SOMMET ‘OPEN PLANET’ DE PARIS (III): L’AFRIQUE, CONTINENT LE PLUS VULNERABLE AU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE, FACE AUX VAINES PROMESSES DES OCCIDENTAUX SUR LEUR ‘DETTE CLIMATIQUE’

# LUCMICHEL. NET/ ECOLOGIE RADICALE/

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)/ 2017 12 13/

LM.NET - ECOLO open planet III afrique (2017 12 13) FR 2

La dégradation du climat planétaire se double d’un conflit Nord-Sud et d’inégalités de moins en moins supportée par les pays du Sud … C’est la marque de l’échec des COP 21-22-23, déjà de grands shows médiatiques sans grands effets ! “Beaucoup d’actions climatiques proposées par les pays en développement à Paris étaient conditionnées à la mise à disposition de moyens. Il faut aborder franchement cette question!”, soulignait il y a un an déjà Mohamed Adow, de l’ONG Christian Aid. On ne parle pas là “d’investissements mais de la dette climatique” du Nord envers le Sud, soulignait alors Amjad Abdulla, représentant des petites îles. Une référence au principe soutenant les négociations climat depuis plus de 20 ans: les pays riches, premiers émetteurs de gaz à effet de serre, ont une plus grande responsabilité. A eux d’aider les plus pauvres à se développer proprement et à affronter les impacts.

LM.NET - ECOLO open planet III afrique (2017 12 13) FR 3

LA «  DETTE CLIMATIQUE » DU NORD ENVERS LE SUD

En 2012, “les pays développés ont accepté de revoir leurs objectifs de réductions d’émissions. Nous ne voyons guère de progrès, il y a un manque pas uniquement sur les actions mais aussi sur le soutien” (aux pays en développement, ndlr)”, avait souligné lors de la COP23 le délégué chinois Chen Zhihua. “Si nous ne respectons pas les décisions prises, comment construire la confiance, et comment donner une bonne base à l’application de l’accord de Paris?” “Tout ce que nous demandons est la concrétisation en actions de cette urgence, et ce (avant) 2020”, avait ajouté Walter Schuldt, président équatorien du groupe des G77 (134 pays en développement). “La technologie existe, le capital existe, l’urgence existe. Ce qui manque, c’est la volonté politique des pays développés très émetteurs”, a critiqué le négociateur du Nicaragua Paul Oquist.

Pour Teresa Ribera, directrice de l’Institut des relations internationales (IDDRI), cette revendication a aussi un caractère “tactique”: “C’est une offensive pour éviter de subir toute la pression (notamment pour réduire les émissions, ndlr), alors que la pression n’a pas l’air de monter ni sur l’Europe ni sur les Etats-Unis”. La décision du président Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris pose un problème “d’équité et de justice”, ajoutait-elle. Les pays en développement “souffrent, donc c’est normal” qu’ils pointent “un retard important des économies industrielles”.

RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE :

QUE DIT LE PRESIDENT NIGERIEN ISSOUFOU ?

Mahamadou Issoufou, le président du Niger, s’exprime sans détour au quotidien français La Croix sur le réchauffement climatique, les migrants esclaves, le terrorisme … Le président nigérien participe ce mardi dans la capitale au sommet d’étape sur le climat voulu par Emmanuel Macron, deux après les engagements de la Cop 21. Mahamadou Issoufou aura une nouvelle rencontre mercredi avec le chef de l’Etat, ainsi notamment qu’avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour un mini-sommet sur la lutte contre le terrorisme en Afrique sahélienne.

Le sommet climat aujourd’hui à Paris, c’est un sommet de plus ?

Mahamadou Issoufou : « Il a son utilité, car la France joue un rôle très actif pour mettre en œuvre l’accord de Paris, avec l’objectif de limiter la hausse de la température à moins de 2 degrés. Cela signifie en réalité pour l’Afrique moins de 1,5° : car quand la température augmente de 2°, c’est 3° et même 3,5 pour l’Afrique. Il faut mobiliser les financements pour appliquer les mesures d’adaptation et d’atténuation décidées à la COP 21 il y a deux ans. Des promesses ont été faites, 100 milliards de dollars par an avant 2020 pour les pays développés, nous espérons qu’elles vont être concrétisées.

On voit repartir à la hausse les émissions de gaz à effets de serre, notamment de la part de la Chine… L’Afrique est la grande victime, car elle ne pollue pas et n’a jamais pollué. Nous disons à ces pays qu’ils mettent nos vies et les leurs en danger. Mais la prise de conscience se renforce, la Chine fait des efforts, elle s’engage dans un programme nucléaire ambitieux, qui réduira la part du charbon. »

A quelle condition serez-vous satisfait ce soir ?

« Je souhaite que les participants disent : on a réuni les 100 milliards promis. La planète est sauvable, on n’a pas atteint le niveau de non retour »

L’UE, GRANDE DONNEUSE HYPOCRITE DE LEÇONS, N’A TOUJOURS PAS RATIFIE LA SECONDE PHASE DU PROTOCOLE DE KYOTO

L’UE (où la France joue un rôle dirigeant avec Berlin) est visée parce qu’elle n’a toujours pas ratifié la seconde phase du protocole de Kyoto (qui court jusqu’en 2020), ainsi que le groupe de négociation des pays développés hors UE qui “craint d’être critiqué sur les 100 milliards de dollars annuels (promis à partir de 2020 aux pays pauvres, ndlr)”, souligne l’expert américain Alden Meyer.

LES « STRATEGIES D’ADAPTATION » :

DES PROMESSES, ENCORE ET TOUJOURS DES PROMESSES POUR LE SUD ET L’AFRIQUE

Un premier « paquet » de projets concerne les « stratégies dites d’adaptation », initiatives et outils qui permettent d’atténuer les effets du changement climatique sur l’écosystème et les populations. Un sujet que les pays du Sud reprochent à leurs riches homologues du Nord de trop négliger au profit des projets de réduction des émissions de CO2.

Le message aurait « été entendu ». Ainsi, la zone Caraïbe va faire l’objet d’une attention particulière après les dégâts provoqués par le passage du cyclone Irma. De même, deux autres programmes seront lancés en faveur des pays du Sud, l’un de 10 milliards de dollars concerne les pays et îles les plus menacés par la montée des eaux, l’autre vise à faire émerger des projets de gestion des eaux et des terres en Afrique, continent le plus vulnérable au changement climatique.

Autre sujet mis en avant : la protection des terres.

Un thème illustré par le lancement du premier fonds de restauration des sols dégradés, un outil financier innovant, lancé par les Nations unies et le WWF et géré par Mirova, une filiale de Natixis. Doté de 130 millions d’euros au démarrage, ce fonds, associant argent public et privé, devrait servir à développer des projets d’agriculture durable, au Brésil et en Indonésie notamment.

Toujours dans cette catégorie figurent plusieurs actions concernant les collectivités territoriales. Présentées comme les fers de lance de la lutte contre le réchauffement, celles-ci devraient voir les lignes de crédit des grandes institutions multilatérales s’ouvrir plus largement.

L’Afrique est bien peu visible dans tous ces projets …

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SOMMET ‘OPEN PLANET’ DE PARIS (II): EN FINIR VRAIMENT AVEC LES HYDROCARBURES FOSSILES ?

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Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)/ 2017 12 13/

« « Pour faire le véritable bilan de ce One Planet Summit, il va maintenant falloir faire jouer les calculettes pour voir ce qui a réellement été mis sur la table »

– Damien Navizet (de la division climat à l’AFD, en aveux).

Moins d’énergies fossiles, tel est l’un des engagements du sommet climat !

Désengagement des énergies fossiles, pression sur les entreprises pour “verdir” leurs activités, coalitions: le “One Planet Summit” sur le climat, mardi à Paris, a été l’occasion pour les acteurs économiques et financiers d’annoncer plusieurs engagements contre le réchauffement.

LM.NET - ECOLO open planet II carbone (2017 12 13) FR 2

UN PROGRAMME TRES (OU TROP) MEDIATIQUE

L’ensemble a été résumé en un plan d’action en trois chapitres et douze points, qui sont autant d’engagements fermes pris par des États, des institutions financières, des investisseurs privés, des entreprises, sans oublier quelques milliardaires « philanthropes » (des requins de la Finance et du Business international). Avec, en ligne de mire, un but commun : mobiliser les énergies et les ressources financières du public comme du privé pour accélérer la transition vers un modèle économique bas carbone, en ligne avec l’objectif de maintenir la hausse des températures dans la limite de 2 °C.

Un premier « paquet » de projets concerne les stratégies dites d’adaptation, initiatives et outils qui permettent d’atténuer les effets du changement climatique sur l’écosystème et les populations. Un sujet que les pays du Sud reprochent à leurs riches homologues du Nord de trop négliger au profit des projets de réduction des émissions de CO2.

QUE RESTERA-T-IL VRAIMENT DE CE BEAU PROGRAMME ?

Voici les mesures annoncées. Comme disait le président Chirac, « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». Et les dons annoncés sont des promesses à concrétiser. Plus tard, ailleurs …

– Pétrole et gaz :

La Banque mondiale a annoncé qu’elle arrêterait de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz. Elle est la première banque multilatérale à prendre un tel engagement. En 2016, ses financements dans l’industrie pétrolière et gazière ont représenté près d’1,6 milliard de dollars, soit moins de 5% de la totalité des fonds accordés.

A partir de 2018, elle publiera tous les ans les émissions de gaz à effet de serre des projets qu’elle finance dans les secteurs les plus émetteurs, comme l’énergie. Elle entend généraliser la prise en compte d’un prix interne du carbone dans ses futurs investissements.

– Charbon :

L’assureur Axa a annoncé qu’il renonçait à assurer et à investir dans toute entreprise engagée dans la construction de centrales à charbon. Le groupe français compte aussi retirer près de 2,5 milliards d’euros d’investissements dans le secteur. Axa a promis de se désengager à hauteur de 700 M d’euros des projets liés aux sables bitumineux. Il va en parallèle accroître de 9 mds d’euros ses investissements “verts” (infrastructures…) d’ici à 2020.

La banque néerlandaise ING s’est engagée à “accélérer la baisse” des financements alloués aux centrales à charbon. D’ici à 2025, elle ne financera plus que les producteurs d’électricité utilisant moins de 5% de charbon et arrêtera de financer directement les projets de centrales à charbon.

– Adaptation climatique :

La fondation Bill Gates (proche allié de Sorös et des Obama-Clinton) va consacrer 315 M de dollars « à la recherche en agriculture pour aider les plus pauvres », notamment en Afrique, à s’adapter au changement climatique. La Commission européenne mobilisera 318 millions de dollars pour cet objectif.

L’Agence française de développement (AFD, pilier de la Françafrique) a signé, dans le cadre d’un dispositif de 30 M d’euros sur quatre ans, des accords avec l’île Maurice, les Comores, le Niger et la Tunisie, pour les accompagner dans l’adaptation aux impacts des dérèglements (systèmes d’alerte, lutte contre l’érosion…). Le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux, a reconnu que “l’adaptation” était “le parent pauvre” de la finance climat, tournée plutôt vers la réduction de émissions (énergies renouvelables, transports propres…).

La Banque mondiale a annoncé qu’elle prêterait 4,5 mds USD sur trois ans pour permettre à 150 villes de résister aux impacts et qu’elle les aiderait à attirer des financements privés.

Mardi les collectivités ont fait valoir leur rôle dans la lutte climatique mais leur difficulté à accéder à certains fonds.

– Risque climatique :

237 entreprises se sont engagées à améliorer leur prise en compte du risque climatique dans leurs activités. Parmi elles, 20 des plus importantes banques et 80% des gestionnaires d’actifs, comme HSBC ou l’assureur AXA. Elles comptent publier “leur stratégie pour gérer les risques (climatiques) mais aussi pour saisir les opportunités” qu’offre la lutte contre le réchauffement.

– Entreprises sous surveillance :

Un groupement de plus de 200 grands investisseurs, dont HSBC (au cœur des « Panama Papers », de l’évasion fiscale, une « banque pirate » selon ARTE) et le plus gros fonds de pension public américain (CalPERS), a décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus polluantes, pour qu’elles améliorent leur gouvernance sur le changement climatique, réduisent leurs émissions et renforcent la publication de leurs informations financières relatives au climat.

La liste des cent entreprises visées par cette initiative (“ClimateAction 100+”), comprend de grands groupes pétroliers et gaziers (BP, Chevron, Coal India…), des acteurs du secteur des transports (Airbus, Ford, Volkswagen…), et des groupes miniers et sidérurgiques (ArcelorMittal, Glencore…).

Pendant cinq ans, ces 225 investisseurs, qui représentent 26.300 mds de dollars d’actifs sous gestion, vont suivre de près ces entreprises. Si elles font des progrès suffisants, elles pourront être retirées de la liste.

– Budgets verts :

Le président de l’OCDE a annoncé le lancement d’une initiative baptisée “Paris Collaborative on Green Budgeting”, à laquelle la France et le Mexique vont adhérer, et qui doit contribuer à l’élaboration de méthodologies pour établir des “budgets nationaux +verts+”. On est là au cœur de la récupération écologique par le « Business vert » !

– Fonds souverains :

Norvège, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Qatar, Koweit et Nouvelle-Zélande lancent, à l’initiative de la France, une coalition de fonds souverains pour flécher des financements vers l’action climatique.

– Banques centrales :

Huit banques centrales et autorités de supervision (France, Mexique, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, Suède, Singapour, Chine) s’unissent dans un réseau pour échanger leurs points de vue et expériences. Le but:  « accélérer la prise en compte des enjeux climatiques dans la supervision financière et dans le refinancement des banques commerciales, le tout pour promouvoir un développement ordonné de la finance verte » (sic). Une conférence internationale est prévue en avril 2018 à Amsterdam.

– Prix du carbone :

Le Chili, la Colombie, le Mexique, le Costa Rica et plusieurs Etats américains (Californie et Washington) et provinces canadiennes (Ontario, Québec, Colombie Britannique…) ont lancé une initiative pour développer leurs marchés du carbone et s’engagent à aller vers une plus grande coordination entre eux.

UNE SERIE D’ANNONCES DEVANT « ACCELERER LE PASSAGE A UNE ECONOMIE DECARBONEE »

Le deuxième chapitre regroupe toute une série d’annonces « devant accélérer le passage à une économie décarbonée ». Plusieurs coalitions d’États, de villes, d’entreprises ont multiplié les engagements : les uns d’arriver à la « neutralité carbone », les autres de renoncer à terme à l’usage du charbon. Mais c’est surtout le renforcement de la « Coalition américaine pour la tarification du carbone » qui a créé l’événement. Que plusieurs pays ou états US – du Mexique au Canada, en passant par la Californie ou l’Ontario – prennent cette initiative quelques mois seulement après l’annonce par Donald Trump du retrait des États-Unis de l’accord de Paris est un « signal politique fort » (dixit l’AFP) … de la lutte des factions Trump et Obama-Clinton-Sorös.

« Au cœur de la finance » : Enfin, la troisième partie de ce plan, plus technique, concerne une série de dispositions visant « à ancrer les enjeux climatiques au cœur de la finance ». Là encore, l’annonce la plus forte a été faite par une trentaine de banques de développement à travers le monde, l’Agence française de développement (au cœur de la Françafrique moderne) en tête. Toutes s’engagent à aligner leurs activités sur les objectifs pris par l’accord de Paris, autrement dit à faire en sorte que leurs engagements financiers aient un impact positif sur le climat. Une décision de poids quand on sait que ces banques peuvent mobiliser près de 550 milliards d’euros par an.

« Pour faire le véritable bilan de ce One Planet Summit, il va maintenant falloir faire jouer les calculettes pour voir ce qui a réellement été mis sur la table, souligne Damien Navizet, de la division climat à l’AFD, en aveux …

LA BANQUE MONDIALE NE FINANCERA PLUS L’EXPLORATION ET L’EXPLOITATION DE PETROLE ET DE GAZ APRES 2019

La Banque mondiale arrêtera donc de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz, a-t-elle annoncé mardi à l’occasion du sommet climat de Paris. L’institution multilatérale souhaite ainsi “aligner sur les objectifs de l’accord de Paris” les financements qu’elle accorde aux Etats, a-t-elle expliqué dans un communiqué. Si de plus en plus d’acteurs financiers affichent leur volonté de se désengager du charbon, énergie la plus polluante, la Banque mondiale est la première banque multilatérale à prendre un tel engagement dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz.

Mais (car il y a un mais) …

Toutefois, dans certaines “circonstances exceptionnelles”, la Banque pourra continuer de financer des projets dans le gaz “dans les pays les plus pauvres où il y a un bénéfice clair en terme d’accès à l’énergie”, et à condition qu’ils ne soient pas en contradiction avec les engagements de ces pays dans l’accord international de Paris sur le climat, signé en 2015.

En 2016, les financements de la Banque mondiale dans l’industrie pétrolière et gazière ont représenté près d’1,6 milliard de dollars, soit moins de 5% de la totalité des financements accordés la même année. Par ailleurs, à partir de l’an prochain, l’institution publiera tous les ans les émissions de gaz à effet de serre des projets qu’elle finance dans les secteurs les plus émetteurs, comme l’énergie, a-t-elle encore annoncé. Elle va également généraliser la prise en compte d’un prix interne du carbone dans ses futurs investissements.

Luc MICHEL / Люк МИШЕЛЬ /

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SOMMET ‘OPEN PLANET’ DE PARIS (I): ENCORE UNE GRAND MESSE DE RECUPERATION ECOLOGIQUE ALORS QUE LA CATASTROPHE CLIMATIQUE SE PRECISE !?

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Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)/ 2017 12 12/

Beaucoup de show médiatique, encore plus de promesses et de belles paroles … En restera-t-il des fumées sans lendemain comme pour les COP 21-22-23 ?

LM.NET - ECOLO open planet I (2017 12 12) FR 2

 

UN SOMMET POUR NE PAS “PERDRE LA BATAILLE” CONTRE LE RECHAUFFEMENT ?!?

“On est en train de perdre la bataille” contre le réchauffement climatique, a mis en garde mardi le président français Emmanuel Macron, appelant à « la mobilisation lors d’un sommet où des entreprises et institutions internationales ont promis de s’éloigner des énergies fossiles ». “L’urgence est devenue permanente et le défi de notre génération est d’agir, agir plus vite et gagner cette bataille contre le temps, cette bataille contre la fatalité, pour mettre en oeuvre des actions concrètes qui vont changer nos pays, nos sociétés, nos économies”, a déclaré Emmanuel Macron devant une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement réunis à l’occasion du deuxième anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat.

En réponse aux appels à se désengager des énergies fossiles, la Banque mondiale a annoncé qu’elle arrêterait de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz, sauf “circonstances exceptionnelles”. L’institution multilatérale souhaite ainsi “aligner sur les objectifs de l’accord de Paris” les financements qu’elle accorde aux Etats.

LES RESPONSABILITES DU REGIME TRUMP

Macron – par ailleurs le meilleur allié militaire de Trump, en Afrique notamment, ce qui laisse peser des doutes – avait décidé d’organiser ce sommet après l’annonce par Donald Trump du retrait américain du pacte historique contre le réchauffement qui vise à contenir la hausse de la température sous le seuil critique de 2°C. Mais sur la base des engagements pris par les Etats, la planète se dirige toujours vers +3°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais réduire les émissions de gaz à effet de serre et respecter les objectifs de l’accord de Paris demandera des changements majeurs et des investissements massifs.

Grand absent de cette réunion où il a été la cible des critiques, le président américain, qui n’était pas invité. Juste avant la réunion, Emmanuel Macron avait de nouveau interpellé, dans une interview à la chaîne américaine CBS, son homologue américain sur sa “responsabilité face à l’Histoire”, tout en se disant “assez certain” qu’il allait “changer d’avis dans les mois ou les années à venir”.

Au sommet, l’ancien secrétaire d’Etat John Kerry, n’a pas hésité à qualifier le retrait américain de “honte” et de “décision auto-destructrice prise dans un but politique”. Lui succédant à la tribune, l’ex-secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a appelé le monde à agir mieux pour appliquer l’accord, a aussi dénoncé une décision américaine “politiquement de courte vue, économiquement irresponsable, et scientifiquement erronée”.

« DIVIDED STATES OF AMERICA » :

JOHN KERRY EVOQUE LA “HONTE” DU RETRAIT AMERICAIN

La décision de Donald Trump de retirer son pays de l’Accord de Paris, et de n’envoyer mardi dans la capitale française qu’un chargé d’ambassade, est “une honte”, a estimé l’ancien secrétaire d’Etat John Kerry, au sommet climat où le président américain a été la cible de critiques. “C’est une honte, si vous regardez les faits, la science, le bon sens, tout le travail qui a été fait”, a dit John Kerry à l’AFP. L’accord de 2015 contre le réchauffement “ne s’est pas fait en un an à Paris. Ce sont 26 années de travail déshonorées par des gens qui ne comprennent rien à la science”.

A la tribune, John Kerry, qui avait joué un grand rôle au côté de Barack Obama dans l’adoption de l’accord, a été très applaudi par l’assistance du “One Planet Summit”, quand il a dénoncé “une décision auto-destructrice prise dans un but politique”. “Donald Trump s’est peut-être retiré de Paris, mais pas le peuple américain”, a-t-il ajouté, citant l’engagement de nombreux Etats américains, villes, entreprises.

Donald Trump n’a pas été personnellement invité à ce sommet consacré aux finances climat et co-organisé par la France, la Banque mondiale et l’Onu deux ans tout juste après l’adoption de l’accord de Paris. Washington a prévu d’y envoyer un diplomate. “Nous avons à la Maison Blanche un climato-sceptique qui dit que le changement climatique est un canular! “, a lancé mardi le gouverneur de Californie Jerry Brown, en tête des collectivités américaines mobilisées pour le climat. “Nous ne pouvons pas attendre que la Maison blanche se réveille. Nous, en Amérique, agissons sur le terrain”, a-t-il souhaité. Mais “notre travail est incroyablement difficile. Nous avons mobilisé jusqu’à un certain point, mais nous ne sommes pas encore sur le bon chemin pour réduire des émissions (de gaz à effet de serre) croissantes”.

“America’s Pledge”, coalition de collectivités, entreprises, organisations de la société civile pro-climat, compte désormais 1.700 membres, a dit l’ex-maire de New York Michael Bloomberg. “Elle représente plus de la moitié de l’économie américaine”, a-t-il dit à la presse. “Finalement, le président Trump a contribué à rassembler les gens qui comprennent le problème”.

LA CATASTROPHE CLIMATIQUE PLANETAIRE QUI S’ANNONCE

“Le défi (du changement climatique) est immense, nous devons tout faire pour le relever”, a insisté de son côté le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama, président de la 23e Conférence de l’ONU sur le climat (COP23) à l’ouverture de la réunion que les autres chefs d’Etat et de gouvernement ont rejoint dans l’après-midi. “Nous savons que c’est la différence entre la vie ou la mort de millions de personnes vulnérables à travers le monde”, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d’accélérer “le profond basculement en train de se produire dans les investissements mondiaux”.

Parmi les présents sur l’île Seguin, à l’ouest de Paris, le Mexicain Enrique Pena Nieto, la Britannique Theresa May, l’Espagnol Mariano Rajoy, des présidents africains et de petites îles, ainsi que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. La Chine, l’Inde ou le Canada, grands émetteurs de gaz à effet de serre, n’étaient représentés qu’au niveau ministériel.

Côté américain, des alliés politiques de Obama-Clinton-Sorös, comme l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, le gouverneur de Californie Jerry Brown, son prédécesseur Arnold Schwarzenegger ou encore le milliardaire Bill Gates.

Le négociateur chinois pour le climat Xie Zhenhua a, lui, souligné l’engagement de son pays contre le réchauffement. “La Chine a accompli un grand nombre de choses, des choses nécessaires pour le développement durable de la Chine”, a-t-il déclaré, évoquant les investissements dans les énergies renouvelables et la volonté de “basculer” vers une économie bas-carbone.

DES DONS REELS OU DES PROMESSES A EFFET MEDIATIQUE ?

Les pays du Nord ont promis de porter à 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 leurs financements climat aux pays du Sud, qui réclament des assurances sur cette promesse, en particulier pour pouvoir s’adapter aux impacts des dérèglements (digues, surélévation des habitats, systèmes d’alerte météo etc). Mais le sommet de mardi n’est pas une conférence des donateurs, et doit se concentrer sur des “solutions concrètes”.

L’assureur Axa a par exemple annoncé un désengagement accéléré de l’industrie du charbon, une “importante étape” applaudie par les Amis de la Terre et l’ONG allemande Urgewald qui juge que le Français va “beaucoup plus loin que les autres investisseurs internationaux”. Un groupement de plus de 200 grands investisseurs a de son côté décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu’elles adaptent leur modèle à la lutte contre le réchauffement. Des militants d’ONG ont aussi réclamer la fin du financement des énergies fossiles, lors d’une manifestation dans le centre de Paris.

Luc MICHEL / Люк МИШЕЛЬ /

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LE ‘VIETNAM’ DES SAOUDS: YÉMEN LA SECONDE GUERRE CHAUDE DU PROCHE-ORIENT APRES LA SYRIE.

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2017 12 13/

 

L’actualité du Yemen c’est la famine et la crise humanitaire, une de plus, causée par la déstabilisation du pays par les USA et les Saouds, transformée en guerre d’agression …

LM.GEOPOL - Yemen fin 2017 (2017 12 13) FR 4

AU BOUT DE LA GUERRE AMERICANO-SAOUDIENNE :

PLUS DE 8 MILLIONS DE YÉMÉNITES FRAPPÉS PAR LA FAMINE

La prolongation du blocus des ports au Yémen mis en place depuis un mois par la coalition saoudienne, enraye la distribution de nourriture, de carburant et de médicament. Le nombre de personnes vulnérables qui ont besoin d’aide a donc considérablement augmenté, a déclaré dans un communiqué le coordinateur humanitaire des Nations unies, Jamie McGoldrick. Les belligérants doivent laisser passer l’aide humanitaire à 8,4 millions de personnes qui sont “à un pas de la famine” au Yémen, a déclaré le haut responsable des Nations unies cité par Reuters. “Le blocus a été allégé mais la situation des civils reste dramatique… La vie de millions de personnes dépend de notre capacité à poursuivre les opérations et à leur fournir des conditions hygiéniques, de l’eau potable, de la nourriture, un abri ainsi qu’un soutien nutritionnel”, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit profondément préoccupé par la crise humanitaire au Yémen. Faisant part au site d’informations Al-Hadath des vives critiques de Guterres vis-à-vis de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, son porte-parole adjoint Farhan Haq a déclaré : “Le Secrétaire général de l’ONU suit de près la situation dans laquelle se trouve les Yéménites et a exprimé à maintes reprises son inquiétude quant à la détérioration de celle-ci qui s’impose au peuple après trois années de conflits. Guterres exprime sa sympathie à toutes les victimes au Yémen.”

La fin du conflit et de la crise humanitaire au Yémen est « la condition préalable de l’ONU pour entamer les négociations ». D’autant plus que la distribution de l’aide humanitaire et la réouverture des ports principaux du pays en dépendent en grande partie, a conclu Farhan Haq.

En langage diplomatique, c’est du chantage ! L’ONU demande au Yémen de capituler si le peuple veut manger …

RETOUR SUR LA TRAGEDIE YEMENITE …

Le Yémen, une tragédie sur laquelle les médias de l’OTAN restent fort discrets. C’est pourtant la seconde guerre « chaude » du Poche-Orient après la Syrie !

Là aussi c’est l’oeuvre des saoudiens et des américains, les britanniques et le Brésil (comprendre que les BRICS ne sont pas une réalité géopolitique) fournissant les bombes; Là aussi c’est une des “belles réussites” du soi-disant printemps arabe” (sic); Ici aussi américanisme, atlantisme et wahhabisme, main dans la main, ont détruit un régime stable, multiconfessionnel, celui du président nationaliste Saleh.

Ici aussi un “axe de la résistance” – milices houthi (populations chiites yeménites), armée sunnite du président Saleh chassé, tribus et minorités diverses – combat le fondamentalisme et l’agression occidentale …

* Voir sur EODE-TV/

LUC MICHEL : GEOPOLITIQUE.

GUERRE DU YÉMEN ET CHOC TEHERAN-RYAD (SUR AFRIQUE MEDA)

sur https://vimeo.com/152874189

* Voir sur EODE-TV/

GEOPOLITIQUE/ LUC MICHEL:

YÉMEN. L’AUTRE GUERRE DU PROCHE-ORIENT

(AFRIQUE MEDIA, LE DEBAT PANAFRICAIN, 27 DEC. 2015)

sur https://vimeo.com/150869206

A L’ORIGINE DIRECTE DE LA GUERRE AU YÉMEN :

LE PROJET AMERICAIN DU « GRAND MOYEN-ORIENT » EN ACTION …

La guerre d’agression impérialiste actuelle de la coalition dirgée par les Saoudiens et parrainée par les Américains, est issue d’un processus de « somalisation » du Yémen, qui a fait suite à une guerre civile.

Au Yémen, le soi-disant « printemps arabe » a consisté, dans un pays déjà fragmenté par 50 ans de guerres et de sécession, à chasser du pouvoir un régime enfin stabilisé, celui du Président Saleh. Là aussi une « transition » en forme de changement de régime : « Après le départ de l’ancien président Saleh, l’arrivée au pouvoir de M. Hadi constitue une nouvelle étape du processus de transition politique », commentait alors LE MONDE (Paris, juin 2012).

ICI AUSSI LE « PROCESSUS DE TRANSITION » EN ACTION

Précisons que le terme « processus de transition » est une notion complexe qui, à l’origine, envisageait la transformation des régimes socialistes en « démocraties de marché » occidentales. Au départ dans l’Est européen post-soviétique, puis aujourd’hui, où le terme est remis à l’ordre du jour, au Proche-Orient et en Afrique (1).

Au Yémen c’est un processus totalement irresponsable, organisé par des apprentis-sorciers américains au mépris du contexte yéménite fragmenté, véritable poudrière géopolitique.

Quelles sont les lignes de fragmentation ?

* Tout d’abord, comme en Allemagne, existaient deux Yémen, dont la RPDY, la République démocratique populaire du Yémen (1970-1990), ayant pour capitale Aden, soutenue par Nasser, Etat marxiste arabe qui avait des liens étroits avec l’URSS (la disparition de l’URSS ayant été évidemment suivie de celle de la RDPY). La réunification s’étant faite définitivement par la force en 1994, avec une guerre civile sanglante imposée par Saana.

* Ensuite, un Mouvement sudiste, né ces dernières années, réclame l’autonomie du Sud, mais sa tendance dure, dirigée par l’ancien vice-président Ali Salem Al-Baïd, milite pour une sécession et s’oppose au dialogue national, convoqué en mars 2013 à Sanaa avec la question sudiste en tête de son ordre du jour.

* Le dialogue national, auquel participent quelques composantes du Mouvement sudiste, est censé « élaborer une nouvelle Constitution et préparer des élections pour février 2014 », à la fin « d’une période de transition de deux ans ». « Transition » sur le modèle de la Libye du CNT, elle-même inspirée du processus de liquidation des structures soviétiques ou titistes-socialistes en Europe orientale dans les Années 1990 (2).

Ce dialogue est prévu par l’accord politique qui a permis le départ de l’ancien président Ali Abdallah Saleh en février 2012 après un mouvement de contestation populaire transformé en « révolution de couleur » contre son régime.

LE CHEMIN VERS LA GUERRE :

UNE ELECTION PRESIDENTIELLE VIRTUELLE QUE L’OCCIDENT AVALISE …

Ce 25 février 2012, les médias de l’OTAN annonçaient : « Yémen/présidentielle: Abd Rabbo Mansour Hadi élu à 99,8% des voix … » ! Outre un score de dictature qui ne choque pas dans ce cas ci la presse occidentale, voilà encore une des ces élections virtuelles organisée par l’Occident et ses alliés. Mais les mêmes critiquent sans fin la Démocratie dirigée russe …

L’unique candidat à la présidentielle yéménite, celui des USA et de l’OTAN, de ses alliés fondamentalistes arabes du Qatar et d’Arabie saoudite, le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, issu de l’aile du régime yéménite proche des américains, a été élu à 99,8% des voix, avait alors annoncé la commission électorale nationale à Sanaa. Selon les résultats définitifs, 6.635.192 électeurs sur les 10.243.364 auraient pris part au scrutin, soit un taux de participation de 66%. Sur les votes validés, 99,8% sont allés à M. Hadi, selon la même source. Hadi était le seul candidat pour succéder à Ali Abdallah Saleh dans le cadre d’un accord de transition élaboré par les monarchies du Golfe, et dont le Qatar était le maître d’œuvre.

Une « élection », avec un candidat unique, qui est boycottée dans le Sud et non organisée dans le nord, dans la province de Saana qui a proclamé son autonomie, et dans les villes contrôlées par Al-Qaida, est évidemment une élection virtuelle ! Ceci d’autant plus qu’elle est alors censée « amorcer un processus de réconciliation » (sic). « Dans le sud du Yémen, le mouvement séparatiste a toutefois multiplié les violences, entraînant la mort de plusieurs personnes et la fermeture de nombreux bureaux de vote. Le rôle des services de sécurité dans cette escalade n’était pas clairement établi. Dans le nord du pays, l’appel à un boycottage lancé par un groupe rebelle aurait été suivi », reconnaissait le très pro occidental LE MONDE.

ENCORE UN FRUIT AMER ET EMPOISONNE DU SOI-DISANT « PRINTEMPS ARABE » !

L’élection de M. Hadi pour une période transitoire de deux ans fait du Yémen le premier pays arabe où un soulèvement aboutit à une solution dite « négociée ». Ce soulèvement était appuyé et organisé précisément par le Qatar, avec le soutien discret de l’Occident.

Après l’Egypte et la Libye, c’est un nouveau régime (agonisant) issu du Nationalisme arabe (de type nassérien) qui est remplacé par le système politique prôné par les USA dans le cadre de leur projet dit du « Grand Moyen-Orient » : l’association de militaires pro occidentaux (verrouillant le système) et d’un parlement sous contrôle ouvert aux islamistes radicaux. Le but étant de dissocier l’aile parlementariste des islamistes (Frères Musulmans, Salafistes, etc) de sa base radicale djihadiste (liée à Al-Qaida ou AQMI, son aile nord-africaine).

LE YÉMEN EN VOIE DE SOMALISATION

Cette élection virtuelle ne résout rien dans un pays profondément divisé entre :

* Nationalistes arabes (les partisans du président sortant qui a capitulé – en échange d’une immunité et du maintien de ses partisans dans l’armée et l’appareil d’état – et de son « Congrès Général du Peuple », l’ex parti dirigeant) ;

* fondamentalistes soutenus par le Qatar et les USA (ceux du parti islamiste Al-Islah, hégémonique au sein de l’opposition) ;

* minorités houthis, la forme chiite au Yémen et sur la Frontière saoudienne avecce pays, minorité puissante, avec ses milices, un leadership clanique charismatique, et disposant du soutien discret mais puissant du frère chiite iranien. Les houthis sont une rébellion islamique « à l’iranienne », née en 2004 – celle du du Mouvement houthi -, chiite cette fois, qui a proclamé une république autonome dans le Nord Yémen (à quelque 150 km de la capitale Sanaa !), qui est un « quasi-Etat houthi de facto » ;

* dans le Sud, où existait la République démocratique populaire du Yémen, un mouvement sécessionniste né en 2007 veut aussi reprendre son autonomie ;

* Djihadistes d’Al-Qaida (AQPA, al-Qaida dans la Péninsule Arabique), qui contrôlent alors plusieurs villes et mènent une insurrection islamiste radicale puissante, la Guerilla d’Al-Qaida au Yémen n’en étant plus alors au stade du terrorisme mais à celui d’une insurrection sur le modèle afghan. « Les djihadistes sont les derniers arrivés sur la scène yéménite en 2009. Après la restructuration des branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaida dans la péninsule arabique et profitant de la déliquescence de l’Etat, ils sont entrés dans une phase active de contrôle du territoire ». Ils se diviseront bientôt comme en Syrie entre partisans de Daech et faction yéménite ralliée aux occidentaux.

Dans un éditorial de février 2012, j’avais longuement analysé la désagrégation de l’Etat yéménite (3), inscrite dans le projet US dit du « Grand Moyen Orient » et en voie de réalisation via le scénario stratégique opérationnel du soi-disant « printemps arabe ». Après l’Egypte et la Libye, le Yémen est un régime (agonisant) de plus, issu du Nationalisme arabe (de type nassérien), qui est remplacé par le système politique prôné par les USA dans le cadre de leur projet du « Grand Moyen-Orient ». J’y décrivais la désagrégation du Yémen, un pays profondément divisé, dans un processus de guerre civile larvée, autour de factions armées antagonistes.

La présidentielle « malgré tout » voulue par les occidentaux sert de déclencheur à la fragmentation, puis à la « somalisation » du pays : « L’élection présidentielle a mis en lumière l’assise des deux principaux mouvements sécessionnistes yéménites ayant appelé au boycottage. Au nord, à quelque 150 km de la capitale Sanaa, la rébellion chiite du mouvement houthi, entrée dans un cycle de violences contre l’Etat depuis 2004 » et qui « a profité de la contestation pour installer une République au nord, dans la province de Saada, qui est un quasi-Etat houthi de facto », explique Dominique Thomas (spécialiste du Yémen et des mouvements islamistes dans la péninsule arabique à l’Ecole des hautes études en sciences sociales). Ils ont appelé au boycottage de l’élection, dénonçant « un processus de transition imparfait » et réclamant « un système fédéral et une autonomisation ». Leur constitution récente en parti politique pourrait amorcer un changement. Leur force de mobilisation est grande face à la frustration de la population locale et le revivalisme religieux.

Mais la descente aux enfers du Yémen ne s’arrête pas encore là ! Car le Sud, où existait la République démocratique populaire du Yémen (1970-1990), veut aussi reprendre son autonomie.

UN NOUVEAU PRESIDENT FANTOCHE TENU PAR LES AMERICAINS ET LES QATARIS …

L’ex vice-président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a trahit le président Saleh, accède à l’été 2012 à la présidence. C’est un militaire de carrière sans aucune base populaire ou tribale, et dépendant totalement de ses soutiens extérieurs américain et qatari. Agé alors de 57 ans, discret, il s’est imposé durant les quatre mois d’absence du président Ali Abdallah Saleh, grièvement blessé lors d’un attentat (fort opportun pour les américains) en juin 2012 dans la guerre civile rampante qui frappe le Yémen. Il avait « notamment peaufiné son image d’homme jouissant du respect de l’ensemble des acteurs politiques, opposition comprise » (dixit LE MONDE).

L’homme est en effet « tenu » par un passé marxiste qu’il a du faire oublier. Au sein de l’armée, il a su gravir les échelons sous la République démocratique populaire du Yémen (1970-1990), seul Etat marxiste arabe qui avait des liens étroits avec l’URSS. Nommé ministre de la Défense en 1994 après la réunification, il secondera ensuite sans état d’âmes le président Saleh juqu’au « printemps yéménite ».

SOMALISATION ET « THEORIE DU CHAOS »

La situation du Yémen rappelle tragiquement précisément cette Somalie, qui servit de laboratoire au Nouvel Ordre Mondial US (4). Ou comment démembrer un Etat que l’on ne peut contrôler.

Dans une Somalie aujourd’hui démembrée en cinq états fantoches (Somalie résiduelle – un état failli -, Somaliland, Jubaland, Puntland et autre Somalie du sud-ouest), livrée au chaos, les milices Shebab islamistes achèvent un pays à l’agonie assassiné par Washington et ses complices, ONU, NATO et cie … Sans oublier les frappes aveugles des drones d’Obama (comme au Pakistan), qui font principalement des victimes civiles innocentes. Qui se souvient aujourd’hui du puissant Etat somalien en développement du régime socialiste de Siyaad Barre ?

Derrière le chaos somalien, il y a une théorie, la « théorie géostratégique du chaos » (à ne pas confondre, ce que font beaucoup, avec la « Géopolitique du chaos », qui est une grille d’analyse des Balkans lors de l’éclatement des Iie (Tito) et IIIe Yougoslavie dans les années 1990-2002), qui est mise en place pour la première fois en Somalie à partir de 1992. Cette théorie du Chaos c’est le plan B du projet du « Grand Moyen Orient ». Le pseudo « printemps arabe » en étant le plan A.

Les deux ont été mis en œuvre successivement au Yémen (Comme en Libye, en Syire, mais aussi au Mali et en Centrafrique …) ; Précisément dans ce Yémen qui fait face à la Somalie sur l’autre rivage du Golfe d’Aden …

DE LA GUERRE CIVILE A LA GUERRE D’AGRESSION AMERICANO-SAOUDIENNE …

La guerre civile reprend alors en 2014, principalement entre les milices chiites houthis et le pseudo gouvernement central. Dans un Yémen où une partie bascule dans les mains djihadistes, qui se diviseront heureusement avec la naissance de « l’état islamique ». Le tournant sera le front uni en septembre 2014 entre les Houthis et … l’armée nationale sunnite, dont l’ex président Saleh a repris le contrôle. Le front uni s’empare de la capitale. Le gouvernement, avec l’aide des américains et des saoudien, se réfugie dans la capitale économique Aden, et y transfère la capitale politique. Las, début 2015, le front uni est dans les feaubourgs d’Aden et l’armée de Saleh en prend l’aéroport.

Le temps est alors venu pour les Saoudiens et les américains, qui perdent la main, de lancer une guerre d’agression directe en mars 2015, accompagnée de bombardements sauvages, de crimes de guerre. Ils empêchent alors la chute d’Aden. Téhéran, avec l’accord tacite de Moscou, arme et soutient le front yéménite, qui organise un « gouvernement d’union nationale », le Conseil suprême, en  septembre 2016. Sur la frontière, en territoire saoudien, une insurrection latente des populations chiites appuie les houthis.

LE DERNIER ACTE DE LA TRAGEDIE YEMENITE :

TRAHISON ET MORT DU PRESIDENT SALEH

L’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a été tué ce 5 decembre par des rebelles Houthis, quelques jours après la rupture de l’alliance entre les deux camps, à l’origine d’affrontements meurtriers dans la capitale Sanaa. Quelques jours seulement après que ce dernier ait tendu la main à l’Arabie saoudite. Les rebelles Houthis au Yémen ont déclaré que l’ex-président Ali Abdallah Saleh – avec lequel ils étaient entrés en conflit une semaine avant – avait été tué lors de combats dans la capitale Sanaa. « Le ministère de l’Intérieur (contrôlé par les rebelles) annonce la fin de la milice de la trahison et la mort de son chef (Ali Abdallah Saleh) et d’un certain nombre de ses éléments criminels », a dit la chaîne de télévision des Houthis, Al-Massira, en citant un communiqué. Une vidéo remise à un journaliste de l’AFP par les Houthis montrait le cadavre de ce qui semble être l’ancien président Saleh. La mort de l’ancien président, âgé de 75 ans, a été confirmée à l’AFP par Faïka al-Sayyed, une dirigeante de son parti, le Congrès populaire général (CPG). Dans un discours retransmis sur Al-Massira, Abdelmalek Al-Houthi, 38 ans, s’est félicité en soirée de « l’échec du complot », sans mentionner le sort de l’ex-président Saleh.

Ali Abdallah Saleh a présidé le Yémen pendant 33 ans avant de céder le pouvoir en 2012 sous la pression de la rue. Il s’était allié en 2014 avec les rebelles chiites Houthis, soutenus par l’Iran, pour prendre le contrôle de Sanaa avant d’annoncer ces derniers jours la rupture de cette alliance. Des responsables Houthis l’avaient ensuite menacé de mort. La crise entre Saleh et les Houthis pour le contrôle des finances et le partage du pouvoir, aggravée par des soupçons de contacts secrets entre l’ex-président et Ryad, a dégénéré dans la capitale yéménite qu’ils contrôlaient ensemble depuis plus de trois ans. Des combats ont éclaté entre ces alliés, faisant au moins 100 morts ou blessés de part et d’autre depuis mercredi dernier, selon une source sécuritaire et des sources hospitalières. Dans un coup de théâtre, M. Saleh s’était dit prêt ce 2 décembre à ouvrir « une nouvelle page » avec les Saoudiens qui étaient devenus ses ennemis ces dernières années.

C’est le dernier acte (provisoire) de la tragédie yéménite !

Luc MICHEL

NOTES ET RENVOIS :

(1) (2) Sur le processus de transition, au Belarus (où le président Lukashenko l’a arrêté), en Yougoslavie et en Libye notamment, j’ai donné récemment une longue analyse intitulée “Le Modèle du Belarus comme alternative à la Globalisation”, à Minsk, le 5 mai 2011, à l’occasion de la Conférence internationale “THE PROSPECTS OF THE EASTERN PARTNERSHIP”. Elle a été filmée pour PCN-TV et est disponible sur son site.

Cfr. International conference “The prospects of the Eastern partnership” – Minsk 5.05.2011 :

Conférence de Luc MICHEL (PART.1 – 2 – 3) reprise sur PCN-NCP-TV, sur “Le Modèle du Belarus comme alternative à la Globalisation”

http://www.dailymotion.com/video/xjjkaz_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-1_news

http://www.dailymotion.com/video/xjjlfo_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-2_news

http://www.dailymotion.com/video/xjjmbi_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-3-conclusion_news

(3) A lire en complément de cette analyse :

Luc MICHEL, GEOPOLITIQUE / YÉMEN : LE PROJET AMERICAIN DU « GRAND MOYEN-ORIENT » EN ACTION … 2e réédition

sur http://www.lucmichel.net/2013/07/07/luc-michel-focus-geopolitique-Yémen-le-projet-americain-du-grand-moyen-orient-en-action/

(4) Sur le processus de « somalisation » :

Luc MICHEL / FOCUS / GEOPOLITIQUE : SOMALIE 2013, NOUVELLES DU LABORATOIRE DU NOUVEL ORDRE AMERICAIN EN AFRIQUE ET AU « GRAND MOYEN-ORIENT »

Sur http://www.elac-committees.org/2013/03/22/luc-michel-focus-geopolitique-somalie-2013-nouvelles-du-laboratoire-du-nouvel-ordre-americain-en-afrique-et-au-%c2%ab-grand-moyen-orient-%c2%bb/

(Sources : EODEThink Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

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EODE-TV https://vimeo.com/eodetv

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 ‘AFRIQUE. LES AMÉRICAINS POUSSENT LES FRANÇAIS VERS LA PORTE DE SORTIE’

# LUC MICHEL SUR PRESS TV (IRAN)/ DANS ‘REPORTAGE’ (12 DEC. 2017):

# PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) INTERVIEWE LUC MICHEL :

‘AFRIQUE. LES AMÉRICAINS POUSSENT LES FRANÇAIS VERS LA PORTE DE SORTIE’

(12 DECEMBRE 2017)

sur https://vimeo.com/247047076

LM.PRESS TV - REPORTAGE usa vs françafrique (2017 12 12)

La présentation de PRESS TV :

« Les USA ont débarqué en Afrique par le biais de la France. Mais aujourd’hui, c’est presque à croire que les Yankees sont sur le point de pousser les Français vers la porte de sortie.

Comment les Américains compte-t-ils déstabiliser les régimes pro-français au pouvoir dans le continent noir ?

Luc Michel, géopoliticien, décrypte la situation. »

LUC MICHEL :

« COMME ENTRE LES USA ET L’UE, LA SUJETION MILITAIRE DE LA FRANCAFRIQUE A L’AFRICOM VIA L’OTAN, SE DOUBLE D’UNE GUERRE ECONOMIQUE DE WASHINGTON POUR EVINCER LES FIRMES FRANCAISES D’AFRIQUE. OU COMMENT TRUMP ENTEND PLUMER LE ‘SHERIF DE L’AFRIQUE’ FRANÇAIS QU’IL A LUI-MEME DESIGNE … »

L’explication géopolitique de Luc Michel :

« Les guerres au Sahel ou contre la Jamahiriya libyenne, comme celles avant contre l’Afghanistan et l’Irak, sans oublier celle contre la Syrie ba’athiste, et avant elles, la guerre d’Afghanistan contre les soviétiques et les « guerres de Yougoslavie » sont avant tout des « guerres contre la Grande-Europe », pour reprendre les termes du Général Von Lohausen, le géopoliticien allemand ami de Jean Thiriart. Une guerre menée par les collaborateurs « européens » de Washington, les politiciens de l’OTAN et de son appendice politique, la pseudo UE. Une UE qui a échangé un projet pacifique (« plus jamais de  guerre entre européens ») pour un environnement géopolitique chaotique et déstabilisateur, qui ne profite qu’à Washington, Tel-Aviv, leurs alliés « arabes » et quelques multinationales. La Françafrique, celle de Sarkozy et Hollandee, où la « nouvelle Françafrique 2.0 » de Macron, s’inscrivent dans la même perspective suicidaire. Ce sont les contradictions internes du Bloc impérialiste américano-occidental : sujétion géopolitique à Washington, guerres économiques entre USA et UE, entre USA et Françafrique … »

* Emission complète

‘Reportage’ du 12 déc. 2017

«Afrique: les Américains poussent les Français vers la porte de sortie»

sur https://vimeo.com/247047076 _______________

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DIVIDED STATES OF AMERICA  : ELECTION SENATORIALE TRES CONTROVERSEE EN ALABAMA

 

Luc MICHEL pour EODE/ 2017 12 12/

EODE - ELEC senatoriale alabama (2017 12 12) FR 2

« Sexe, Bible et “fake news”: une élection dans l’Alabama, au cœur du « Vieux Sud », captive l’Amérique » titre l’AFP.

Ce que ne dit pas l’agence para-gouvernementale française, c’est que cet élection dévoile le choc des deux Amériques, les « divided states of America » (1) : la conservatrice radicale de Trump et celle de la « Purple revolution » des Sorös-Clinton-Obama, cette « révolution de couleur » rampante (2) qui veut « dégager » Trump …

« DIVIDED STATES OF AMERICA » :

UNE ELECTION SENATORIALE EMBLEMATIQUE DE LA GUERRE AU SOMMET DE L’ESTABLISHMENT AMERICAIN

La guerre au harcèlement sexuel a déjà emporté un sénateur démocrate. Mais Trump appelle néanmoins à voter pour un candidat accusé d’agressions sexuelles

Sous le feu des critiques, un homme politique de l’Alabama a refusé, lui, de jeter l’éponge, et son obstination est désormais une source profonde d’embarras pour le Parti républicain et la Maison-Blanche : Roy Moore. Il se présente à l’élection qui, ce 12 décembre, choisira le successeur de Jeff Sessions, parti du Sénat pour devenir en janvier le ministre de la Justice de Donald Trump. L’homme aurait dû l’emporter facilement face à son rival démocrate, Doug Jones, mais les sondages donnent désormais les deux candidats au coude à coude.

Ancien haut magistrat très conservateur de l’Alabama, Moore est accusé d’agressions sexuelles commises jadis sur plusieurs femmes dont la plus jeune avait 14 ans au moment des faits.

S’il devait perdre le scrutin, sa défaite réduirait à 51 sièges sur 100 la majorité déjà ténue des Républicains au Sénat, raison pour laquelle Donald Trump s’est finalement résolu à le soutenir. Toutefois, une victoire ne réjouirait pas exagérément les Républicains qui, dans le climat actuel, ont d’ores et déjà jugé préférable d’ostraciser l’éventuel futur élu en le gardant à l’écart de toute fonction en vue, dans les commissions et ailleurs.

« LES HABITANTS DE L’ALABAMA EN ONT MARRE QU’ON LES ACCUSE DE SOUTENIR UN PEDOPHILE »

Mardi, ils devront envoyer au Sénat des Etats-Unis ce personnage controversé ou son adversaire démocrate Doug Jones, ancien procureur fédéral.

Depuis plus d’un mois, les médias américains leur rappellent qu’ils sont sur le point d’élire sénateur un homme accusé d’attouchements sur des mineures dans les années 1970: Roy Moore, ancien haut magistrat ultra-conservateur, lié au puissant lobby chrétien évangéliste (au cœur de l’électorat de Trump), qui a consacré sa vie à défendre la place de Dieu dans la justice et le gouvernement et s’est fait autrefois destituer pour avoir installé une statue des Dix Commandements dans le bâtiment de la cour suprême de l’Alabama.

Une victoire du démocrate serait un événement jamais vu ici depuis 1992, et réduirait la majorité républicaine dans la chambre haute du Congrès à peau de chagrin : de 52 à 51 sièges sur 100. Mais dans cet Etat du Sud, où Donald Trump remporta 62% des voix, voter démocrate est impensable pour la plupart des républicains, quand bien même ils croiraient les allégations contre le juge Moore, ce qui est loin d’être acquis. Roy Moore a tout rejeté en bloc et convaincu ses partisans que cette affaire n’était que “fake news” orchestrées par ses ennemis.

CAS DE CONSCIENCE : CROIRE OU NE PAS CROIRE

Le couple Wright, fringants retraités en baskets, rencontrés dans la banlieue huppée de Mountain Brook, en banlieue de Birmingham, a résolu son cas de conscience: ce sera Moore. “Je suis désolée, c’est seulement pour bloquer les démocrates”, dit Ann, 69 ans, à l’AFP. “Les gens doivent penser qu’on est horribles dans l’Alabama, qu’on soutient un pédophile. Bon, mais rien n’a encore été prouvé…” Neuf femmes ont affirmé que Roy Moore leur avait fait la cour quand elles étaient mineures. Il les abordait au centre commercial de sa ville, Gadsden, ou ailleurs. Deux disent avoir subi des attouchements, dont une à 14 ans. “Je ne sais pas quoi en penser”, continue Ann. “C’est vrai qu’à cette époque, beaucoup d’adolescentes sortaient avec des hommes plus âgés…”

De nombreux républicains pensent comme Ann. Et Roy Moore, après avoir plongé au moment des révélations du Washington Post, est revenu légèrement en tête des sondages

Quant à ceux qui croient les témoignages contre Roy Moore… une troisième voie existe: inscrire sur le bulletin de vote un nom tiers. C’est ce que fera Laura Strubel, 70 ans, qui a une seule chose à reprocher au démocrate: il est favorable au droit à l’avortement. “C’est dingue, je suis épuisée d’en entendre parler. Vivement que ça se termine”, soupire la retraitée.

TRUMP, BANNON ET LES DEMOCRATES :

« UN CHOIX ENTRE DONALD TRUMP ET HILLARY CLINTON » ?

A Gadsden, le centre commercial est toujours là, bondé deux semaines avant Noël. Il n’est pas difficile d’y croiser des gens connaissant Roy Moore. Linda Fain, bibliothécaire, a dîné autrefois avec les Moore. “C’est un homme bien”, jure-t-elle. Mais les jeunes ne sont pas aussi indulgentes vis-à-vis de comportements désormais considérés comme – au minimum – déplacés. Dans l’Alabama, le groupe des jeunes républicains a d’ailleurs rompu avec Roy Moore, quand le reste du parti serrait les rangs.

Au salon de coiffure, la gérante a 21 ans, une jeune femme assurée qui lève les yeux au ciel à la mention de Roy Moore. Emma Howell assure qu’il a brisé l’automatisme du vote républicain parmi sa génération. “Les gens se rendent compte qu’ils ne sont pas obligés de voter républicain”, dit-elle.

Il est indéniable que Roy Moore a malgré lui dopé l’enthousiasme des démocrates, jusque-là une espèce en voie de disparition dans le Sud. C’est pourquoi Stephen Bannon (extrême-droite ultra-réactionnaire), gardien autoproclamé du “trumpisme”, présente le scrutin de mardi comme « un choix entre Donald Trump et Hillary Clinton », particulièrement honnie localement. Et le risque politique explique que Donald Trump, après de longues tergiversations, ait fini par lancer un très clair: “votez Roy Moore !”

UN ENJEU NATIONAL

« Le sulfureux juge a réussi à transformer le débat sur sa moralité en référendum sur le soutien à Donald Trump, comente Le Figaro. Au Vietnam, les troupes l’avaient surnommé «Captain America». Officier dans la police militaire, Roy Moore était tellement acharné à lutter contre la drogue et l’indiscipline qu’il pensait que des soldats allaient essayer de le tuer. Il dormait sur des sacs de sable pour empêcher une grenade de rouler sous son lit. Le personnage qui se présente ce mardi au Sénat américain dans une élection partielle suivie par tout le pays n’a pas changé. À 70 ans, on ne fait pas plus controversé que le juge Roy Moore. Aux provocations qui lui avaient déjà valu une notoriété nationale se sont ajoutées ces dernières semaines des révélations scabreuses en contradiction avec sa morale affichée. Peu importe: il semble bien parti pour récupérer le fauteuil de Jeff Sessions, devenu ministre de la Justice. Certains sondages prédisent un résultat serré, mais ce serait un coup de tonnerre si le démocrate Doug Jones, qui traîne comme un boulet son soutien à l’avortement, l’emportait dans cet État du Sud profondément conservateur et religieux. »

Le Tea Party et bannon en embuscade : Engagé dans un combat de fond pour transformer le parti conservateur en force populiste sous la domination du Tea Party, Bannon a besoin d’une victoire exemplaire

En 2016, Donald Trump y avait écrasé Hillary Clinton avec près de 28 points d’avance (61,1 % contre 34,4 %). Un an plus tard, la sénatoriale de l’Alabama apparaît comme l’ombre portée de la présidentielle: une situation tout aussi inflammable, qui promet d’avoir un impact sur les législatives (de mi-mandat) de 2018 et la suite du mandat de Trump.

Les démocrates savent la mission quasi impossible. Face aux Blancs évangéliques (environ la moitié des électeurs), ils devront faire le plein chez les Noirs (environ un quart) et persuader des républicains de trahir leur camp. Mais, comme l’a noté Doug Jones en meeting samedi soir, il était tout aussi improbable qu’il neige à Birmingham début décembre. Or la ville était recouverte d’un voile blanc samedi. “Le temps du changement est arrivé”, a-t-il lancé. “Roy Moore a fait assez de mal comme ça à l’image de l’Alabama”.

(Sources : AFP – PCN-TV)

LUC MICHEL /

EODE – OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/

(1) Voir sur PCN-TV/

LUC MICHEL DIT TOUT SUR LE DESSOUS DES CARTES DE LA PRESIDENTIELLE AMERICAINE (SUR AFRIQUE MEDIA)

sur https://vimeo.com/197118984

(2) Voir sur PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) INTERVIEWE LUC MICHEL:

UNE REVOLUTION DE COULEUR EN AMERIQUE ? ‘PURPLE REVOLUTION’ LE ROI EST NU

sur https://vimeo.com/201248168

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# EODE ORGANISATION :

* EODE-TV :

https://vimeo.com/eodetv

* ЕВРАЗИЙСКИЙ СОВЕТ ЗА ДЕМОКРАТИЮ И ВЫБОРЫ (ЕСДВ)/ EURASIAN OBSERVATORY FOR DEMOCRACY & ELECTIONS

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GEOPOLITIQUE DE JERUSALEM (II): LA ‘QUESTION DE JERUSALEM’ AU CENTRE DE LA DIPLOMATIE VATICANE

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2017 12 12/

LM.GEOPOL - Geopol de jerusalem II (2017 12 12) FR 2

« L’observation des événements historiques, en particulier ceux des cinquante dernières années, montre l’émergence de ce qu’on appelle habituellement « la dimension politique » de Jérusalem, pour désigner la complexité des situations que soulèvent la question du contrôle du territoire et les actions menées pour l’obtenir »

– Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les relations avec les États.

« J’estime que la négligence dans la recherche d’une juste solution dans le problème de Jérusalem, de même que le renvoi résigné de ce même problème, ne font que compromettre le souhaitable règlement pacifique et équitable de la crise du Proche-Orient tout entier »

– Jean-Paul II (Redemptionis anno, 1984).

La confrontation est frontale entre la vision vaticane de Jérusalem et celle du Likud et de Trump. Une confrontation qui n’a rien de secondaire lorsqu’on connaît le poids géopolitique de la puissante diplomatie vaticane et celui politique de l’Eglise catholique dans le monde …

* Voir sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ GEOPOLITIQUE DU VATICAN : PUISSANCE POLITIQUE, POUVOIR SPIRITUEL, DIPLOMATIE INFLUENTE, LEADERSHIP, SOFT POWER MONDIAL …

sur http://www.lucmichel.net/2017/12/06/luc-michels-geopolitical-daily-geopolitique-du-vatican-puissance-politique-pouvoir-spirituel-diplomatie-influente-leadership-soft-power-mondial/

LM.GEOPOL - Geopol de jerusalem II (2017 12 12) FR 4

I- L’ORIENT AU CŒUR DE LA DIPLOMATIE VATICANE, JERUSALEM ET LES CHRETIENS D’ORIENT AU CENTRE DE L’ACTION DU VATICAN

À la fin de l’audience générale, ce mercredi 6 décembre au Vatican, le pape François, dont la diplomatie connaît bien le statut de « Ville-Monde » (1) de Jérusalem, a lancé « un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo » de Jérusalem, rappelant la position ininterrompue du Saint-Siège sur le sujet depuis 1947.

Avant les annonces de Donald Trump sur Jérusalem, le pape François a donc lancé mercredi 6 décembre un appel pour la Ville sainte, demandant « sagesse et prudence, pour éviter d’ajouter de nouveaux éléments de tension dans un panorama mondial déjà convulsif et marqué par tant de conflits cruels ». « Je ne peux taire ma profonde inquiétude pour la situation qui s’est créée ces derniers jours » autour de Jérusalem, a déclaré le pape à la fin de son audience général du mercredi, dans la salle Paul-VI, adressant « un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions de l’ONU à ce sujet ».

LE SAINT-SIÈGE NE RECONNAÎT PAS L’ANNEXION DE JÉRUSALEM-EST PAR ISRAËL

Le pape, à qui le président palestinien Mahmoud Abbas avait téléphoné la veille, a en fait rappelé ici la position ininterrompue du Vatican depuis 1947 sur Jérusalem. « La position du Saint-Siège est que toute revendication exclusive – qu’elle soit religieuse ou politique – est contraire à la logique véritable de l’identité de la Ville », expliquait Mgr Jean-Louis Tauran, le 26 octobre 1998 à Jérusalem. « Des revendications exclusives selon les critères numériques et historiques sont irrecevables », ajoutait celui qui était alors secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États.

« De fait, si le Saint-Siège se fait une règle de ne jamais entrer dans les contentieux territoriaux entre États, il ne reconnaît pas pour autant l’annexion de Jérusalem-Est par Israël, s’en tenant à la résolution du 20 août 1980 du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la proclamation par Israël de Jérusalem comme capitale « une et indivisible ». » Il ne cesse, depuis, de demander une « juste solution » pour Jérusalem. « Cela veut dire que les Israéliens et les Palestiniens, en collaboration avec tous ceux qui peuvent les aider, doivent arriver à un accord qui corresponde, en quelque sorte, aux aspirations légitimes et raisonnables de chaque partie, dans le respect des principes de justice », expliquait encore en 1998 Mgr Tauran.

POUR LE VATICAN ET L’EGLISE CATHOLIQUE, « LE CARACTÈRE SACRÉ DE JÉRUSALEM NE SE RESTREINT PAS AUX MONUMENTS »

En 2000, l’Accord fondamental signé entre le Saint-Siège et l’OLP précisera ces « principes de justice », rappelant la nécessité d’« un statut spécial pour Jérusalem », « garanti internationalement » et assurant « la liberté de religion et de conscience », « l’égalité devant la loi des trois religions monothéistes, de leurs institutions et de leurs fidèles dans la ville », « l’identité propre et le caractère sacré de la ville », « la signification universelle de son héritage religieux et culturel » et « la liberté d’accès et de culte pour les Lieux Saints ».

Pour autant, le Vatican ne saurait se satisfaire d’une « simple”extraterritorialité” des Lieux Saints, avec l’assurance que les pèlerins aient la liberté de les visiter sans entraves », comme le proposent le Likud et Trump. Pour lui, en effet, le « caractère sacré » de Jérusalem ne se restreint pas aux monuments « comme s’ils étaient séparés les uns des autres ou isolés dans leur communauté respective » mais « affecte Jérusalem dans sa totalité, ses Lieux Saints comme ses communautés avec leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs activités culturelles, sociales et économiques », insistait Mgr Tauran dans ce texte devenu, au Vatican, symbolique de sa position immuable.

LA VISION VATICANE DE JERUSALEM

Les textes pontificaux mettent tantôt l’accent sur certains points et tantôt en nuancent d’autres, ce qui est d’autant plus évident lorsqu’on prend en compte un laps de temps plus important. Ainsi distingue-t-on trois périodes (selon la diplomatie vaticane) :

  1. de 1887 à 1947 (la première guerre entre Arabes et Israéliens), les Papes parlent de la « Terre Sainte en général et de Jérusalem en particulier, en insistant principalement sur la nécessité de défendre l’intégrité physique des Lieux Saints et les besoins des catholiques sur place » ;
  1. de 1947 à 1964 (année du pèlerinage de Paul VI), « l’accent est mis sur la sauvegarde des Lieux Saints, la liberté d’accès pour les croyants des trois religions et le droit pour chacune d’entre elles d’avoir le contrôle de ses propre Lieux Saints » ;
  1. de 1964 à aujourd’hui, on insiste sur « des éléments replaçant Jérusalem dans un contexte global, dans la perspective de la protection de son identité et de sa propre vocation, comme les Lieux Saints, leurs alentours, le respect de toutes les identités culturelles et religieuses, la liberté de religion et de conscience pour les habitants et les pèlerins, la dimension culturelle ».

II- LA POSITION ACTUELLE DU SAINT-SIÈGE SUR LA « QUESTION DE JÉRUSALEM »

Ce 26 octobre, Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les relations avec les États, a prononcé un discours expliquant la position du Saint-Siège sur la « question de Jérusalem ». Il a pris la parole lors d’un symposium qui s’est tenu à Jérusalem les 26 et 27 octobre (2).

Que dit dans son discours de Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les relations avec les États :

« La cause de la Ville Sainte est depuis longtemps au centre des préoccupations du Saint-Siège, et elle est l’une de ses premières priorités pour l’action internationale, depuis que se pose la question de Jérusalem.

De fait, il y a un conflit, ou plutôt des conflits, à cause de Jérusalem et en son sein, tous liés à son caractère unique universellement reconnu. Elle est unique en elle-même, et ses conflits le sont également. Elle est différente de toute autre ville. L’introduction d’un livre publié en 1994 par d’éminents universitaires israéliens commence ainsi : « Jérusalem est différente de la plupart des autres lieux au moins à trois égards : la ville est sainte pour les fidèles de trois religions ; elle est l’enjeu des revendications nationales antagonistes de deux peuples ; et sa population est, pour une grande part, hétérogène » (…) Je pense qu’il est important de commencer tout d’abord par préciser, que, lorsque nous parlons de Jérusalem, la distinction faite habituellement entre « la question des Lieux Saints et la question de Jérusalem » est inacceptable pour le Saint-Siège. De toute évidence, les Lieux Saints tirent leur signification et leur identité culturelle et cultuelle de leurs liens intimes avec leur environnement, qui doit être compris non seulement en termes de géographie mais également et plus particulièrement dans ses composantes urbaines et architecturales et surtout en tant que communauté humaine, et dans sa dimension institutionnelle.

L’observation des événements historiques, en particulier ceux des cinquante dernières années, montre l’émergence de ce qu’on appelle habituellement « la dimension politique » de Jérusalem, pour désigner la complexité des situations que soulèvent la question du contrôle du territoire et les actions menées pour l’obtenir.

LA « DIMENSION POLITIQUE » DE JÉRUSALEM :

« EMPÊCHER QUE LA VILLE SAINTE NE DEVIENNE UN CHAMP DE BATAILLE, ET ENSUITE AFIN QU’ELLE NE DEVIENNE PAS, COMME DANS LA SITUATION ACTUELLE, UN CAS PATENT D’INJUSTICE INTERNATIONALE »

Ecoutons toujours Mgr Jean-Louis Tauran :

« La sollicitude exprimée dans les interventions pontificales et dans les autres documents du Saint Siège ne pourrait pas, et ne peut pas, passer sous silence cet aspect. Celui-ci est toujours présent, tout d’abord afin d’empêcher que la Ville Sainte ne devienne un champ de bataille, et ensuite afin qu’elle ne devienne pas, comme dans la situation actuelle, un cas patent d’injustice internationale. La situation actuelle a été établie et maintenue par la violence. Le Saint-Siège s’est élevé contre cela, et continuera à le faire avec force, sans atténuer ses propos, en soutenant constamment la position de la majorité de la communauté internationale, telle qu’elle est surtout exprimée, à juste titre, dans les résolutions des Nations Unies.

Depuis 1967, une partie de la Ville a été occupée militairement, puis annexée. Dans cette partie se trouvent la plupart des Lieux Saints des trois religions monothéistes. Jérusalem-Est est occupée illégalement. Il est donc faux de dire que le Saint Siège n’est intéressé que par le ou les aspects religieux de la Ville et passe sous silence l’aspect politique et territorial. Le Saint Siège est également intéressé par cet aspect et a le droit et le devoir de l’être, et surtout dans la mesure où la question est pendante et reste la cause de conflits, d’injustice, de violations des droits de l’homme, de restrictions de la liberté de religion et de conscience, de peurs et d’insécurité des personnes. Bien évidemment, la préoccupation immédiate et concrète du Saint-Siège est celle des questions religieuses, cependant les autres domaines – politique, économique, etc. – suscitent également son intérêt dans la mesure où ils ont une dimension éthique. Bien que le Saint-Siège ne soit pas compétent pour prendre part aux discussions territoriales entre Nations, ni pour prendre parti et chercher à imposer des solutions détaillées, il a cependant tout à fait le droit, et le devoir, de rappeler aux parties en présence l’obligation de résoudre pacifiquement leurs différends, en accord avec les principes de justice et d’équité, et dans le cadre du droit international. »

QUEL STATUT POUR JERUSALEM ?

« Dans le cas de Jérusalem, les deux aspects, religieux d’une part et politique et territorial d’autre part, sont intrinsèquement liés, bien qu’ils soient différents dans leurs éléments constitutifs, dans la manière de les aborder et d’arriver à une solution », dit encore Mgr Jean-Louis Tauran :

« Tout d’abord, il demande que Jérusalem soit respectée pour ce qu’elle est en elle-même, ou plutôt pour ce qu’elle devrait être, si l’on compare avec ce qu’elle est aujourd’hui.

C’est ce que je définissais tout à l’heure comme la vocation ou l’identité de la Ville Sainte. Jérusalem est un trésor pour toute l’humanité. Lorsqu’on voit la situation de conflit manifeste et la transformation rapide de la Ville Sainte, une solution unilatérale imposée par la force n’est pas, et ne peut pas être une solution.

La position du Saint-Siège est que toute revendication exclusive – qu’elle soit religieuse ou politique – est contraire à la logique véritable de l’identité de la Ville. Je dois le rappeler avec insistance : tout citoyen de Jérusalem et tout visiteur doit faire vivre le message de dialogue, de coexistence et de respect qu’évoque la Ville. Des revendications exclusives selon les critères numériques et historiques sont irrecevables.

Cela dit, je dois ajouter que rien ne peut empêcher Jérusalem, dans son caractère unique et exceptionnel, de devenir le symbole et le centre national de deux peuples qui la revendiquent comme capitale. Mais, si Jérusalem est sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, elle l’est aussi pour beaucoup de personnes dans le monde entier qui la considèrent comme leur capitale spirituelle et viennent ici en pèlerinage, pour prier et retrouver les racines de leur foi. C’est l’héritage culturel de tous, même de ceux qui y viennent simplement en touristes (…) »

« Le Saint-Siège pense donc qu’il faut trouver une solution réaliste aux problèmes de Jérusalem, dans leur ensemble, selon leurs propres caractéristiques.

Il y a tout d’abord un problème politique concernant Jérusalem, pour les Israéliens et les Palestiniens, qui est d’ordre essentiellement pratique. La Conférence de Madrid de 1991 et ses suites ont fait naître des espoirs de paix. Ces espoirs sont fondés sur une volonté de dialogue, de négociation et de recherche de compromis. Ces espoirs apparaissaient bien fondés, d’autant plus qu’ils reposaient sur l’engagement et les efforts d’une grande part de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis, comme les événements de Wye Plantation l’ont prouvé ces jours derniers. Espérons que les aspirations au dialogue et à la paix contribueront à réaliser ce qui a été convenu d’un commun accord.

Dans ce contexte, à la fois bien complexe et bien délicat, la question de Jérusalem a été reportée. On comprend que les difficultés et la diplomatie nécessaire aient jusqu’ici conduit à repousser la question de Jérusalem. Mais nous savons tous, et les Israéliens et les Palestiniens les premiers, que la paix et la coexistence en Terre Sainte et dans le Moyen-Orient n’ont pas d’avenir, tant que la question politique de Jérusalem ne sera pas résolue.

Que veut dire le Saint-Siège par une « juste solution » ? Cela veut dire reconnaître qu’actuellement la situation est conflictuelle. Cela veut dire que les Israéliens et les Palestiniens, en collaboration avec tous ceux qui peuvent les aider, doivent arriver à un accord qui corresponde, en quelque sorte, aux aspirations légitimes et raisonnables de chaque partie, dans le respect des principes de justice (…) »

UN STATUT GARANTI SUR LE PLAN INTERNATIONAL

« Pour le Saint-Siège, cependant, la solution du conflit territorial uniquement n’est pas suffisante pour Jérusalem, précisément parce que Jérusalem est une réalité unique : elle fait partie du patrimoine universel. Et le monde entier a montré qu’il en est totalement conscient, à travers par exemple les résolutions que les Nations Unies ont adoptées pour défendre ce patrimoine.

Pour Jérusalem, le Saint-Siège continue à demander qu’elle soit protégée par un statut garanti sur le plan international. Que veut-il dire par cela ? Selon les positions du Saint-Siège :

– les caractéristiques historiques, matérielles, aussi bien que religieuses et culturelles, doivent être préservées, ou plutôt, même, doit-on parler aujourd’hui de restauration et de sauvegarde de ce qui existe encore ;

– il doit y avoir égalité de droits et de traitements pour ceux qui appartiennent aux trois communautés religieuses fondées dans la Ville, dans un contexte de liberté des activités religieuses, culturelles, civiles et économiques ;

– les Lieux Saints situés dans la Ville doivent être protégés, et il faut y garantir les droits de liberté religieuse et de culte, et leur accès, aux habitants et aux pèlerins, qu’ils soient de la Terre Sainte ou de tout autre partie du monde.

Ce qui est en jeu, c’est la question essentielle de la garantie et de la protection de l’identité de la Ville Sainte dans son intégralité, dans chaque aspect. Ainsi, par exemple, la simple « extraterritorialité » des Lieux Saints, avec l’assurance que les pèlerins aient la liberté de les visiter sans entraves, ne serait pas suffisante. L’identité de la Ville comprend un caractère sacré qui n’est pas seulement le fait des sites individuels ou des monuments, comme s’ils étaient séparés les uns des autres ou isolés dans leur communauté respective. Le caractère sacré affecte Jérusalem dans sa totalité, ses Lieux Saints comme ses communautés avec leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs activités culturelles, sociales et économiques (…). »

« Il est essentiel que les parties en négociations prennent en compte de manière équitable et adéquate le caractère sacré et universel de la Ville. Ceci suppose que toute solution éventuelle soit soutenue par les trois religions monothéistes, à la fois au niveau local et au niveau international. En outre, lorsqu’elles sont proposées, les négociations doivent inclure la participation des défenseurs du processus de paix et celle d’autres parties invitées. Le Saint-Siège pense qu’il est important d’élargir la participation à la table des négociations, afin de s’assurer que tous les aspects du problème ont été pris en compte et d’affirmer que l’ensemble de la communauté internationale est responsable du caractère unique et sacré de cette Ville incomparable. »

NOTES :

(1) Sur le concept de « Ville-Monde »

Cfr. luc MICHEL, « LE CONCEPT DE JERUSALEM COMME « VILLE-MONDE », in LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ ENTRE GÉOPOLITIQUE, HISTOIRE, RELIGION ET IDEOLOGIE : GEOPOLITIQUE DE JERUSALEM, 2017 12 11,

sur https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/1164520317015718

(2) Symposium en présence des représentants des Conférences épiscopales, invités par Mgr Michel Sabbah, Patriarche latin de Jérusalem, pour un échange d’information sur le thème : « Jérusalem, ville sainte ».

Mgr M. Sabbah a rappelé le Mémorandum des Patriarches et Chefs des Communautés chrétiennes de Jérusalem sur « La signification de Jérusalem pour les chrétiens », publié en novembre 1994 ( DC 1995, n° 2108, p. 85-87).

D’autres points de vue ont été exposés par M. Fayçal Husseini, ministre en charge de Jérusalem à l’Autorité Palestinienne ; M. Haïm Ramon, député travailliste à la Knesset ; M. Harry Hagopian, Directeur du Bureau de Liaison du Conseil des Églises du Moyen-Orient ; le P. Majdi al-Siryani, prêtre et juriste, ainsi que le Métropolite Timothée au nom du Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem.

(Sources : AFP – La Croix – EODE Think-Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/

________________

* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :

WEBSITE http://www.lucmichel.net/

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* EODE :

EODE-TV https://vimeo.com/eodetv

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LES PYROMANES-POMPIERS DE L’ONU EN AVEUX : LA LIBYE LIVREE AUX GANGS ISLAMO-MAFIEUX EN 2011 !

 

ELAC & ALAC COMMITTEES/

2017 04 24/

http://www.elac-committees.org/

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Les pyromanes-pompiers,qui ont livré la Lybie de Kadhafi aux gans islamo-mafieux avec la résolution officialisan l’agression américano-occidentale de 2011, sont en aveux !

Vincent Cochetel, nommé en juin 2016 au poste d’envoyé spécial du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies pour la Libye et la Méditerranée centrale :

« Libye: tant qu’il y aura impunité, les migrants resteront vulnérables aux abus »

« Le trafic d’êtres humains se joint à d’autres trafics. On a affaire à des milieux hybrides où l’on fait aussi du trafic d’armes, du trafic de drogue, de pétrole frelaté, etc. Tout cela constitue un bon petit pactole qui permet d’acheter une protection. On a donc des milices qui font dans le multi-business et qui protègent les trafiquants impliqués dans divers types de trafics. On a entendu beaucoup de discours allant dans le sens de grands plans d’actions au niveau européen afin de casser le “business model” des trafiquants. Il faut vraiment un travail de police pour pister l’argent, comme s’il s’agissait de drogue ou de terrorisme ».

* Lire sur LLB :

http://www.lalibre.be/actu/international/libye-tant-qu-il-y-aura-impunite-les-migrants-resteront-vulnerables-aux-abus-entretien-5a2d6930cd7095d1cd5a782d

(attention Média de l’OTAN ! Lire avec esprit critique …)

ELAC WEBSITE

________________________

* Website :

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For Direct Democracy and Libyan Jamahiriya ! / Le Réseau de Résistance pour la Démocratie Directe et la Jamahiriya libyenne ! / СЕТЬ СОПРОТИВЛЕНИЙ ДЖАМАХИРИИ – За Прямую Демократию и Ливийскую Джамахирию!

ENTRE GÉOPOLITIQUE, HISTOIRE, RELIGION ET IDEOLOGIE : GEOPOLITIQUE DE JERUSALEM

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 12 11/

LM.GEOPOL - Geopol de jerusalem I (2017 12 11) FR 2

“A la fois capitale de l’Etat d’Israël et ville sainte pour les trois grands monothéismes, Jérusalem cristallise les tensions et les divisions présentes à plus petite échelle (étatique ou régionale). Pour comprendre les rivalités de pouvoir sur un territoire, fondement de l’approche géopolitique, il faut arriver à cerner les représentations des acteurs. C’est ainsi qu’une analyse géopolitique de Jérusalem devra d’abord se pencher sur la symbolique des lieux, sur ce que le territoire représente pour les différents acteurs, pour ensuite voir quels sont les stratégies et les rapports de force des groupes sur le territoire“
– L’Orient-Le Jour (Beyrouth, 2013).

“Trump n’a pas mesuré que Jérusalem est une ville-monde (…) L’esplanade des Mosquées et le mur des Lamentations, dans la vieille ville. Jérusalem est notamment le lieu de l’Apocalypse dans les trois religions juive, chrétienne et musulmane“
– Vincent Lemire, historien.

Pour Trump (1), la question de Jerusalem sa limite à la situation conjoncturelle actuelle : nouvel Axe géopolitique Washington – Tel-Aviv – Riyad et nouvelle Axe idéologique Likud – AIPAC -Administration Trump – Droite conservatrice américaine (2) (sur lequel il entend désarmer ses adversaires – la « Purple revolution » -, voir assurer sa réélection) (3).
Mais la géopolitique et la diplomatie internationale ne sont pas des scénarios électoraux de « spindoctors » ou des deals de businessmen. Trump méconnait la dimension géopolitique réelle de Jérusalem, « ville-monde » et ses implications …

I- ENTRE RELIGION ET IDEOLOGIES :
JÉRUSALEM, AU CARREFOUR DES TROIS RELIGIONS MONOTHÉISTES

« Depuis sa conquête par David, Jérusalem est à la fois la ville du Père, la ville du Fils sacrifié et la Ville sainte », commene le quotidien catholique français ‘La Croix’.

« COMMENT JÉRUSALEM EST-ELLE DEVENUE LA CAPITALE SPIRITUELLE DU MONDE JUIF ? »

« La Bible évoque Jérusalem pour la première fois en Gn 14,18, où il est question de Melchisédec, roi de Salem. Le sacrifice d’Isaac a eu lieu sur le mont Moria où fut établi plus tard le Temple de Jérusalem (Gn 22,2 et 22,14). C’est David qui, remarquant les atouts naturels et stratégiques du lieu, quitta Hébron, où il avait installé sa capitale, pour Jérusalem, après avoir battu les Jébusites installés là depuis des temps reculés (2 S 5,5-9). Il revint à Salomon, fils de David et de Bethsabée, de construire au Xe siècle av. J.-C. le premier temple de pierre. Les tribus montaient vers ce sanctuaire unique pour adorer le Dieu unique. Jérusalem devint ainsi de manière indissociable une capitale politique et religieuse où retentissait la voix des prophètes qui s’efforçaient de ramener le peuple au Seigneur Dieu ».

AU CŒUR DE LA VISION JUIVE DES JERUSALEM :
LE DISCOURS IDEOLOGICO-HISTORIQUE DE LA BIBLE

« Pour chaque juif pratiquant, la formule « l’an prochain à Jérusalem » est à la fois très concrète – ce sont des pierres, le temple fondateur et des lieux saints –, mais c’est aussi et surtout un élément majeur de la culture et de la spiritualité » explique l’historien Vincent Lemire. C’est le pivot central de la judéité. Depuis la destruction, en 70, par les armées romaines du temple qui abritait l’Arche d’alliance, c’est également le point de départ de la culture diasporique et, d’une certaine manière, son horizon, depuis la mise en place du projet sioniste à la fin du XIXe siècle » :

« Détruit par les Babyloniens en 587 av. J.-C., le Temple fut reconstruit après le retour des exilés libérés par Cyrus, roi des Perses. Mais la ville ne retrouva jamais son autonomie politique. Elle tomba sous l’influence des Grecs, puis des Romains qui, au coeur de l’été 70 apr. J.-C., décidés à écraser une révolte juive, détruisirent le Temple reconstruit par Hérode le Grand. Une seconde insurrection juive, en 132, aboutit à la destruction totale de la ville. Reconstruite sous le nom d’Aelia Capitolina, celle-ci sera dès lors interdite à la population juive. Menacé de disparaître, le judaïsme va se redéfinir, apprendre à vivre sans le Temple, autour de l’étude de la Torah et de la piété. Le souvenir de Jérusalem sera néanmoins, et jusqu’à aujourd’hui, entretenu, prenant une place importante dans la prière, imprégnant les rites et la vie. Et le 9 du mois Av, date symbolique de la destruction du Temple, deviendra un jour de jeûne ».

De la Jérusalem historique on passe alors à la « Jérusalem spirituelle » du Judaisme : « Puisque le Temple unique était détruit et la Ville sainte inaccessible, s’est également peu à peu développée parmi les juifs de la diaspora l’idée d’une Jérusalem « spirituelle ». Cité que Dieu s’est choisie, « lieu d’origine », « mère de toutes les nations », Jérusalem est le lieu de la promesse et du rassemblement des nations qui adoreront le même Dieu au temps de la venue du Messie attendu ». Selon le Talmud : « Le jour où le sanctuaire a été détruit ici bas, le Saint, béni soit-il, a juré de ne pas entrer dans la Jérusalem d’en haut avant la rentrée d’Israël dans la Jérusalem d’en bas ».

QUE REPRÉSENTE JÉRUSALEM POUR LES CHRÉTIENS ?

C’est à Jérusalem que l’empereur Constantin, dans la foulée de sa conversion au christianisme au IVe siècle, « fabrique un lieu saint majeur pour les chrétiens, quitte à concurrencer Rome », dit encore Vincent Lemire. « La tombe du Christ devient alors un symbole central pour les chrétiens. L’imaginaire chrétien, les icônes, les prières se focalisent sur ce qui devient petit à petit « la ville du Christ » :

« Tout le parcours de Jésus est une préparation à sa rencontre avec Jérusalem, où sa vie reçoit toute sa signification. Il y prend son dernier repas, veille dans le Jardin des oliviers, est crucifié sur le Golgotha, y est enterré… puis apparaît à ses disciples. C’est l’Évangile de Jean qui accorde le plus de place à Jérusalem. Jésus y monte plusieurs fois avec ses disciples pour célébrer la Pâque juive, fustigeant les marchands du Temple, guérissant le paralytique à la piscine de Bethesda, et l’aveugle de naissance qui se lave à la piscine de Siloé. Mais pour les quatre Évangiles, c’est à Jérusalem que s’accomplit le parcours de Jésus. Ce n’est pourtant que trois cents ans après sa mort que l’on tenta de repérer les lieux où il avait vécu, été crucifié et enseveli. Des voix – comme Eusèbe de Césarée ou Grégoire de Nysse – s’élevèrent alors pour rappeler que Jérusalem n’avait, pour les chrétiens , plus de signification théologique, puisque Jésus avait proclamé une rupture – le Royaume n’est plus enraciné dans une terre , mais dans la personne de Jésus, sa vie et son enseignement – mais aussi parce que la Jérusalem terrestre est trop terrestre et que notre Jérusalem est au ciel, comme le chante l’Apocalypse, que seule l’Église en est déjà l’image, dans l’attente de la Jérusalem nouvelle de la fin des temps. Ces voix restèrent alors isolées. »

« En 324, Constantin, empereur chrétien de tout l’Empire romain, avait en effet rendu son nom à Jérusalem, fait effectuer des fouilles, mis en valeur les lieux saints, construit des sanctuaires, et Jérusalem était ainsi devenue une ville de pèlerinage. Dans les siècles suivants, elle sera objet de désamour, surclassée par Constantinople et par Rome, avant de redevenir simplement pour les chrétiens la ville où l’histoire du salut a pris corps, l’Église mère de toutes les Églises, vers laquelle les chrétiens font pèlerinage ».

JERUSALEM ENJEU GEOPOLITIQUE, RELIGIEUX ET HISTORIQUE DES CROISADES

« La conquête de la ville sainte par les musulmans (en 635-638) conduit les chrétiens occidentaux à réagir militairement, explique l’historien Lemire. La plupart des croisades sont un échec, mais elles construisent l’imaginaire chrétien occidental :

Pour comprendre ce triple enjeu des Croisades (1095-1291), à la fois pour les Chrétiens et les Musulmans, il faut relire l’œuvre magistrale de René Grousset (4). De la prédication de la première croisade en 1095 à la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, le récit documenté et enlevé des multiples tentatives pour libérer les Lieux saints. René Grousset nous conduit de la prédication d’Urbain II à Clermont – en novembre 1095 – à ce 28 mai 1291 qui vit les 200.000 hommes du sultan El Achraf Khalil réduire les dernières défense de Saint Jean d’Acre, l’ultime bastion de ce qui avait été le Royaume franc d’Orient (dont la Palestine, le Liban et Chypre gardent les traces). Il raconte avec une clarté, une concision et une qualité de style admirables les neuf croisades qui jalonnèrent ces deux siècles extraordinaires dans l’histoire de l’Occident chrétien et de l’Islam. « Tout le monde est d’accord pour estimer que les ouvrages du grand orientaliste, qui avait été à toutes les sources possibles, tant du côté musulman que du côté chrétien, restent la référence ».

« ” L’ épopée des croisades” constitue malgré ses seulement trois cent pages une radioscopie au scalpel de la période. Idéal pour comprendre, s’imprégner de cette tranche historique du royaume franc de Jérusalem, dit un critique de Grousset. De la première croisade à la dernière, toutes les tribulations, les batailles, les négociations, les tractations, les trêves et le dénouement final catastrophique tout est relaté avec une certaine objectivité. Les Francs ne sont pas les persécuteurs et les musulmans de pauvres victimes. La mesure dans le traitement du sujet fait que l’on découvre les finesses, les lâchetés, les grandeurs d’âme de chacun des protagonistes. De grands hommes s’y croisent Godefroi de Bouillon, Saladin, Baudoin 4, Saint Louis. Le destin s’acharne sur des destinées qui auraient fait basculer l’histoire vers un autre versant. Comment imaginer la suite des évènements face à Saladin si Baudoin 4 avait vécu ? Ce qui est touchant, c’est la détermination de ces hommes enivrés d’un idéal, tandis que d’autres sont prêts à sacrifier leur femme et leurs enfants pour le pouvoir. Puis résonnent déjà il y a 1000 ans de cela les noms de Jaffa, Gaza, Jérusalem, Chypre.Un livre incontournable pour comprendre et apprendre à aimer cette période passionnante sur la géopolitique, l’histoire des hommes et peut être dans une certaine mesure appréhender notre époque. »

A noter encore que l’histoire tragique du Royaume franc de Jérusalem, de la puissance régionale à l’anéantissement et au rejet des « Francs » à la mer, obsède depuis deux décennies les historiens israéliens. Qui redoutent la même destinée pour l’état sioniste …

LM.GEOPOL - Geopol de jerusalem I (2017 12 11) FR 3

POURQUOI JÉRUSALEM EST-IL UN LIEU SAINT POUR LES MUSULMANS ?

Hormis la parenthèse du royaume chrétien, Jérusalem a été une ville musulmane de 638 jusqu’à la chute de l’Empire ottoman, en 1917. « Du point de vue de l’islam, c’est à Jérusalem que l’on trouve le plus ancien monument de la religion musulmane, le dôme du Rocher, construit à la fin du VIIe siècle, 60 ans seulement après la mort de Mahomet. La conquête de la ville en 635-638 est un acte majeur de la construction identitaire de l’islam dans le monde arabe. En dehors des lieux saints musulmans qui s’y trouvent, c’est aussi ici qu’ont été forgés les éléments structurants de la théologie musulmane qui régissent les rapports entre chrétiens et musulmans et qui précisent les différences majeures entre les deux religions, comme le refus du concept de la Sainte-Trinité », dit aussi explique l’historien Vincent Lemire :

Si Jérusalem fait partie des villes saintes de l’islam, elle n’occupe que la troisième place, derrière La Mecque et Médine. « Au début de sa prédication, Mohammed se tournait vers Jérusalem pour prier. Il aurait alors vécu une expérience mystique qui l’aurait transporté de La Mecque à Jérusalem, où aurait eu lieu son ascension aux cieux », explique La Croix. Le Coran se fait l’écho de ce voyage mystique dans un passage devenu, pour toute la tradition musulmane, le fondement de son attachement à Jérusalem. C’est le début de la sourate 17 : « Gloire à celui qui a fait voyager de nuit son serviteur de la Mosquée sacrée (al masjid al harâm) à la mosquée très éloignée (al masjid al aqsâ) dont nous avons béni l’enceinte. » Le nom de Jérusalem n’est pas cité. Mais la tradition a identifié le lieu de ce voyage nocturne avec le mont du Temple. Quand l’islam est devenu une religion autonome, les fidèles vont se tourner vers la Ka’ba de La Mecque pour leurs prières rituelles. Jérusalem perd alors de sa primauté, mais pas de son importance qui va s’affirmer quand en 638, la ville, alors exclusivement peuplée de chrétiens, sera conquise par le calife Umar. L’islam, qui s’affirme héritier du judaïsme et du christianisme, marquera alors la ville de ses propres références, soulignant ainsi qu’une nouvelle religion avait repris le flambeau. Durant le Moyen Âge, toute une littérature va glorifier Jérusalem – la ville noble, « la sainte maison de l’islam », « la résidence royale d’Allah ». « Venez à la ville du Sanctuaire, priez-y, car c’est le lieu de la Résurrection. » Depuis, les musulmans du monde entier attendent le moment de reprendre dans la paix le chemin de la Ville sainte. »

II- LE CONCEPT DE JERUSALEM COMME « VILLE-MONDE »

« Trump n’a pas mesuré que Jérusalem est une ville-monde » … Pour l’historien Vincent Lemire, auteur d’un livre sur la ville (5), le président américain a « provoqué un court-circuit politique, historique et religieux », explique-t-il au Point (Paris, 7 déc. 2017).

À la suite de la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y déménager l’ambassade américaine, l’historien évoque pour Le Point la symbolique de la ville.

Il commence par expliquer en quoi Jérusalem est un symbole qui dépasse les enjeux du conflit israélo-palestinien :
« C’est un symbole qui dépasse évidemment les enjeux géopolitiques du moment et les signaux que Donald Trump souhaite envoyer à sa base électorale (les chrétiens évangélistes) et au gouvernement israélien. En touchant au statut juridique de la ville, le président américain fracasse le droit international, provoque une sorte de court-circuit historique et remet en cause le statu quo sur les lieux saints. Jérusalem est en effet la seule ville au monde dont le statut est encadré par l’ONU depuis les origines de l’organisation internationale. Mais c’est aussi une ville-symbole depuis plusieurs millénaires. C’est la seule ville au monde qui concentre les lieux saints des trois grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam. Ce n’est pas Rome, ce n’est pas La Mecque, c’est le berceau commun des religions du livre. C’est vers Jérusalem que se tourne Abraham lorsqu’il cherche la terre promise. C’est à Jérusalem que Jésus est crucifié. C’est vers Jérusalem que prie Mahomet au début de sa prophétie. Les trois religions ont d’ailleurs partagé plusieurs lieux saints comme la tombe de David, vénérée aussi bien par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Jérusalem est aussi le lieu de l’Apocalypse dans les trois religions. Et Trump n’a sans doute pas mesuré qu’au-delà de ses déclarations c’est à cela qu’il touche ».

LA DIMENSION IDEOLOGIQUE DE JERUSALEM POUR LES PALESTINIENS

La ville est au cœur du projet politique de l’OLP dès sa création, en 1964 :
« Pourquoi et comment ce symbole religieux s’est-il transformé en enjeu politique ?
C’est à Jérusalem que se constituent les premiers mouvements nationalistes palestiniens dans les années 1900-1920. C’est aussi le lieu des premiers affrontements entre nationalistes arabes et sionistes en 1929-1930. Pour l’ensemble du monde arabe, Jérusalem reste un enjeu majeur qui dépasse les symboles religieux. Pour les Palestiniens, c’est bien plus encore. C’est la capitale naturelle de la Palestine. La ville est au cœur du projet politique de l’OLP dès sa création, en 1964. C’est d’ailleurs à Jérusalem-Est que Yasser Arafat crée son mouvement et pose comme première revendication après la constitution d’un Etat la reconnaissance de Jérusalem comme capitale. C’est aussi à Jérusalem qu’ont commencé les intifadas de 1936, de 1987 et de 2001 », ; explique Vincent Lemire.

LA DIMENSION IDEOLOGIQUE DE JERUSALEM POUR LE SIONISME ET LES ISRAELIENS

Pour l’État d’Israël, le rôle de Jérusalem dans la vie politique est évident :
« De 1967 aux années 1980, les gouvernements successifs gardent une attitude encore prudente sur le sujet. Mais, aujourd’hui, le Likoud et la droite religieuse – qui est maintenant au cœur de la vie politique israélienne et participe au gouvernement – utilisent cette remise en tension des lieux saints pour faire avancer leurs positions politiques », dit l’historien Lemire.

Ajoutons que le Likoud a pour origine la fraction fasciste du mouvement sioniste, les « révisionnistes » de Jabotinski, grand admirateur de Mussolini. Dont la vision idéologique et géopolitique repose sur une vision géohistorique maximaliste de la lecture de la Bible, celle du « Grand Israël du Nil à l’Euphrate », aux « murailles d’acier » (le militarisme sioniste), avec « Jerusalem pour capitale éternelle »

LES DROITS HISTORIQUES DE LA FRANCE SUR JERUSALEM

Il convient de ne pas oublier cet aspect de la Question de Jérusalem :
« En quoi la France a-t-elle encore son mot à dire sur Jérusalem ? En 1535, Soliman le Magnifique et François Ier (Ndla : l’alliance géopolitique, dite « de revers » dans le conflit entre Paris et les Habsbourgs, entre le Grand Turc et le Roi très chrétien) ont signé les Capitulations qui accordaient à la France un rôle particulier dans la protection des lieux saints catholiques, de concert avec la Custodie des franciscains. Aujourd’hui encore, le consul de France est le dépositaire de ce droit. Lorsqu’il entre dans la vieille ville, il y a tout un cérémonial, un rituel, qui ne relève pas du folklore mais qui rassure aussi les communautés chrétiennes catholiques. Le fait que la France soit un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU renforce évidemment ces prérogatives. »

NOTES

(1) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ RECONNAISSANCE DE JERUSALEM COMME CAPITALE D’ISRAEL: TRUMP LACHE SA BOMBE GEOPOLITIQUE SUR LE PROCHE-ORIENT !

sur http://www.lucmichel.net/2017/12/07/luc-michels-geopolitical-daily-reconnaissance-de-jerusalem-comme-capitale-disrael-trump-lache-sa-bombe-geopolitique-sur-le-proche-orient/

(2) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ CRISE DE JERUSALEM : LES SAOUDS COMPLICES DE TRUMP ET DU LIKOUD ISRAELIEN !?

sur http://www.eode.org/luc-michels-geopolitical-daily-crise-de-jerusalem-les-saouds-complices-de-trump-et-du-likoud-israelien/

(3) Voir sur PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) INTERVIEWE LUC MICHEL: UNE REVOLUTION DE COULEUR EN AMERIQUE ? ‘PURPLE REVOLUTION’ LE ROI EST NU

sur https://vimeo.com/201248168

(4) René Grousset (1885-1952), de l’Académie française, est toujours considéré comme le plus grand historien de l’Orient, proche et extrême :

Cfr. sa monumentale et prestigieuse HISTOIRE DES CROISADES ET DU ROYAUME FRANC DE JÉRUSALEM, en trois volumes, que Perrin a rééditée en 1991 ; Et son Epopée des croisades, 1936, plusieurs rééditions en poche, une synthèse destinée naturellement à un plus vaste public, qui devint, elle aussi, un classique dont chaque ligne est précieuse.

(5) Vincent Lemire (Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée), JÉRUSALEM : HISTOIRE D’UNE VILLE-MONDE, Champs-Flammarion.

(Sources : AFP – La Croix – Le Point – EODE Think-Tank)

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