe siècle. Mais l’Economie politique n’est plus la science du XXIe siècle. La science du XXIe siècle c’est précisément la Géopolitique ! Elle seule explique le monde présent. (4) Et ce nouveau siècle, s’il ne néglige pas les enjeux économiques (mais soumis aux impératifs géopolitiques, la Géoéconomie est une sous-division de la Géopolitique), voit surtout des guerres pour des enjeux de puissance géopolitique pure.

QUELLE EST LA VERITABLE NATURE DU SYSTEME AMERICAIN ?

Par ailleurs, les USA sont un système dirigé par une élite globale – oligarchique, financière, politique, militaire – (l’étude de l’oligarchie carthaginoise – Washington étant, après Londres, la nouvelle Carthage – lors des guerres puniques, affrontement géopolitique historique, est révélatrice du fonctionnement de la Thalassocratie US).

Mais cette oligarchie a ses factions, au-delà des éléments de cohésion du système US (qui est encadré de manière bi-partisane et au niveau du Congrès et des agences fédérales, les présidents passent, le Système avance). La faction Obama-Clinton-Sorös avait des intérêts fondamentaux (et non pas « tactiques ») divergents de la coalition qui a porté Trump au pouvoir, syndic de ces lobbies. Jusqu’à tenter une « révolution de couleur » aux USA, la « Purple Revolution ») (5).

Précisément, ces deux fractions de l’oligarchie divergeaient sur l’Iran. Et c’est bien un « parti de la guerre » (Likoud, lobby pro-israélien US AIPAC, lobby militaro-industriel, généraux faucons anti-iraniens et anti-russes du Pentagone, neocons), voulant celle-ci, qui a porté Trump au pouvoir.

LA TENTATION D’UN « BANCO GEOPOLITIQUE »

Cette fraction de l’Oligarchie yankee (WASP) croit qu’elle dispose d’une fenêtre d’opportunité pour tenter ce que j’appelle un « banco géopolitique » : un « nouveau XXIe siècle américain ». Lire George Friedman, l’ancien patron de Stratfor, qui dans son livre « The Next Hundred Years » (6) explique cyniquement, froidement, ce programme de domination mondiale (7).

Ce qui permet cette « fenêtre d’opportunité » (de 10 à 15 ans), ce sont les moyens renforcés dont dispose l’impérialisme américain (centre de force à la fois du Bloc atlantiste, de la globalisation – je dis que la Globalisation US est le stade ultime de l’impérialisme, qui passe à sa phase universelle (lire le Jünger de « L’Etat Universel » (8) – et de l’économie dollarisée). Les thèses dites « déclinistes » (Emmanuel Todd, Tony Negri et cie et leur « fin de l’empire ») n’avaient pas prévu ces moyens renforcés qui redonnent aux USA les moyens de la domination mondiale. Outre une grille d’analyse erronée, qui confond les USA et l’Empire romain, alors que Washington c’est la « nouvelle Carthage » (9) …

LES CONSEQUENCES GEOPOLITIQUES DE LA « REVOLUTION DES HYDROCARBURES DE SCHISTE » EN AMERIQUE DU NORD

D’ou viennent ces moyens renforcés : de la production des hydrocarbures de schiste (rendue rentable au prix d’un immense saccage écologique à courte vue), pétrole (qui sert au marché interne) et surtout gaz. Dont les USA sont aujourd’hui le premier exportateur mondial. D’où un « nouveau marché mondial des hydrocarbures » dominés par les USA (10) (qui contrôlent aussi le Canada ultra-libéral), qui en fixent les prix (ils sont devenus le « swinging state »).

ET précisément la stratégie US n’est pas du tout de « faire monter le prix du pétrole ». MAIS au contraire de le maintenir bas. Ce qui anémie les économies de ses ennemis, qui sont majoritairement des états pétro-gaziers : Russie, Iran, Vénézuela, Républiques ex-soviétiques liées à Moscou, pays africains (qui veulent s’émanciper via le Néopanafricanisme – le cœur de celui-ci étant la Guinnée Equatoriale et le Tchad -, et sont suivis par certains de leurs voisins). Ce ne sont pas les USA qui veulent le retour à des prix forts des hydrocarbures, ils ont au contraire tout fait depuis dix ans pour les faire s’effondrer dans le cadre de leurs guerres économiques.

Mais les ennemis des USA : Russie qui a tenté de relancer l’OPEP (allant jusqu’à s’allier avec Riyad) et rêve d’une « OPEP du Gaz », états pétroliers avec la nouvelle OPPA (11).

DES ANNEES DECISIVES

Il y a en géopolitique comme en politique des “années décisives”

(selon les termes de Spengler). Nous sommes entrés dans une décennie décisive. C’est la volonté de Washington d’engager un cycle historique dont le but est de faire du « 21e siècle un nouveau siècle américain ». Selon les termes mêmes, et identiques, de tous les géopolitologues et idéologues américains, que ce soit Georges Friedman de STRATFOR (dans son LES CENT PROCHAINES ANNEES) ou les Neocons (dans la ligne du manifeste du PNAC, le « Project for a New American Century ») de retour sur le devant de la scène.

La machine américaine s’est donc lancée dans une logique de confrontation avec ses deux grands ennemis désignés : Russie et Chine.

Et l’Iran, si il est l’ennemi principal de Tel-Aviv, n’est qu’une cible secondaire vu de Washington, pour atteindre la Russie. Et dans le même mouvement une vague de changements de régime a été planifiée, en Eurasie et en Afrique, via la machinerie bien réglée des « révolutions de couleur ». Ce qui est la continuation de la guerre par les moyens de la politique, les stratèges de Washington ayant inversé la perspective de Clausewitz … Le temps nous est partout compté. Une décennie décisive dit-on à Washington. Ne sous-estimons pas l’ennemi, il progresse partout, fort de nos faiblesses, fort de notre désunion, fort de nos atermoiements. Sa « doctrine de Monroe » il l’a proclamée il y a deux siècles déjà, son unité économique, financière et politique, il l’a faite il y a 150 ans déjà. Ce sont ses flottes, ses armées, ses bases, ses alliances politico-militaires qui dominent le monde.

L’Amérique de Trump, qui de son point de vue (il faut lire les médias conservateurs US et israéliens, et pas se bercer au « ronronnement » des médias russes ou iraniens) est en train de réussir son pari ou plutôt celui de ceux qui l’ont choisi (mais c’est aussi l’avis des médias likoudniks israéliens) (12), a besoin de la guerre pour réussir son pari. Ou plutôt d’une série de guerres. Ajoutons pour conclure que si la Guerre a ruiné l’Europe ou l’URSS, elle a fait lors des deux guerres mondiales la prospérité des USA. Et à nouveau lors de la guerre froide. La course à la guerre et aux armements réouvre déjà les usines de Chicago ou de Pittsburg …

NOTES ET RENVOIS :

(1) Voir sur ‘Les 7 du Québec’ (très influent site québecquois, une gauche marxiste, mais ouverte) : LE PARTI DE LA GUERRE

AMÉRICANO-ISRAELIEN: COMMENT CHANGER LE RÉGIME EN IRAN,

sur http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/le-parti-de-la-guerre-americano-israelien-comment-changer-le-regime-en-iran/

Je suis moi post-marxiste, aux confluents de deux grands courants, l’Ecole néo-machiavélienne (notamment la science politique de Machiavel et la sociologie politique de Pareto, Roberto Michels, etc) et du Marxisme-Léninisme. Le grand Gramsci s’inscrit dans la même filliation avec son « parti révolutionnaire Prince collectif ». Je mène une analyse froide, sans passion superflue, sans tomber dans les pièges de l’idéologie, de la propagande ou de l’histoire partisane.

(2) La Théorie léniniste de l’impérialisme, telle que nous l’avons révisée au milieu des Années ’60, reste un concept opérationnel pour l’organisation de la lutte mondiale. Mais elle n’explique plus le monde du XXIe siècle.

Notre Ecole géopolitique a développé depuis les années 60 une autre théorie de l’impérialisme qui prend en compte la question ouest -européenne et qui prône donc non plus une tricontinentale mais un « front quadricontinental » contre l’impérialisme et l’exploitation.

La base de notre révision tient dans une analyse correcte de la subordination de l’Europe à l’impérialisme américain. L’Europe est « le deuxième poumon de l’impérialisme américain » et si on retire la puissance industrielle et militaire de l’Europe occidentale, on fait à nouveau des Etats-Unis une puissance régionale de second ordre. Notez qu’un géopoliticien américain, Zbigniew BRZEZINSKI développe exactement la même thèse dans LE GRAND ECHIQUIER (1997).

Au début des années 80, nous animions l’ « Ecole euro-soviétique de géopolitique ». Nous voulions une « Grande-Europe de Vladivostok à Reikjavik » (en Islande, donc sur l’Atlantique), organisée autour de Moscou comme capitale et s’opposant à l’hégémonie atlantique de la grande puissance maritime que sont les USA, héritière de l’impérialisme anglo-saxon britannique. C’est cette idée qui est la base de l’Eurasisme actuel, tel qu’il existe en Russie. C’est un enfant naturel de notre théorie qui a été conçue au début des années 80.

Nous avons depuis élargi notre vision avec « l’Axe Eurasie-Afrique », tout simplement parce que la caractéristique de la géopolitique c’est que la nécessité pour un état de rester indépendant requiert des dimensions de plus en plus grandes.

* Sur notre ecole géopolitique – de la « Grande-Europe » (1964) à « l’Axe Eurasie-Afrique » (2013), en passant par « l’Ecole géopolitique euro-soviétique » (1982-91) et « l’Axe Paris-Moscou » (1992) – :

Cfr. PCN-TV /

NOTRE ECOLE GEOPOLITIQUE ET SA VISION DU MONDE (PARLONS DE NOUS – 1) / LUC MICHEL VOUS EN DIT PLUS – 002

sur http://www.lucmichel.net/2015/02/22/pcn-tv-notre-ecole-geopolitique-et-sa-vision-du-monde-parlons-de-nous-1-luc-michel-vous-en-dit-plus-002/

(3) Nous avions d’ailleurs introduit cette théorie dans les années 90 en Libye et Mouammar Kadhafi définissait la Libye « comme un pont entre l’unification africaine et l’unification européenne », les deux devant se dégager ensemble de l’impérialisme américain, et c’est à nouveau notre conception, la Méditerranée servant de point de rencontre et de « Mare nostrum » (comme au temps des romains) entre les unifications panafricaine et paneuropéenne agissant en symbiose.

La destruction de la Jamahiriya libyenne et la sujestion de l’Union Européenne maintenant complètement vassalisée aux États-Unis via l’OTAN (qui n’est pas le « bouclier de l’Europe » mais son harnais) n’ont pas du tout rendu cette théorie obsolète, elle est toujours valable pour les rapports futurs entre l’Eurasie et l’Afrique.

* Cfr. Luc MICHEL, « VISIONARY AFRICA », DIALOGUE DES CULTURES ET COOPERATION ENTRE LES UNIONS EUROPEENNE ET AFRICAINE !, in LIBYA NEWS & FACTS, bulletin du CEREDD, N° 2.150, 10 octobre 2010, En Pdf

sur : http://ceredd.free.fr/accueil.htm

Sur l’influence du PCN dans la Jamahiriya :

Le « 3e Congrès des Géopoliticiens polonais » – III Zjazd Geopolityków Polskich –, organisé à Wroclaw (Pologne, 21 et 22 octobre 2010), a été l’occasion d’une brillante intervention de Kornel SAWINSKI intitulée « ZNACZENIE LIBII W GEOPOLITYCZNYCH KONCEPCJACH NACJONAL-EUROPEJSKIEJ PARTII KOMUNITARNEJ (PCN) », « La Libye dans les concepts géopolitiques du PCN ». Géopolitologue, sociologue, analyste à l’ « Europejskiego Centrum Analiz Geopolitycznych », Sawinski est Doctorant à l’Uniwersytetu Śląskiego – Université de Silésie –, il prépare une thèse sur « Les idées géopolitiques de Jean Thiriart ».

Le géopoliticien et chercheur polonais développe longuement dans « La Libye dans les concepts géopolitiques du PCN » l’action générale transnationale du PCN et la mienne pendant plus de 25 ans, amplifiée et continuée dans celle du MEDD-MCR (le réseau pan-européen du MCR libyen, resté organisé en Europe). Ainsi que ses fondements dans l’action du géopoliticien et théoricien paneuropéen Jean THIRIART dans les années 60. Il expose le rôle important et influent joué par l’Organisation transnationale du PCN en tant qu’Ecole de pensée et « think tank » (comme l’entend la politique anglo-saxonne).

Enfin, il en arrive au cœur de son exposé : les liens tissés avec la Jamahiriya libyenne, la proximité des thèses géopolitiques de Moammar KADHAFI, des miennes (je devenais en 2004 Coordinateur-général du MCR en Europe) et du PCN sur la Grande-Europe eurasiatique, la nécessaire émergence d’un monde multipolaire, la Méditerranée conçue comme un lieu de civilisation commune, ou encore le rôle de Pont de la Libye entres les Unions européenne et africaine.SAWINSKI évoque enfin le thème de la Démocratie Directe (dans ses versions libyenne et européenne), le rôle qu’il joue dans ma pensée et celle du MEDD-MCR en tant qu’alternative fondamentale au Parlementarisme bourgeois.

* La version polonaise de cette conférence – avec des résumés français et anglais -a fait l’objet d’un numéro de LIBYA NEWS & FACTS (n° 2054,

17 nov. 2010), le Bulletin du CEREDD ;

Disponible en Pdf sur : http://ceredd.free.fr/accueil.htm

 (4) A la base de notre réflexion, il y a d’une part un axe géopolitique et d’autre part un axe idéologique. Tout d’abord l’axe géopolitique. Nous pensons que la géopolitique est la base d’une véritable réflexion pour l’action politique lorsque l’on entend la mener au niveau transnational et international. Nous envisageons la géopolitique comme une science et la véritable manière de voir le monde, de lire l’actualité, mais aussi de lire le passé. On ne peut pas comprendre la géopolitique si on ne maîtrise pas l’Histoire.

Ensuite la géopolitique n’existe pas dans le vide, mais vue de quelque part et défendant les intérêts d’un état ou d’un projet d’état. La géopolitique est une science dont le fondement, et on l’oublie trop souvent, c’est la puissance des états, leurs viabilité et leurs rapports de force. Il y a donc une géopolitique vue de Washington, une vue de Moscou, une autre de Pékin, ou encore d’Afrique. La nôtre est une géopolitique vue de Moscou, mais du futur de Moscou, parce que nous pensons que la Russie est le coeur de la résistance à l’impérialisme mondial et parce que aussi notre projet est un projet intégré à la fois eurasiatique et panafricain, articulé sur un « Axe Eurasie-Afrique » La géopolitique telle que nous l’appréhendons repose également sur la maxime du grand géopoliticien allemand, le général Karl Haushofer : il disait que « c’est un honneur de se faire enseigner par l’ennemi ». C’est ce que nous faisons. Ma réflexion géopolitique se base aussi sur une lecture quotidienne des géopoliticiens américains, de leur manière de voir le monde et de leur façon de concevoir le projet impérialiste américain dans le monde. »

(5) L’élection de Trump a vu le choc de deux fractions de l’establishment américain. Celle des Obama-Clinton et leur mentor Söros contre celle des lobbies qui ont porté Trump au pouvoir (club des 121 généraux et amiraux républicains, AIPAC, quatre lobbies des Armes (NRA) – du Charbon – des Hydrocarbures de schiste – militaro-industriel). Le trio Obama-Clinton-Söros, fort de la longue expérience du milliardaire dans la déstabilisation des régimes, a refusé la victoire de Trump (l’alternance, faites-moi rire !?) et lancé … une « révolution de couleur » aux USA ! Appelée « Purple Revolution ». Son but :

déstabiliser Trump et utiliser ses erreurs à répétition pour arriver à le démettre (procédure dite « d’impeachment » par les deux chambres du Congrès US), comme jadis Nixon ! Tout le cirque médiatique sur « l’ingérence russe » (sic), y compris aussi sur celle prétendue dans la Présidentielle française, n’a pas d’autre but …

* Voir sur PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) INTERVIEWE LUC MICHEL:

UNE REVOLUTION DE COULEUR EN AMERIQUE ? ‘PURPLE REVOLUTION’ LE ROI EST NU

sur https://vimeo.com/201248168

(6) Georges FRIEDMAN, THE NEXT 100 YEARS: A FORECAST FOR THE 21ST CENTURY (2009). Doubleday, ISBN 0-385-51705-X.

(7) Cfr. Luc MICHEL sur EODE THINK TANK / LA GEOPOLITIQUE VUE DES USA : LES ANALYSES GEOPOLITIQUES ET GEOSTRATEGIQUES DE “STRATFOR INTELLIGENCE” SUR EODE

sur http://www.lucmichel.net/2015/02/11/eode-think-tank-la-geopolitique-vue-des-usa-les-analyses-geopolitiques-et-geostrategiques-de-stratfor-intelligence-sur-eode/

(8) L’Etat universel est une notion développée par Ernst JÜNGER à l’époque où celui-ci travaillait et militait aux limites de la galaxie national-bolchévique allemande ; il a développé le thème de l’Etat universel dans deux livres fondamentaux : DER ARBEITER (LE TRAVAILLEUR), publié en 1932 et L’ETAT UNIVERSEL, publié en français en 1960 (10), mais dont on oublie trop souvent qu’il était en fait une base programmatique pour l’Allemagne nouvelle qui aurait dû naître, si les patriotes du 20 juillet 1944 avaient réussi à renverser le nazisme. Jünger a été un des grands opposants au Nazisme, il ne faut pas l’oublier.

Quel est le concept de l’Etat universel chez Jünger ? JÜNGER pense que au XXIème ou au XXIIème siècle, le combat politique va se résumer au combat pour deux ou trois visions du monde incarnées dans des Etats :

la civilisation américaine, probablement une civilisation collectiviste (qu’il voyait à l’époque en Russie ou en Chine), et une civilisation européenne – celle que nous défendons –, qui prône la primauté de l’individu mais dans un cadre socialiste. Que dit Jünger ?

C’est qu’à la fin, la lutte verra un des systèmes s’imposer sur la planète et arriver alors l’Etat universel.

La raison négative tient à la subordination de l’Europe à l’impérialisme américain. THIRIART estimait que l’Europe était « le deuxième poumon de l’impérialisme américain » et que si on retirait la puissance industrielle et militaire de l’Europe occidentale, on faisait à nouveau des Etats-Unis une puissance régionale de second ordre. Notez qu’un géopoliticien américain, Zbigniew BRZEZINSKI développe exactement la même thèse, mais à l’envers vue de Washington (comment assurer la superpuissance américaine) dans LE GRAND ECHIQUIER (1997).

(9) Je peste souvent contre cette absurdité historique et géopolitique sans nom !  Beaucoup d’écrivains aujourd’hui à l’extrême-gauche commettent un contresens de même nature que celui des Spartakistes allemands en 1916-19, se déclarant « spartakistes », et qui relève de la même erreur d’analyse sur l’Empire romain. Parce qu’ils ne connaissent mal l’Histoire et la géopolitique. Et parce que le Gauchisme développe, singulièrement depuis Mai 1968 en France, Italie ou Belgique, un discours anti-étatique et anti-jacobin. Notamment, des gens comme l’idéologue italien Toni NEGRI, qui parlent des Etats-Unis comme « d’un nouvel Empire romain » (sic). Contresens copié-collé de chez les Altermondialistes par certains idéologues néofascistes ou pro islamistes français et italiens.

Les Américains, c’est Carthage !!! Avec l’impérialisme carthaginois, ils partagent le recours à des armées de mercenaires, la domination par une oligarchie, non pas politique, mais économique et une vision qui consiste non pas à diffuser une culture, mais à piller la planète.

Cela n’a rien de nouveau. Dès 1967, THIRIART pouvait déjà s’emporter:

« Nous avons lu, sous la plume d’un journaliste du régime, que les Etats-Unis semblaient devenir la « nouvelle Rome ». C’est là un échantillon de l’inculture historique – crasse –. Les Etats-Unis sont essentiellement un Empire maritime, comme le fut longtemps l’Angleterre, comme tenta de l’être le Japon, entre Tsushima et Hiroshima. Le modèle parfait d’empire maritime demeure Carthage et le modèle parfait d’Empire continental reste Rome » Sur ce sujet capital, Jean THIRIART écrivait encore (« USA : un empire de mercantis.

Carthago delenda est », LA NATION EUROPEENNE, n° 21, Bruxelles & Paris, octobre 1967) : « Actuellement la lutte titanesque qui se profile en filigrane et qui s’inscrira dans le siècle à venir, sera la lutte pour l’hégémonie, entre une puissance maritime étalée et une puissance terrestre compacte, entre les Etats-Unis et la Grande-Europe. Les conditions continentales et maritimes ont fait naître des styles extrêmement opposés. Rome a été, malgré ses duretés et ses cruautés (…) une puissance civilisatrice tandis que Carthage n’a été qu’une puissance mercantile. De Rome partaient des hommes qui allaient pacifier, organiser, construire, unifier. De Carthage partaient des marchands, des représentants de commerce ; ils partaient pour aller rapidement s’enrichir (…) De Carthage, il ne reste rien :

littérature, style architectural, pensée philosophique, pensée politique : c’est le vide. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les Etats-Unis où s’observe aujourd’hui ce même phénomène d’une civilisation sans culture. Le navigateur revient toujours chez lui, le continental s’implante. On peut, sans exagération, affirmer que la géographie ou la géopolitique a créé un style politique ».

Les révolutionnaires allemands Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG – dont LENINE jugeait les vues étroites et qui ont politiquement échoué là où les Bolchéviques ont triomphé – ont eu une vision historique complètement faussée en choisissant Spartacus et la Révolte des esclaves pour emblème. Les esclaves révoltés n’étaient nullement le prolétariat antique. Celui-ci, c’est précisément la plèbe, dont les intérêts s’exprimaient dans le Parti populaire et qui formaient l’ossature des Légions de Marius à César. Le légionnaire est obligatoirement un citoyen romain sous la République, héritage de l’ancienne Démocratie directe des origines romaines. La vision des révolutionnaires français de 1789, imprégnés de l’Histoire romaine, a été plus claire. Ce n’est pas sans raison que BABEUF, le « premier communiste de l’Histoire moderne » selon Marx, avait choisi comme prénom révolutionnaire celui de « Gracchus » ! Précisément les Gracques, les deux leaders martyrs du parti populaire, les tribuns de la plèbe assassinés de la République romaine.

La Géopolitique de la Grande-Europe – qui est aussi la base et la matrice des thèses néo-eurasistes – ne fait qu’exprimer une vision globale, politique, éthique, de civilisation que l’on peut résumer par la formule lapidaire « Rome contre Carthage » ! Une formule par laquelle les théoriciens du Jacobinisme dès 1792 – encore eux – exposaient déjà le combat – lui aussi de civilisation, celui de l’Europe révolutionnaire des Lumières, contre l’Ancien régime des Rois et des Religions – contre leur ennemi principal : l’impérialisme anglo-saxon … Sur l’utilisation du thème « Rome contre Carthage » par la France jacobine, à propos du conflit contre la Grande-Bretagne, illustration du conflit classique géopolitique typique de la Terre – Rome – contre la Mer – Carthage – , il faut lire Louis MADELIN et son remarquable livre LE CONSULAT ET L’EMPIRE !

(10) Tout le monde connait la chute du prix de baril de pétrole, qui frappe durement non seulement la Russie, mais bon nombre d’état latino-américains et africains. Le Géopoliticien Luc MICHEL  va donc parler de GEO-ECONOMIE. Il va notamment nous résumer les plus récentes analyses des spécialistes économistes et pétroliers, ceux du ‘Groupe Forbes’ notamment, qu’il partage.

Ou va le marché mondial du pétrole aujourd’hui ?

La maîtrise de ce marché qui semble être passée dans les mains américaines va-t-elle se maintenir ?

Et dans l’optique du géopoliticien, qui ne perd jamais de vue la Géopolitique mondiale, il va non seulement nous expliquer la « chute du prix du baril » et l’émergence d’un « nouveau marché mondial du pétrole », mais en anticiper les conséquences géopolitiques … Géopolitique et géo-économie sont étroitement liées .

Quelle vont être les conséquences pour la Géopolitique mondiale de ce « nouveau marché du pétrole », encore impensable il y a cinq ans, dominé par les hydocarbures de schiste américain ?

* Voir sur PCN-TV/

GEOECONOMIE & GEOPOLITIQUE:

LUC MICHEL DECRYPTE LA CRISE DU PETROLE ET LES MUTATIONS DE SON ‘NOUVEAU MARCHE MONDIAL’

sur https://vimeo.com/208195737

(11) Cfr. sur WEBTV-TCHAD/

TCHAD : VERS UNE REVANCHE PÉTROLIÈRE DE L’AFRIQUE AVEC L’ORGANISATION DES PAYS PRODUCTEURS DE PETROLE AFRICAINS (OPPA) ?

sur http://www.lucmichel.net/2018/03/28/webtv-tchad-tchad-vers-une-revanche-petroliere-de-lafrique-avec-lorganisation-des-pays-producteurs-de-petrole-africains-oppa/

(12) Quelle est la vision de l’évolution de la Géopolitique mondiale qui prévaut dans les milieux radicaux israélien ? Et tout porte à croire que cette vision prévaut aussi à la Maison Blanche ou au Congrès US. Loin d’un Trump chaotique, chimérique, allant d’échecs en échecs, qui prévaut dans les médias russes, iraniens ou alternatifs, c’est la vision d’une Amérique gagnante, en route vers un « nouveau XXIe siècle américain ». Vision qui était déjà celle des géopolitologues US de ‘Stratfor’, de ‘Geopolitical Futures’ (George Friedman), ou encore des idéologues neocons du PINAC.

L’Amérique à nouveau « en position de force » ?

C’est la thèse du CAPE israélien : « Le retrait américain de l’accord a brouillé toutes les cartes et a remis en ordre une nouvelle stratégie mondiale. Le lien qu’a fait le président Trump avec la Corée du Nord et ses contacts fructueux avec la Chine prouvent que l’Amérique se retrouve en position de force. Elle revient en effet à sa grandeur et à sa puissance réelle, sur le plan diplomatique, militaire et économique ».

Une UE qui sort de l’Histoire ?

C’est ce que pronostique aussi le CAPE : « Les Européens se trouvent loin en arrière et perdent tout rôle d’influence. Trump a infligé un véritable camouflet à leur prestige et a donné un coup dur à leurs affaires commerciales. Après le choc, ils devront se réveiller et se ranger du côté américain et non choisir obstinément le camp islamiste des ayatollahs, surtout pour essayer de récupérer des contrats faramineux et éviter le risque qu’ils s’envolent en fumée. Soulignons que depuis l’accord de Vienne, la France a multiplié par trois son excédent commercial avec l’Iran. Il s’agit donc pour elle d’une affaire d’argent et non un souci sécuritaire et stratégique comme le perçoit et le souligne le gouvernement israélien. Un CAPE qui annonce l’échec de l’UE : « Les tentatives désespérées de Macron de sauvegarder l’accord seront probablement vouées à l’échec, et les cris alarmants sur les risques de guerre mondiale sont bien exagérés. Seul un nouveau traité robuste mené et orchestré par Trump en coordination avec Israël pourra écarter les intentions belliqueuses de l’Iran et sortir de la crise actuelle. » Cfr. CAPE (Israël), « Israël mène le jeu international avec vigilance et brio », 9 mai 2018,

sur http://jcpa-lecape.org/israel-mene-le-jeu-international-avec-vigilance-et-brio/

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :

Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme (Vu de Moscou et Malabo) :

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DEBAT : Y A-T-IL UN ‘PARTI DE LA GUERRE’ A WASHINGTON ET TEL-AVIV ?ultima modifica: 2018-05-30T20:25:06+02:00da davi-luciano
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